Donald Trump se plait à le désigner comme un communiste. L’intéressé, Zohran Mamdani, démocrate de 34 ans et élu maire de New York depuis le 5 novembre dernier, préfère se dire socialiste. Le terme, qui définit sans accroche en Europe une famille politique établie, génère aux Etats-Unis beaucoup de confusion et de peur, car associé aux politiques répressives de l’URSS ou encore de la Chine communiste.
Outre-Atlantique, plusieurs propositions sociales de son programme sont ainsi décrites comme « radicales » par ses détracteurs, voire inapplicables, trop chères et irréalistes. Nombre d’entre elles sont pourtant déjà en place dans de nombreuses villes d’Europe, note le média britannique The Guardian.
Vienne, un exemple européen de ville abordable ?
L’édile a tout d’abord décidé de s’attaquer aux loyers exorbitants de New York. Zohran Mamdani envisage ainsi de geler le loyer de deux millions de résidents d’appartements réglementés. Une proposition critiquée par de nombreux économistes. En plus du gel des loyers, le nouveau maire de la Grosse Pomme prévoit également la construction de 200 000 logements aux loyers encadrés sur dix ans.
Or, en Europe, plusieurs grandes villes ont décidé de réguler fortement le secteur, à l’image de Vienne. La capitale autrichienne est souvent érigée en exemple européen, puisque près de la moitié des locataires Viennois vit dans des logements subventionnés – soit parce qu’ils appartiennent à la ville, soit à des organismes non lucratifs – et paie donc des loyers modérés.
L’origine de cette politique du logement remonte à l’entre-deux-guerres, lorsque la ville a commencé à construire des centaines de logements municipaux pour répondre à la crise du logement. Ainsi, depuis 1920, 220 000 logements municipaux ont été construits, un record en Europe, selon Der Spiegel. Cela représentait près de 20 % des logements de la capitale autrichienne en 2022. Par ailleurs, les loyers des logements privés construits avant 1953 sont plafonnés. Ce modèle reste toutefois critiqué, notamment en raison des fortes charges qui pèsent sur les locataires ou parce qu’il plomberait l’investissement privé et donc le dynamisme du marché immobilier. Paris, de son côté, a mis en place un encadrement des loyers dès 2019.
La garde d’enfants, deuxième facteur d’exil des New-Yorkais
Après le coût des loyers, un autre facteur qui pèse le plus sur la dépense des familles new-yorkaises est le coût de la garde d’enfants. Selon les équipes de Zohran Mamdani, il serait même une des raisons les plus fréquentes avancées par les familles en exil hors de la ville. Selon The Independant, le coût annuel moyen d’un mode de garde dans une structure collective d’un jeune enfant new yorkais s’élève à 26 000 dollars (environ 22 000 euros). L’édile propose ainsi la mise en place d’une garde gratuite pour tous les enfants âgés de 6 semaines à 5 ans, un projet dont les coûts sont estimés à 6 milliards de dollars par an. Selon le magazine américain Time, l’élu a peu détaillé la manière dont il souhaitait financer cette mesure, si ce n’est d’augmenter les taxes sur les habitants les plus riches de la mégalopole américaine. Il projette par ailleurs d’augmenter les salaires des professionnels de la petite enfance.
De l’autre côté de l’Atlantique, plusieurs pays et villes pourraient servir de modèle à Mamdani. En France, l’école maternelle publique est gratuite et obligatoire dès trois ans. Avant cet âge, des crèches municipales proposent des tarifs adaptés selon le revenu des parents. En Suède, les villes sont dans l’obligation de proposer un accueil subventionné dans des structures publiques à tous les enfants de un à cinq ans. Et dès leurs trois ans, ils ont le droit à 15 heures d’accueil gratuit par semaine dans une école maternelle. Au Portugal, le gouvernement a lancé en 2022 un programme d’aide gratuite à la garde des enfants âgés d’un an et plus, bien que les places soient encore limitées et réservées aux familles aux revenus modestes. Enfin, à Berlin, la garde d’enfants est gratuite en crèche. D’autres Länder allemands ont emboîté le pas à la ville-Etat en réduisant le prix de ces structures.
Un souffle d’espoir pour la gauche européenne
Un autre combat de Zohran Mamdani est l’accès aux transports publics. Il prévoit de rendre gratuits les bus publics, une mesure déjà en place dans plusieurs métropoles européennes. A commencer par Tallinn, la capitale estonienne, dont les bus et les tramways sont gratuits depuis 2013. Une étude relayée par le Guardian montre une augmentation de l’utilisation des transports publics de 14 % un an après la réforme et une meilleure mobilité des classes. Depuis 2020, les transports publics sont également gratuits dans la ville de Luxembourg. Et en France, Montpellier et Dunkerque ont sauté le pas.
Si plusieurs mesures proposées par le nouveau maire de New York sont déjà des droits acquis de longue date en Europe, la victoire de Zohran Mamdani est tout de même érigée en exemple par la gauche européenne. Le souffle d’espoir qui a traversé l’Atlantique ne concerne pas tant les mesures proposées par Mamdani, sans doute inadaptées pour des pays européens, mais le symbole politique de la victoire d’une gauche assumée. Et ce, dans un pays qui a élu un an plus tôt le républicain Donald Trump, qui a depuis largement coupé dans l’aide internationale, a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille et baissé les impôts pour les plus riches.
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Publish date : 2025-11-08 13:18:00
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