Des milliards de livres d’argent public engloutis dans des hôtels. C’est le constat dressé par la commission des affaires intérieures de la Chambre des communes, dans rapport publié ce lundi 27 octobre. Le document de plus de cent pages décrit en détail comment la politique d’hébergement des demandeurs d’asile s’est transformée, depuis 2019, en un système « chaotique et onéreux », au bénéfice d’entreprises privées.
Selon leurs estimations, le coût global de cette politique pourrait atteindre 15,3 milliards de livres d’ici 2029 (soit 17,5 milliards d’euros), contre 4,5 milliards initialement prévus en 2019. « Nous nous sommes simplement retrouvés avec plus de personnes que ce que les contrats avaient anticipé et cela a fait exploser les coûts », a souligné lundi Karen Bradley, présidente de la commission à l’origine du rapport, sur la radio BBC4.
En vertu de la loi sur l’immigration et l’asile de 1999, les demandeurs d’asile peuvent se voir proposer un hébergement pendant l’examen de leur dossier s’ils remplissent certaines conditions. Mais ce dispositif, pensé pour être temporaire, a basculé dans la durée. La pandémie de Covid-19 et l’augmentation « spectaculaire » des arrivées de migrants dans des embarcations de fortune ont conduit à cette augmentation de l’hébergement en hôtel, souligne le rapport.
Plus de 32 000 migrants étaient hébergés dans des hôtels en juin dernier, sur un total de 103 000 migrants présents au Royaume-Uni, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. « Le ministère de l’Intérieur a sans aucun doute dû faire face à un environnement extrêmement difficile, mais sa réponse chaotique a démontré qu’il n’était pas à la hauteur du défi », tranchent les parlementaires.
Les prestataires privés également pointés du doigt
Le rapport parlementaire épingle également la gestion des contrats passés avec trois prestataires : Clearsprings, Mears et Serco, chargés de fournir les hébergements. Le coût moyen d’une nuitée dans un logement partagé pour demandeurs d’asile est de 23,25 livres contre près de 145 livres pour une nuit à l’hôtel. Les députés dénoncent une « conception défaillante » des contrats qui aurait encouragé les prestataires à privilégier les hôtels, plus rentables, afin de maximiser leurs profits. Clearsprings et Mears devront d’ailleurs reverser respectivement 32 millions et 13,8 millions de livres sterling au ministère de l’Intérieur, conformément à une clause imposant de partager les bénéfices au-delà d’un seuil de 5 %.
Ce rapport tombe mal pour le gouvernement travailliste de Keir Starmer, déjà critiqué pour son incapacité à réduire le nombre de traversées de la Manche. Le Premier ministre s’est engagé à mettre fin à l’hébergement en hôtels d’ici 2029, en développant d’autres solutions, notamment sur d’anciennes bases militaires. Ces derniers mois, des rassemblements ont été signalés devant certains hôtels, attisés par des groupes d’extrême droite qui dénoncent une « menace pour la sécurité locale ».
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Publish date : 2025-10-27 19:29:00
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