L’Express

Thomas Chatterton Williams (The Atlantic) : « Le mouvement woke semblait irrésistible, mais il s’est rapidement effondré »

Thomas Chatterton Williams (The Atlantic) : « Le mouvement woke semblait irrésistible, mais il s’est rapidement effondré »

C’est un été durant lequel des milliers de personnes sont descendues dans la rue, en pleine pandémie, pour protester contre les violences policières et le « racisme systémique ». Un été où l’on a vu des individus s’agenouiller pour se repentir publiquement de leur « privilège blanc », et des émeutes mettre le feu aux poudres aux villes américaines. Dans le brillant Summer of Our Discontent (Knopf, à paraître en français chez Grasset en 2026), Thomas Chatterton Williams revient sur cette période turbulente ayant suivi la mort de George Floyd, qui a marqué l’acmé du mouvement Black Lives Matter comme des idées woke en général. Cinq ans plus tard, Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche et la cancel culture est passée de gauche à droite…

Ecrivain, journaliste pour The Atlantic et professeur invité au Bard College, Thomas Chatterton Williams est l’un des meilleurs commentateurs des guerres culturelles qui secouent son pays. Pour L’Express, ce centriste qui vit entre New York et Paris revient sur le pic du wokisme et sur le rapide retour de bâton trumpiste, s’inquiétant de ce « moment très dangereux » que traverse actuellement son pays. Critique des dérives identitaires, il ironise cependant sur l’idée que la France aurait, elle aussi, été woke. Entretien.

L’Express : Pourquoi vous semblait-il important de revenir sur l’été 2020 et sur la période qui a suivi la mort tragique de George Floyd ?

Thomas Chatterton Williams : Dans le livre, je commence par revenir sur la victoire de Barack Obama en 2008, qui explique pourquoi les gens étaient, en 2020, si préoccupés par les questions de racisme. Quand Obama est entré dans la Maison-Blanche, beaucoup se sont dit que la question raciale était résolue, que nous allions basculer dans une société post-raciale. Mais une seule personne ne pouvait bien sûr pas résoudre tous ces problèmes. On a cru que le projet libéral allait atteindre son apogée durant les deux mandats d’Obama, mais des Noirs ont continué à être tués par la police et la crise financière a accentué la pauvreté.

Cette déception a alimenté les mouvements de masse pour la justice raciale, qui ont vu le jour après les morts de Trayvon Martin en 2012 et de Michael Brown en 2014. Mais, à droite, il y a aussi eu une frustration de voir que tout le monde progressait sauf les Blancs des classes populaires. Cela a conduit à la victoire de Donald Trump en 2016 et au rejet d’Hillary Clinton, qui aurait pu devenir la première femme présidente des Etats-Unis.

La pandémie du Covid-19 a-t-elle joué un rôle dans cet été 2020 marqué par l’explosion du mouvement Black Lives Matter ?

Avant le Covid-19, tout le monde avait déjà les yeux rivés sur les écrans et les réseaux sociaux. Tous ces mouvements sociaux profonds étaient donc en cours. Mais durant la pandémie, les personnes se sont retrouvées bloquées par ce coronavirus inconnu. A droite, certains se sont rebellés contre le confinement. Et puis, tout d’un coup, on a vu cette terrible vidéo montrant l’agonie de George Floyd. Du jour au lendemain, les mêmes personnes à gauche qui affirmaient que, pour des raisons sanitaires, il était mauvais de descendre dans la rue pour manifester sont descendues dans la rue pour manifester contre le racisme. Au-delà de la question de la justice raciale, il y avait aussi une vraie frustration face à la pandémie. Mais la mort de George Floyd a fourni à ces militants une cause juste permettant une sorte d’état d’exception. Par ailleurs, il fallait alors s’opposer à la possible réélection de Trump, perçue comme l’avènement du fascisme. Ces trois éléments, la pandémie, le réveil racial déclenché par l’épouvantable vidéo de George Floyd et l’idée que Donald Trump devait être battu se sont réunis, rendant cet été si explosif, non seulement aux Etats-Unis, mais aussi ailleurs, comme en France.

On a beaucoup comparé ce mouvement à un phénomène religieux, avec des scènes étonnantes de repentir collectif…

Toutes les sociétés occidentales sont confrontées, à des degrés divers, à l’absence d’une croyance généralisée en Dieu. La justice sociale, l’antiracisme ou la libération des minorités sexuelles ont pu remplacer, de manière laïque, ce type de foi. En Amérique en particulier s’est développée une histoire qui ressemble beaucoup au christianisme, avec un péché originel, la blanchité, qu’il faudrait surmonter par des actions montrant que vous êtes l’un des élus qui sera sauvé et pardonné, en ayant rejeté ce péché originel. George Floyd est devenu une sorte de figure christique. Et puis il y a eu les rituels. Après la mort de George Floyd, il y a eu une pression immédiate dans le monde de l’art ou d’autres secteurs pour publier un carré noir sur Instagram. Il fallait suivre le mouvement.

