La Russie suit de près les activités des opposants à la guerre en Ukraine, même au-delà de ses frontières. Mardi 14 octobre, le service de renseignement russe FSB a annoncé l’ouverture d’une enquête contre 23 dissidents en exil qui forment le « comité russe antiguerre ».
Le Kremlin accuse le groupe de chercher à renverser le gouvernement et de former une « organisation terroriste », selon Reuters. Le comité antiguerre a été fondé en 2022 par le magnat du pétrole Mikhail Khodorkovsky – qui a passé dix ans en prison pour des motifs politiques selon ses avocats – en opposition à l’invasion de l’Ukraine.
Les « ennemis de l’étranger »
L’ouverture de cette enquête n’a rien de fortuit. Elle intervient quelques jours après l’annonce par le Conseil de l’Europe de la mise en place d’une « plateforme de dialogue avec les forces démocratiques russes en exil ». L’institution, indépendante de l’Union européenne et qui réunit 46 pays, veut ainsi permettre à un groupe de participants d’échanger avec elle sur des « questions d’intérêt commun ». Les personnes choisies devront, entre autres, « reconnaître la souveraineté de l’Ukraine, son indépendance et son intégrité territoriale » et « œuvrer pour un changement de régime » en Russie, écrit le Conseil de l’Europe dans un communiqué.
La FSB n’a pas attendu que le Conseil de l’Europe sélectionne et annonce les membres de cette plateforme pour réagir. Le service de renseignement a accusé l’organe intergouvernemental de vouloir « installer une alternative aux structures de pouvoir » en Russie, rapporte le New York Times. Interrogé par Reuters sur l’opportunité pour le comité antiguerre d’utiliser la plateforme de dialogue pour prendre le pouvoir en Russie, le porte-parole du Kremlin a indiqué qu’il y avait « des ennemis du pays au sein du pays et des ennemis à l’étranger ». « Ils se livrent à des activités hostiles, et nos agences prennent donc les mesures nécessaires », a poursuivi Dmitri Peskov.
D’anciens conseillers du Kremlin en exil
La décision du FSB est à la fois un avertissement pour l’opposition russe à l’étranger et pour toute tentative occidentale de les reconnaître officiellement. Pour Mikhail Khodorkovsky, l’émergence d’une opposition coordonnée et organisée inquiète Vladimir Poutine, qui craint qu’elle ne le remplace un jour. « Le principal danger pour le Kremlin et pour Poutine est le suivant : qu’en cas de transition de pouvoir, ce groupe devienne l’une des alternatives légitimes au Kremlin », a déclaré à Reuters celui qui vit désormais en exil à Londres (Royaume-Uni).
Le comité russe antiguerre rassemble plusieurs personnalités de la société civile, tels que des politiques en exil ou des professeurs de droit, détaille le New York Times. Certains ont même conseillé le gouvernement russe avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Parmi eux, Mikhail Kasyanov, ancien premier ministre de Vladimir Poutine de 2000 à 2004, le doyen de la London Business School et économiste Sergeï Guriev, ou encore Iekaterina Schulmann, politologue. Le groupe n’a pas émis d’appels publics à la violence, précise le journal américain.
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Publish date : 2025-10-17 06:00:00
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