Faire la lumière sur une série de viols sur mineurs ayant fait plus de mille victimes en Angleterre depuis les années 1980. C’est l’objectif de l’enquête nationale lancée en juin par le gouvernement britannique. Mais avant même d’avoir commencé, cette enquête est plongée dans la tourmente.
Quatre victimes viennent d’annoncer qu’elles refusent d’y participer, à moins que la ministre chargée de la protection civile, Jess Philipps, n’accepte de démissionner. Elles reprochent, documents à l’appui, à la ministre d’avoir pris du retard dans la mise en place de cette enquête et d’avoir cherché à élargir sa portée à d’autres crimes, au risque de diluer les accusations initiales.
Quatre victimes de viols refusent de participer à l’enquête
Dans une lettre conjointe adressée à la ministre de l’Intérieur, publiée sur X, ces victimes accusent Phillips d’être « inapte » à diriger l’enquête. « Être publiquement contredites et écartées par une ministre alors qu’on est une victime disant la vérité, c’est se sentir à nouveau méprisé. C’est une trahison qui a détruit le peu de confiance qui subsistait », ajoutent-elles.
Philipps a aussitôt démenti les accusations portées à son encontre : « les allégations de retard intentionnel, de manque d’intérêt ou d’élargissement et de dilution de la portée de l’enquête sont fausses », a-t-elle déclaré devant la Chambre des communes.
Jess Philipps a reçu l’appui de plusieurs ministres de sa famille politique, comme Josh MacAlister (ministre de l’enfance), qui a déclaré qu’elle bénéficiait du « soutien sans réserve » du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur. « Jess restera en poste. Je connais Jess ; elle défend depuis toujours les jeunes filles victimes de maltraitance », a-t-il déclaré à Sky News. En revanche, d’autres personnalités de l’opposition notamment, à commencer par la dirigeante conservatrice Kemi Badenoch, se sont jointes à l’appel des quatre victimes, pour demander le départ de Jess Phillips.
Les deux favoris pour présider la commission d’enquête se retirent également
Outre la mise en retrait de plusieurs victimes, un autre événement a lui aussi secoué le processus. Les deux individus pressentis favoris pour présider la commission d’enquête – la travailleuse sociale Annie Hudson et l’ancien chef adjoint de la police Jim Gamble – ont à leur tour annoncé qu’ils se retiraient. Leurs raisons ? Le manque de confiance de certaines victimes à leur égard – lié selon eux à leurs précédentes occupations professionnelles – et la récupération politique de ce dossier.
Sur la BBC jeudi matin, Gamble a ainsi déclaré que tous les partis politiques, notamment le parti d’extrême droite Reform UK et les Conservateurs, étaient « responsables du chaos créé cette semaine », car ils avaient tous participé à un « marquage politique » de cette affaire, au lieu d’apaiser la colère.
Le gouvernement à la recherche d’un nouveau président pour la commission d’enquête
En réaction, Keir Starmer a mandaté Louise Casey – la rédactrice d’un rapport de 200 pages sur les scandales d’abus sexuels sur mineurs -, pour se mettre en quête d’un autre personne pour présider la commission d’enquête. « Les victimes n’ont toujours pas de président, de mandat et rien qui ressemble à la justice qu’elles méritent », a de son côté déploré le député libéral-démocrate Max Wilkinson, critiquant au passage le gouvernement pour les retards dans l’enquête.
L’enquête devrait notamment permettre de déterminer si les agences de l’Etat ont échoué à protéger les victimes, des gangs de pédophiles – pour la plupart composés d’hommes d’origine pakistanaise ou asiatique – par crainte d’être accusées de racisme ou par préjugés envers ces mineures. Une affaire qui était revenue sur le devant de la scène dans le sillage d’une série de tweets d’Elon Musk, en janvier 2025, dans lesquels il accusait Keir Starmer, ancien procureur de l’affaire, d’avoir « couvert des viols de masse ».
La police britannique dans le viseur des victimes
Le Premier ministre britannique avait finalement promis de rouvrir une enquête. Lors de la séance de questions au gouvernement mercredi, il a souhaité rassurer les victimes, assurant que « la portée de l’enquête » ne serait « pas diluée » et que le gouvernement « n’éviterait pas les questions culturelles ou religieuses ». Mais une chose est sure : ces scandales ne font qu’abîmer un peu plus l’image de la police britannique déjà largement écornée dans l’opinion, comme le rappelle Le Figaro.
Celle-ci est accusée, entre autres, de misogynie depuis l’affaire Sarah Everart, cette jeune femme vivant à Londres qui avait été enlevée, violée puis tuée par un policier effectuant sa ronde en 2021. Début octobre, une enquête de la BBC a relancé des accusations de misogynie institutionnalisée au sein de la police britannique. On y voit et entend notamment un sergent minimiser les viols subis par une femme enceinte frappée au ventre par son compagnon.
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Publish date : 2025-10-23 17:19:00
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