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« Kim Jong-un est brutal, mais très intelligent » : le témoignage fort d’un transfuge nord-coréen

« Kim Jong-un est brutal, mais très intelligent » : le témoignage fort d’un transfuge nord-coréen


Ex-numéro 2 de l’ambassade de Corée du Nord à Londres, Thae Yong-ho, 64 ans, fait défection en 2016 avec sa famille. Passé au Sud, il est élu député de 2020 à 2023. Aujourd’hui secrétaire général du Conseil consultatif pour la réunification pacifique, il vit à Séoul sous protection policière. Ses dix ans d’expérience en tant que diplomate offrent une plongée unique dans l’appareil politique nord-coréen. Ce brillant professionnel, qui a fait le récit de sa vie sous un régime dictatorial dans son livre Passcode to the Third Floor : An Insider’s Account of Life Among North Korea’s Political Elite (Columbia university press, non traduit), se souvient des sentiments de « colère » et de « révolte » qui l’ont assailli en constatant l’écart entre, d’un côté, le luxe que s’autorise la famille Kim, les sommes faramineuses dépensées dans le programme nucléaire ; et, de l’autre, la condition misérable d’une bonne partie de la population. Entretien.

L’Express : En tant qu’ancien membre de l’appareil diplomatique nord-coréen, comment décririez-vous la personnalité et la psychologie de Kim Jong-un ?

Thae Yong-ho : Il est brutal, impatient, colérique, mais très intelligent. Doté d’une vraie capacité de raisonner, il sait où sont ses priorités, et manœuvre habilement. Illustration de son tempérament : en 2015, lors d’une visite d’une ferme de tortues, il avait remarqué que les animaux étaient presque morts. Après que le directeur avait prétexté un manque d’électricité et de nourriture, Kim Jong-un l’avait sévèrement réprimandé. « Il est absurde de dire que la production ne peut pas être normalisée à cause de problèmes d’électricité, d’alimentation et d’équipement. » Les officiels de haut rang qui accompagnaient Kim gardaient la tête baissée et notaient fébrilement ses instructions. De retour dans la voiture, il ordonna l’exécution du directeur.

Autre exemple, après qu’un destroyer avait chaviré sous ses yeux dans un port le jour de son inauguration, en mai dernier, le dictateur puni de nombreux dirigeants au sein du système nord-coréen. Une photo a en outre été publiée dans la presse officielle nord-coréenne. Alors que, dans une version précédente, le commandant général de la marine nord-coréenne apparaissait aux côtés de Kim Jong-un lors d’une inspection, son image avait été effacée dans la nouvelle photo. C’est une longue tradition du système de propagande de procéder ainsi, quand un haut responsable est poursuivi.

Capture d’écran créée le 17 août 2016 d’images filmées par l’AFPTV le 3 novembre 2014, montrant Thae Yong-ho, alors ambassadeur adjoint de Corée du Nord en Grande-Bretagne

Pouvez-vous nous parler de la fois où vous avez accompagné le frère de Kim Jong-un à des concerts d’Eric Clapton à Londres, au Royal Albert Hall ?

J’ai été pendant 61 heures le chaperon du frère aîné de Kim Jong-un, Kim Jong-chul, venu assister à des concerts d’Eric Clapton, dont il est un grand fan, à Londres, en 2015. Des journalistes l’ont repéré, et la star du show n’était plus Clapton, mais lui… En sa compagnie, je me suis rendu compte que les frères Kim sont très au courant de la géopolitique mondiale, des jeux de pouvoir entre Etats, et qu’ils connaissent bien l’Europe, où ils ont fait leurs études (en Suisse). Mais le train de vie de Kim Jong-chul m’a stupéfié et mis en colère : on m’a demandé de lui réserver une suite à l’hôtel Savoy à 2000 euros la nuit, plus du double de mon salaire mensuel. Bon guitariste, il a insisté pour acheter un modèle de guitare que nous n’avons jamais trouvé. Il était très déçu. Kim Jong-chul a aussi voulu que je fasse ouvrir pour lui un magasin de disques sur Oxford street le soir de son arrivée alors qu’il était 22 heures, et que l’endroit était fermé depuis longtemps. « Si un diplomate le demande, le propriétaire ne viendra-t-il pas ? N’avez-vous pas ce genre de réseau ? », m’a-t-il demandé. Sans succès évidemment.

Dans votre livre, vous estimez que, dans les années 1990 et 2000, la France était particulièrement bien renseignée sur le programme nucléaire nord-coréen. Pourquoi ?

