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Déploiement américain du porte-avions géant Gerald Ford : que se passe-t-il dans les Caraïbes ?

Déploiement américain du porte-avions géant Gerald Ford : que se passe-t-il dans les Caraïbes ?

Le président vénézuélien dénonce une tentative d' »inventer une nouvelle guerre ». Washington va déployer un porte-avions dans les Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic, une montée en puissance considérable des moyens militaires américains dans la région.

Les Etats-Unis de Donald Trump – qui avait promis pendant la dernière campagne présidentielle de mettre fin aux interventions militaires extérieures – mènent depuis début septembre, essentiellement dans les eaux caribéennes, des frappes aériennes contre des embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants. Jusque-là, dix ont été revendiquées, tuant au moins 43 personnes, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres du gouvernement américain.

« Ils inventent une nouvelle guerre éternelle, ils ont promis de ne plus jamais entrer en guerre et ils inventent une guerre que nous allons éviter », a réagi le président vénézuélien, Nicolas Maduro, lors d’une allocution radio-télévisée.

Le porte-avions Gerald R. Ford, le plus grand du monde, et la flotte qui l’accompagne, vont venir « renforcer les moyens actuels pour déjouer le trafic de stupéfiants et démanteler des organisations criminelles transnationales » dans la zone de commandement correspondant à l’Amérique centrale et à l’Amérique du Sud, a annoncé le Pentagone sur X vendredi, sans préciser davantage sa destination. Il s’agit de « consolider la capacité des Etats-Unis à détecter, surveiller et stopper acteurs et activités illicites », a-t-il ajouté.

Le Gerard R. Ford doit rejoindre dans les prochains jours un dispositif déjà composé de huit navires et d’avions de combat F-35. D’après le Washington Post, cette expansion militaire « devrait presque doubler le nombre de soldats américains dans la région », avec environ 6 000 militaires répartis sur huit navires de guerre. Le quotidien américain rapporte également la création d’une nouvelle force opérationnelle interarmées, placée sous le commandement du lieutenant-général Calvert Worth, du Corps des Marines, pour superviser l’ensemble des opérations.

« Dernier ressort »

Cette annonce du Pentagone intervient peu après la dernière frappe américaine connue dans les Caraïbes, menée dans la nuit de jeudi à vendredi. « Dans la nuit, sur ordre du président Trump, le ministère de la Guerre a mené une frappe létale contre une embarcation utilisée par Tren de Aragua », un gang vénézuélien classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, a indiqué le ministre de la Défense Pete Hegseth.

Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a confirmé vendredi qu’une nouvelle frappe avait été ordonnée contre un bateau utilisé par le gang vénézuélien « Tren de Aragua », classé « organisation terroriste » par Washington. « Les six hommes narcoterroristes à bord ont été tués », a-t-il affirmé, assurant que l’opération avait été menée dans les eaux internationales.

La légalité de ces frappes américaines, sans preuve avancée sur les cibles visées, est largement mise en doute par les experts. « Selon le droit international, le recours intentionnel à une force létale n’est permis qu’en dernier ressort contre un individu représentant une menace imminente pour la vie », a souligné auprès de l’AFP le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme. « Sinon, cela constituerait une violation du droit à la vie », a-t-il mis en garde.

« Enflammer l’Amérique du Sud »

Les opérations militaires américaines ont fait grimper les tensions régionales, en particulier avec le Venezuela, mais aussi avec la Colombie. Washington a imposé vendredi des sanctions économiques au président colombien Gustavo Petro, accusé de ne rien faire contre la production de cocaïne dans son pays. Celui-ci, qui avait déjà qualifié les frappes américaines d' »exécutions extrajudiciaires », a assuré sur X qu’il ne comptait pas faire de « pas en arrière », ni se mettre « à genoux ».

Donald Trump a estimé la veille ne pas avoir besoin d’un accord du Congrès pour valider des opérations contre le Venezuela ou d’autres pays impliqués selon lui dans le narcotrafic. « Je pense qu’on va simplement tuer les gens qui font entrer de la drogue dans notre pays, ok ? », a-t-il lancé, en comparant les cartels de la drogue au groupe jihadiste Daech. « La prochaine étape, c’est l’opération terrestre », a-t-il menacé.

Caracas accuse Washington de chercher à renverser le président Nicolas Maduro et affirme disposer de 5 000 missiles antiaériens portables de fabrication russe pour contrer les forces américaines.

Le Brésil, puissance majeure dans la région, a exprimé son inquiétude face à ces frappes aériennes menées « sans preuve ». « Nous ne pouvons pas accepter une intervention extérieure » qui « pourrait enflammer l’Amérique du Sud », a averti dans un entretien à l’AFP le conseiller spécial du président Lula pour les Affaires étrangères, Celso Amorim.



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Publish date : 2025-10-25 09:02:00

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