Vous vous êtes alors opposé à des figures intellectuelles de la théorie critique de la race, comme Ibram X. Kendi ou Robin DiAngelo. Vous leur avez notamment reproché de ne pas reconnaître que des vrais progrès ont été effectués pour arriver à une société plus égalitaire du point de vue ethnique…

Les taux de pauvreté des Noirs aux Etats-Unis avaient atteint un niveau historiquement bas en 2019. ll est important de prendre en compte ces améliorations. On a beaucoup insisté sur le le fait que les Noirs sont tués de manière disproportionnée par rapport à la taille de leur population. Mais il ne faut pas oublier qu’en 2019, selon les statistiques du FBI, sur 2 906 homicides ayant coûté la vie à une personne noire, l’immense majorité des meurtres, 2 574, ont été perpétrés par des délinquants noirs, le tout dans une nation de plus de 335 millions d’habitants. La plupart des victimes de violences, dans tous les groupes ethniques, sont attaquées par des personnes du même groupe ethnique qu’elles.

Par ailleurs, tout mouvement souhaitant s’attaquer aux violences policières, plutôt que de traiter le problème sous l’angle de l’identité, devrait en faire une critique universelle de la violence policière. Aux Etats-Unis, plus de Blancs sont tués chaque année par la police que dans toute l’Union européenne réunie. La police américaine est trop violente, et tout le monde devrait s’opposer au fait qu’elle tue des personnes non armées, qu’elles soient blanches, noires ou amérindiennes. Si on ne se focalise que sur la question raciale, on oublie qu’en 2016, un homme blanc est mort presque exactement de la même manière que George Floyd, que cela a été filmé et que personne ne s’en est soucié. Nous devrions tous nous indigner pour les deux.

Enfin, on a à l’époque aussi complètement nié le fait que la pauvreté a représenté un facteur important dans la mort de George Floyd. Il a été arrêté à cause d’un faux billet de banque que la grande majorité des Noirs n’aurait jamais possédé. Après son meurtre, des personnalités afro-américaines très élitistes ont affirmé qu’elles aussi étaient en danger, ignorant le fait qu’aucun Noir bourgeois n’est menacé par la police. Les Blancs qui sont tués par des policiers sont eux aussi presque toujours pauvres. Il y a donc une insécurité liée à votre condition sociale. Mais une élite s’est approprié les difficultés de personnes comme George Floyd. Au nom de sa mort, des gens ont demandé à ce qu’on engage plus d’acteurs noirs à Hollywood, ou plus d’étudiants noirs à Harvard. La conséquence, c’est que beaucoup de Blancs ont été moins sensibles aux problèmes, réels, du racisme en Amérique.

Ceux qui militaient pour se débarrasser de la police étaient des progressistes blancs vivant dans des quartiers sûrs

A quel point l’idée alors en vogue de « définancer la police » a-t-elle eu des conséquences désastreuses ?

Des villes ou quartiers ont expérimenté cette idée folle de tenter de supprimer les budgets de la police ou de les remplacer par des programmes communautaires. A Minneapolis, en novembre 2020, les homicides et les fusillades avaient explosé de 50%. Une partie du problème provenait du fait que les policiers étaient démoralisés et peu disposés à faire leur travail. Or les personnes qui en ont subi les conséquences étaient précisément les populations les plus pauvres, alors que ceux qui militaient pour se débarrasser de la police étaient des progressistes blancs vivant dans des quartiers bien plus sûrs.

Selon vous, le retour de bâton après les excès de cette période a contribué à la victoire de Donald Trump en 2024. Vraiment?

L’élection de 2024 était serrée, avec une nation très divisée. La principale raison pour laquelle Trump est revenu, c’est que Joe Biden a pris une décision terrible en voulant se représenter malgré son âge et son déclin cognitif. Cela a nui à Kamala Harris, qui n’a pas eu le temps de mener une vraie campagne et qui n’était pas populaire au départ. Mais il faut ne faut pas oublier que Trump a augmenté son soutien dans toutes les catégories ethniques, sauf chez les Blancs. On simplifie souvent en affirmant qu’il est raciste et que les Blancs le soutiennent, mais la situation est bien plus complexe. Beaucoup d’Américains, en particulier les Américains moins éduqués, n’ont pas partagé la vision de la justice sociale à laquelle les démocrates étaient associées. L’équipe de Trump a par exemple pu rappeler, à travers une publicité, que Kamala Harris avait, en 2019, soutenu l’idée que des immigrés illégaux et des prisonniers puissent se faire financer par l’État leur changement de sexe. Cette publicité a influencé les électeurs noirs ou latinos.