Au début des années 2000, nombre de pays, dont les Etats-Unis et la Corée du Sud, pensaient que l’on pouvait dénucléariser la Corée du Nord via la négociation. Mais la France n’y a jamais cru, car, à mon avis, elle avait accès aux conversations de hauts responsables nord-coréens ou de membres de la famille Kim qui se faisaient soigner dans les hôpitaux français, et restaient parfois des mois à Paris. Je suis sûr que les services de renseignement français suivaient ces personnes et écoutaient ce qu’elles disaient au restaurant ou ailleurs. Lorsque l’Union européenne a décidé, en 2001, d’établir des relations diplomatiques avec Pyongyang, la France a été le seul pays à s’y opposer.

Pourriez-vous nous expliquer comment les diplomates nord-coréens collectaient de l’argent pour le régime à l’époque où vous étiez diplomate ?

Dans les ambassades, les diplomates n’ont pas d’objectifs ciblés de sommes à récolter pour le régime, mais doivent se débrouiller pour compléter leur budget. D’autres, envoyés par leur ministère, se voient fixer des montants à atteindre. C’est pourquoi des diplomates sont impliqués dans le trafic d’armes, de cigarettes ou d’alcool. Certains ont même été arrêtés en Europe pour avoir vendu de la drogue. La Corée du Nord n’a aucun scrupule dans sa quête de devises étrangères.

Ces comportements ont-ils joué dans votre volonté de faire défection ?

Beaucoup de gens meurent de faim en Corée du Nord. Est-ce pour autant un pays pauvre ? Il peut lancer des satellites, construire des sous-marins, fabriquer des chars d’assaut, mais il n’utilise pas son budget pour le bien-être de son peuple. C’est ce qui m’a le plus révolté. Les Nord-coréens ne bénéficient même pas des prestations sociales de base. Ils vivent beaucoup moins bien que leurs voisins, et se contentent de survivre. Même à Pyongyang, où la vie est meilleure qu’à la campagne, la plupart des gens manquent de nourriture de qualité, d’électricité et de soins médicaux.

Croyez-vous à une future réunification des deux Corées ?

Je suis convaincu que la Corée sera réunifiée d’ici 15 ou 20 ans. Les dirigeants qui entourent Kim Jong-un sont tous des hommes âgés, nés dans les années 1950 ou 1960. Kim Jong-un est le seul à être né dans les années 1980. Mais il craint de les remplacer par des responsables issus de la jeune génération qui n’ont aucun lien avec le passé de la Corée du Nord. Cependant, lorsque l’actuelle hiérarchie partira à la retraite, et que les nouvelles générations les remplaceront, la Corée du Nord pourra devenir un État normal.

Les mentalités sont-elles prêtes ?

Les élites nord-coréennes comprennent qu’il n’y a pas d’avenir pour le système nord-coréen, mais l’ennui, c’est qu’elles n’ont jamais, dans leur histoire, testé le système démocratique. Elles ont été sous la domination de l’empire japonais, puis des Soviétiques, puis des Kim. C’est une grande différence avec l’Allemagne de l’Est avant la chute du mur, où les élites, même si elles étaient communistes, avaient connu le système démocratique avant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne comprennent donc pas comment la démocratie et un système fondé sur le droit peuvent fonctionner.

Photo diffusée par l'agence de presse officielle de Pyongyang KCNA montrant le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un au téléphone, le 12 août 2025 en Corée du NordPhoto diffusée par l’agence de presse officielle de Pyongyang KCNA montrant le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un au téléphone, le 12 août 2025 en Corée du Nord

Aujourd’hui, en Corée du Nord, la plupart des élites craignent d’être désavantagées sur le plan économique, si la Corée est réunifiée. De mon côté, j’essaye de faire passer le message que si elles disent adieu au régime de Kim Jong-un et coopèrent avec le système libre et démocratique sud-coréen, elles peuvent se créer un avenir meilleur en travaillant dur. J’en suis la preuve vivante ! Le fait que les Nord-Coréens utilisent désormais des téléphones portables facilite la transmission de ce genre de message.

Kim Jong-un est-il en train de préparer sa fille, qui l’a accompagné lors de plusieurs événements officiels, à prendre sa succession ?

Au vu du nombre d’événements publics auxquels elle a participé récemment en Corée du Nord, il semble que la fille de Kim Jong-un pourrait être la prochaine dirigeante. Mais, il est peut-être aussi en train de préparer secrètement un fils et d’attendre qu’il grandisse suffisamment pour devenir le prochain dirigeant. Il pourrait ainsi changer de successeur à tout moment à l’avenir.

