On le sait : la langue française doit beaucoup au latin et au grec. On le sait aussi : les deux langues auxquelles elle a le plus emprunté sont, dans cet ordre, l’anglais et l’italien. On le sait moins : elle a également puisé dans dets lexiques bien plus exotiques.
Ainsi, l’Afrique nous a offert plusieurs noms d’animaux, du chimpanzé au gnou en passant par l’okapi. Nous lui devons également la banane, dénommée au XIIIe siècle « pomme de paradis », tant son goût était jugé extraordinaire (« pomme » avait alors le sens général de fruit).
Poursuivons notre mini-tour du monde par les langues polynésiennes, où nous avons adopté paréo, tabou, tatouer et vahiné, tandis que boomerang, kangourou et koala nous arrivent d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
En Asie, le japonais nous a donné bonsaï, judo, bonze, hara-kiri, kamikaze et karaoké ; le mandarin, litchi, thé ou wok. La sarbacane, quant à elle, nous vient du malais, et ce à l’issue d’un singulier voyage. Voyez plutôt : le terme local, sumpitan, a d’abord transité par le persan, l’arabe et le castillan, où il a pris la forme cerbatana. Il a ensuite traversé les Pyrénées, où il s’est mué en sarbatane, avant de devenir notre sarbacane, sans doute par association d’idées entre cette petite arme semblable à un bâton et une canne. Le tibétain, de son côté, nous a transmis le polo (de pulu, balle) et le lama. Mais attention ! Dans ce dernier cas, il s’agit de « l’homme supérieur » et non de l’animal homonyme, dont le nom est pour sa part issu du quechua.
Très habile transition pour vous parler des mots venus d’Amérique latine, sachant que ce sont souvent les langues des colons qui ont servi d’intermédiaire. Nous sommes ainsi passés par l’espagnol pour adopter cannibale, chocolat, ouragan, patate ou tomate.
Il en est de même pour le tabac, que les Espagnols ont emprunté aux Arouaks d’Haïti, île où il désignait le tuyau dont on servait pour aspirer la fumée. Reste à savoir par quels méandres les conquistadors sont passés pour partir du nom local, tsibatl, et arriver à tabaco. Si vous voulez mon avis, ils n’avaient pas dû se contenter de fumer des produits licites…
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Author : Michel Feltin-Palas
Publish date : 2025-10-18 07:30:00
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