Une petite aile progressiste, très visible et très active, a dominé les institutions de l’élite, des universités au New York Times. Aujourd’hui, les attaques de Trump contre les universités sont dramatiques, mais il peut s’appuyer sur les choses folles qui y ont été dites durant ces années-là. Beaucoup d’Américains ont ainsi perdu patience avec cette idéologie à laquelle était associée le parti démocrate. Trump n’aurait sans doute pas gagné sans cette réaction.

En juin 2020, une tribune du sénateur républicain Tom Cotton, appelant à envoyer l’armée pour endiguer les émeutes, a suscité l’indignation de la rédaction du New York Times, provoquant la démission du rédacteur en chef James Bennet, puis le départ de la journaliste Bari Weiss. L’ironie, c’est que la garde nationale est aujourd’hui réellement déployée à Washington, Chicago ou Portland…

Tout ce contre quoi ces militants se battaient s’est réalisé, en pire pour eux. Ils ont voulu intimider Bari Weiss ? Elle est aujourd’hui à la tête d’une chaîne de télévision, CBS, et son média Free Press a été racheté par Paramount pour 150 millions de dollars. Ils refusaient qu’on puisse évoquer l’idée d’envoyer l’armée dans les rues ? L’armée est désormais présente dans plusieurs villes américaines. C’est effectivement très ironique. Ils voulaient forcer les gens à accepter les athlètes transgenres dans les compétitions sportives ? Les règlements se sont durcis sur le sujet. Tout ça a donc été totalement contre-productif.

Dans la lettre ouverte publiée par le magazine Harper’s que nous avions écrites pour défendre la liberté d’expression et qui a été signée par des personnalités comme J.K Rowling, Salman Rushdie, Margaret Atwood, Steven Pinker ou Noam Chomsky, nous avertissions que l’intolérance de la gauche allait renforcer l’illibéralisme de la droite. C’est ce qui s’est passé. Sauf que la cancel culture trumpiste est aujourd’hui dix fois pire, parce que ces gens sont au pouvoir. Il ne s’agit plus seulement de mobilisations sur les réseaux sociaux. Là, ce sont des membres du Congrès ou un vice-président qui appellent au licenciement de personnes et qui exigent que des animateurs perdent leurs émissions.

En 2021, le mouvement woke semblait irrésistible. Comment expliquer qu’il ait fait pschitt aussi rapidement ?

L’une des raisons de cet effondrement si rapide vient de ce que les sociologues appellent la falsification des préférences. Lorsque vous forcez les personnes à penser que seules certaines opinions sont acceptables, vous ne les persuadez pas que vous avez raison, mais vous les poussez simplement à ce pas dire qu’elles pensent réellement. Cette intolérance va finir par se retourner contre vous. Beaucoup de gens qui ont adhéré au mouvement Black Lives Matter ou qui ont soutenu la cause des transgenres dans le sport, par exemple, ne croyaient pas nécessaire, de manière très profonde, à ces idées. Une fois que le vent a tourné, les individus comme les entreprises ont vite changé de position. Beaucoup d’entreprises ont suivi le mouvement woke en se disant qu’elles devaient faire ça pour éviter d’être critiquées en ligne. Mais dès que Trump a fait savoir que les DEI, c’était fini, elles se sont vite débarrassées de ces formations à la diversité.

Par ailleurs, le 7 octobre 2023 a aussi été un tournant. Le « grand réveil » woke a débuté avec la mort de Trayvon Martin en 2012, mais aussi l’essor de l’iPhone et de réseaux sociaux comme Twitter. La technologie a joué un rôle important. Ce « grand réveil woke » s’est vraiment achevé avec le 7 octobre 2023, car l’identité juive a mis en lumière toutes les contradictions de l’intersectionnalité. Faut-il considérer les juifs comme des Blancs ? Dans ce cas, on ne peut pas les défendre quand ils sont attaqués en tant que minorité ethnique. Beaucoup de juifs ont été profondément choqués par le manque de solidarité après l’attaque du Hamas. Des financiers comme Bill Ackman, qui faisaient des dons aux démocrates, ont tout d’un coup critiqué cette idéologie woke et se sont tournés vers Trump.

La gauche américaine n’a toujours pas compris les raisons de sa défaite

En France aussi, le wokisme a suscité beaucoup de débats. Dans le livre, vous ironisez sur l’importance du mouvement chez dans notre pays. Pourquoi ?