Avez-vous des nouvelles de votre famille en Corée du Nord ?

Je n’ai aucune information sur ce qui est arrivé à ma famille après ma défection. J’espère qu’ils me pardonneront, car je suis presque sûr qu’ils ont connu des malheurs et qu’ils ont été expulsés de Pyongyang. Je suis vraiment désolé pour mon frère, ma sœur et mes neveux.

Donald Trump a récemment exprimé son désir de rencontrer Kim. Pour l’instant, celui-ci ne s’est pas montré d’un enthousiasme débordant…

Une rencontre me semble peu probable dans l’immédiat. La guerre en Ukraine alimente les caisses nord-coréennes, ce qui fait qu’il n’y a plus de sentiment d’urgence à négocier avec Washington comme en 2018. En chose est certaine : la question de la dénucléarisation est un motif d’annulation de toute discussion. A l’heure actuelle, Kim Jong-un s’intéresse davantage à ses relations avec Poutine.

Est-il illusoire de penser que la Corée du Nord puisse se dénucléariser ?

Pour Kim Jong-un, l’arme nucléaire est une question de vie ou de mort. C’est pourquoi la dénucléarisation de la Corée du Nord est une illusion absolue. La Corée du Nord a passé plus 60 ans pour arriver là où elle est aujourd’hui.

Avec le nouveau président sud-coréen, le progressiste Lee Jae-myung, les relations entre le Nord et le Sud pourraient s’apaiser un peu, mais il ne peut y avoir de changement fondamental, pour la bonne raison que la Corée du Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires.

Comment la Corée du Nord bénéficie-t-elle de sa participation à la guerre en Ukraine ?

La Corée du Nord a d’abord beaucoup profité de cette guerre en Ukraine sur le plan diplomatique. Pendant la guerre froide, l’Union soviétique était le plus grand allié de la Corée du Nord (sur les plans économique, diplomatique et militaire). Mais après l’effondrement de l’URSS, la Russie s’est affaiblie sur le plan économique et militaire et les relations entre Moscou et Pyongyang se sont distendues. Par la suite, la Corée du Nord a tenté de devenir une puissance nucléaire, mais elle n’a pas obtenu le soutien de la Russie pour réaliser cette ambition. Moscou a même voté les sanctions imposées par l’ONU à la Corée du Nord.

Mais, avec la guerre en Ukraine, la Russie a soudainement eu besoin de la Corée du Nord, de ses armes conventionnelles et de ses soldats. Poutine a alors décidé de soutenir l’ambition de la Corée du Nord de devenir une puissance nucléaire. Moscou a apposé son veto au renouvellement du comité de surveillance des sanctions imposées par l’ONU, et s’est opposée à toute forme de sanctions économiques et politiques contre son petit voisin. Pour Pyongyang, ce fut un grand succès diplomatique, car son ancien allié, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, revenait à ses côtés.

Comment ce soutien s’est-il traduit, concrètement ?

Après la pandémie, la Corée du Nord était encore plus isolée du reste du monde, son économie était au bord de l’effondrement. Les relations entre la Corée du Nord et la Chine s’étaient détériorées. Mais soudain, la guerre en Ukraine a éclaté et la Russie a commencé à acheter des armes obsolètes, puis modernisées, ainsi que de la main-d’œuvre à la Corée du Nord.

Et maintenant, la Russie fournit des fonds et de nouvelles technologies militaires. Aujourd’hui, la Corée du Nord a relancé ses installations et son industrie de production d’armes conventionnelles. Rien que cette année, la Corée du Nord a lancé deux destroyers de 5 000 tonnes et encore perfectionné ses systèmes de missiles. Elle a annoncé qu’elle souhaitait construire un sous-marin à propulsion nucléaire dans les années à venir. Elle dispose aussi de satellites espions, de bonnes armes conventionnelles, de grands destroyers, de chars modernes. Rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien économique et financier de la Russie. Pour Pyongyang, la guerre en Ukraine a constitué opportunité inespérée.

Comment la Chine perçoit-elle ce rapprochement entre la Corée du Nord ?

La Chine reste silencieuse à ce sujet. Elle n’est pas satisfaite de ce rapprochement entre la Russie et la Corée du Nord, mais dans le même temps, elle observe que l’administration Trump concentre tous ses efforts contre la Chine. Elle a donc besoin d’un allié puissant en Asie-Pacifique pour contrer l’influence américaine.

Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'Etat russe Sputnik, Vladimir Poutine marche aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.Sur cette photo collective diffusée par l’agence d’Etat russe Sputnik, Vladimir Poutine marche aux côtés du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un avant un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.

