Déambuler à l’intérieur de la charpente de Notre-Dame de Paris sera bientôt possible – enfin presque. Voici le défi annoncé par l’association Restaurons Notre-Dame et son président d’honneur Pascal Jacob, 66 ans. L’hyperactif spécialiste du bois s’est en effet ému d’un paradoxe. La reconstruction de la charpente de Notre-Dame, brûlée lors de l’incendie d’avril 2019, a passionné les Français, or celle-ci, refaite grâce aux mille chênes français coupés, demeurera totalement invisible, car couverte par la toiture et inaccessible aux visiteurs.
Autrement dit, le public a espéré, attendu, et pour partie financé grâce à ses dons, une réfection dont il ne pourra jamais profiter. Pascal Jacob, ayant récemment quitté la direction de l’entreprise familiale nivernaise de charpente fondée par son arrière-grand-père, a décidé de remédier à la contradiction en lançant ce projet grandiose : construire une réplique exacte de la charpente de Notre-Dame, mêmes dimensions, mêmes bois et selon les mêmes gestes, et l’installer dans un lieu accessible où tous pourront l’admirer et même s’y promener.
La maquette en taille réelle
Après avoir visité une dizaine de sites en France, le choix de l’association s’est porté sur Mont Givre, dans la commune de Pougues-les-Eaux, département de la Nièvre. C’est là, à sept kilomètres de la ville de Nevers, à proximité de la forêt de Bertranges, première forêt de chênes d’Europe, que sera posée sur une colline à 300 mètres d’altitude, la maquette en taille réelle de la structure soutenant le toit de la cathédrale parisienne, cet hallucinant assemblage de chênes qu’on nomme communément « la forêt ».
Surplombant les alentours, le chantier est prévu en trois phases. Dès 2026, construction de la flèche de Viollet-le-Duc avec ses 80 mètres de hauteur et ses transepts. Celle-ci devrait être achevée en 2029, et ouvrira alors ses portes au public, qui profitera également de l’installation d’un espace pédagogique attenant. La réplique de la flèche sera équipée d’un ascenseur emmenant les curieux jusqu’à vingt-huit mètres de hauteur. Ensuite, à compter de 2029 seront fabriquées les maquettes, toujours en taille réelle, des charpentes médiévales, soit celles couvrant dans la cathédrale parisienne sa nef, le chœur et l’abside. « La deuxième phase se déroulera sous la forme d’un chantier vivant, un chantier spectacle. Trente Compagnons du Tour de France travailleront chaque jour sur place, et les visiteurs pourront observer leurs gestes, découvrir une taille à l’herminette, un piquage, un traçage, contempler leur pratique de gestes centenaires », s’enthousiasme Pascal Jacob.
Ensuite, troisième et dernière partie du chantier : la fabrication de la charpente des deux beffrois. Le beffroi Sud sera fait selon une structure métallique, équipée là aussi d’un ascenseur qui hissera les visiteurs à 37 mètres de hauteur, d’où ils pourront regarder la fabrication en bois cette fois de la charpente du beffroi nord.
L’association Restaurons Notre-Dame cherche aujourd’hui 16 millions d’euros de mécénat pour financer la première étape. La maquette en taille réelle de la forêt de Notre-Dame de Paris devrait contribuer à dynamiser le département de la Nièvre, en attirant vers ce chantier inédit des visiteurs. « Le projet nous permettra aussi de tordre le cou aux fausses informations sur nos ressources en bois, ajoute Pascal Jacob, car contrairement à ce qu’on dit, la France dispose de bois en abondance, elle n’utilise chaque année que la moitié de ses ressources. Figurez-vous qu’en deux heures de temps, la croissance de tous les chênes de notre pays produit l’équivalent de toute la charpente de la cathédrale ». Deux heures de bois pour mille ans d’histoire. Et un chantier pharaonique.
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Author : Emilie Lanez
Publish date : 2025-10-13 16:30:00
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