Il y a un long chemin à parcourir avant que la France n’en arrive à une situation où, par exemple, un livre comme How to Be an Antiracist d’Ibram X. Kendi soit obligatoire dans toutes les institutions. Sur le plan économique, la France est à gauche des Etats-Unis. C’est une social-démocratie qui déroute beaucoup d’Américains avec son système de santé universelle et ses idées socialistes. Mais sur le plan culturel et dans son rapport à la diversité, la France est bien plus conservatrice. Elle a également une histoire différente. Les États-Unis ont toujours été une société multiethnique. La France ne l’est que depuis quelques décennies. Aujourd’hui, il y a plus de musulmans ici que dans n’importe quel autre pays européen. Face à ces changements sociaux, la France a eu une réponse conservatrice. Elle se repose sur des idées admirables d’universalisme, mais en réalité, il reste compliqué pour les minorités raciales d’avoir les mêmes débats qu’aux Etats-Unis. J’ai vu de mes propres yeux à quel point il était difficile pour une militante comme Rokhaya Diallo de simplement faire entendre certains points de vue sur l’identité qui ne seraient nullement controversés aux Etats-Unis. Sans doute faut-il trouver un certain équilibre entre la vision américaine et la vision française…

Charlie Kirk est selon vous devenu l’équivalent de George Floyd pour le camp Maga : un homme très imparfait transformé en martyr du fait de sa mort tragique…

Tout comme la gauche a utilisé la mort de George Floyd pour justifier et accélérer toutes sortes d’objectifs politiques, la droite invoque le nom de Charlie Kirk pour faire avancer des objectifs illibéraux et réduire ses opposants au silence. C’est encore pire dans le cas de Kirk, car derrière, il y a un gouvernement qui essaie de punir des personnes qui ont simplement fait savoir qu’elles n’aimaient pas cet influenceur. Pourtant, aux Etats-Unis, nous avons une liberté d’expression absolue. Vous avez le droit de dire que vous êtes content de la mort de quelqu’un. C’est méchant et offensant, mais c’est légalement possible. Il est ainsi très dangereux de voir la procureure générale Pam Bondi faire savoir qu’elle comptait cibler tous ceux qui tiendraient des discours haineux sur Kirk. Même une partie de la droite a fait savoir que ça allait bien trop loin. Bondi est revenue sur ses propos, mais Trump a surenchérit.

Nous sommes dans une période très étrange en matière de liberté d’expression. En 2022, avec la cancel culture, je pensais que nous étions dans un moment fort d’illibéralisme et de censure. Mais c’est encore pire aujourd’hui! Les deux morts, celles de Floyd et Kirk, ont été utilisées à des fins politiques. Mais la différence entre l’intolérance de la gauche et l’intolérance de la droite, qui ne peut être surestimée, c’est que l’une provient d’un mouvement venant de la base, l’autre d’un mouvement d’en haut. John Stuart Mill avait fait cette distinction entre tyrannie sociale et oppression gouvernementale. Le conseiller à la sécurité intérieure Stephen Miller et d’autres se sont servis de Kirk pour militariser les villes afin de réprimer tout ce qu’ils appellent l’opposition de gauche. Aujourd’hui, ils s’en prennent même à la fondation de George Soros. Il y a un an, je n’aurais jamais pensé que ça pouvait aller aussi vite. Nous vivons un moment très dangereux.

Les démocrates ont-ils réellement tiré les leçons de leur défaite ?

Non, ils n’ont toujours pas compris pourquoi, même si Trump est mauvais, une légère majorité d’Américains l’a préféré à la gauche. Il faut donc examiner ce qui ne va pas. Mais chez les démocrates, certains estiment qu’il faut aller encore plus loin dans la radicalité. Récemment, l’essayiste Ta-Nehisi Coates a accordé une interview hallucinante au podcasteur Ezra Klein. Ce dernier estimait que nous étions allés trop loin sur des sujets comme la question des transgenres, et qu’il fallait corriger le tir pour remporter les élections. Mais Coates lui a répondu que le pouvoir ne vaut rien si on n’a pas de principes. Selon lui, nous ne pouvons sacrifier aucune personne transgenre. Qu’importe si l’immense majorité des Américains ne veut pas que des personnes transgenres puissent participer à des compétitions sportives féminines. Donc Coates estime qu’il vaut mieux rester pur plutôt que de remporter des élections. Alors même que Donald Trump rend aujourd’hui la vie plus difficile aux personnes transgenres…

Vous êtes donc pessimiste pour votre pays ?

A court terme, oui. Beaucoup de choses ont été détruites, et il faudra sans doute une génération pour réparer cela. Mais sur le long terme, je reste optimiste. La vision de Barack Obama ne s’est pas concrétisée. Sans doute était-ce trop tôt. Mais à la fin, la plupart des Américains souhaitent vraiment que cette société multiethnique fonctionne.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/thomas-chatterton-williams-the-atlantic-le-mouvement-woke-semblait-irresistible-mais-il-sest-OS6WHD3FSBCJ3A3NQY6I65K5VQ/

Author : Thomas Mahler

Publish date : 2025-10-19 14:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express