Parallèlement, la Russie et la Chine ont une longue frontière commune ; et sont très dépendantes l’une de l’autre sur le plan économique – la Chine a besoin des ressources naturelles de la Russie, mais aussi de ses technologies militaires. De façon générale : la Russie, la Chine et la Corée du Nord, ne peuvent à mon avis pas être séparés : ils n’ont pas d’autre choix que d’avancer ensemble.

Quelles technologies militaires la Russie est-elle susceptible d’avoir transmises à la Corée du Nord depuis le début de la guerre en Ukraine ?

La principale demande de la Corée du Nord concerne un moteur et un réacteur nucléaires de petite taille, qu’elle pourrait utiliser pour construire un sous-marin à propulsion nucléaire. Kim Jong-un sait en effet très bien que les bombes anti-bunkers américaines peuvent détruire ses installations nucléaires souterraines, comme l’ont prouvé les frappes sur des sites iraniens au mois de juin. Dès les années 1950 et 1960, la Corée du Nord a commencé à construire des bunkers et des tunnels militaires très profonds, anticipant de possibles bombardements dans le futur. C’est aussi pour cela que le métro de Pyongyang est si bas sous terre. Seul hic, au cours des dernières décennies, la technologie américaine a beaucoup progressé et est désormais capable de frapper très profondément, à plus de 60 mètres de profondeur.

La prochaine étape, pour Pyongyang, consiste donc à déplacer ses installations nucléaires vers la mer, comme l’ont fait la Russie et les États-Unis. Et donc à construire un sous-marin nucléaire capable de transporter au moins un ou deux missiles nucléaires. Si la Russie lui fournit effectivement la technologie nécessaire pour développer un réacteur nucléaire, cela pourrait changer la donne de manière très dangereuse dans cette région.

Le fait de participer à la guerre en Ukraine fait-il progresser l’armée nord-coréenne ?

Oui, sans aucun doute. En fait, c’est la première fois que la Corée du Nord participe à une véritable guerre conventionnelle dans la durée depuis la guerre de Corée (1950-1953). Elle constitue une très bonne expérience pour eux. D’autant que ce conflit utilise désormais les technologies les plus avancées, comme les drones. Chaque jour, des milliers de soldats nord-coréens y sont confrontés, aux côtés des Russes.

C’est la raison pour laquelle l’armée nord-coréenne s’entraîne actuellement en vue d’une éventuelle guerre des drones à l’avenir. De son côté, Kim Jong-un se rend régulièrement dans des usines fabriquant des drones et assiste à des exercices militaires qui les utilisent. A l’inverse, l’armée sud-coréenne et les troupes américaines stationnées en Corée du Sud n’ont pas véritablement expérimenté de guerres de drones.

Quelles sont les ambitions nucléaires de la Corée du Nord ?

La Corée du Nord souhaite être reconnue comme une puissance nucléaire, à l’instar du Pakistan ou de l’Inde, qui ont été acceptés comme tel par les États-Unis et le reste du monde. Jusqu’à présent, l’Amérique et ses alliés occidentaux lui refusent ce statut, mais la Corée du Nord reste convaincue que si elle prouve aux États-Unis que ses armes nucléaires sont capables de détruire ce pays en cas de guerre entre les deux nations, Washington finira par venir négocier avec elle.

Pyongyang pourrait par exemple renoncer à ses installations nucléaires capables de frapper les États-Unis. En échange, la Corée du Nord demanderait que les États-Unis retirent leurs troupes de Corée du Sud et la levée de certaines sanctions imposées par l’ONU. Cela signifierait concrètement que les États-Unis acceptent le statut nucléaire de la Corée du Nord.

Il appartient désormais à l’administration Trump de décider si les États-Unis vont maintenir leurs sanctions contre la Corée du Nord ou conclure un accord sur le contrôle des armes nucléaires avec la Corée du Nord.

Les Etats-Unis pourraient-ils être tentés de bombarder les sites nucléaires nord-coréens de façon préventive, comme ils l’ont fait avec l’Iran ?

Le cas de la Corée du Nord est très différent de celui de l’Iran. Car alors qu’il existe une distance importante entre l’Iran et Israël, Séoul ne se trouve qu’à 50 kilomètres des armes conventionnelles de la Corée du Nord. Donc si les États-Unis lançaient une frappe chirurgicale contre les installations nucléaires nord-coréennes, tous les canons nord-coréens bombarderaient Séoul, où vit un tiers de la population sud-coréenne.



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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2025-10-27 17:00:00

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