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Royaume-Uni : le Premier ministre Keir Starmer sur la sellette ?

Royaume-Uni : le Premier ministre Keir Starmer sur la sellette ?

Les jours de Keir Starmer à la tête du 10 Downing Street sont-ils comptés ? Selon des rumeurs circulant au Parlement britannique, des ministres voudraient faire tomber le Premier ministre dans la foulée de la présentation du budget, fin novembre. Parmi les instigateurs de la fronde on trouverait, selon des sources à Downing Street « alliées » de Keir Starmer, les ministres de la Santé Wes Streeting, de l’Intérieur Shabana Mahmood et de l’Energie Ed Miliband, lorgnant sur sa succession.

Keir Starmer n’est en poste que depuis l’été 2024, mais le Premier ministre est déjà très impopulaire, critiqué aussi bien sur sa gestion de l’immigration irrégulière que sur l’économie, qui est à la peine. D’après un sondage YouGov du 3 novembre, 73 % des Britanniques ont une opinion défavorable du chef de gouvernement. D’autant que les médias britanniques ne cessent de spéculer sur les mesures impopulaires que la ministre des Finances Rachel Reeves pourrait annoncer le 26 novembre, lors de la présentation du budget, à commencer par de nouvelles taxes.

Gouvernement « uni »

Selon les règles du parti travailliste, pour renverser Keir Starmer, il faudrait que 20 % de ses députés soutiennent la démarche, soit actuellement 80 élus. Des velléités totalement démenties par le ministre de la Santé. « Je ne vais pas demander la démission du Premier ministre. Je soutiens le Premier ministre », a affirmé Wes Streeting, 42 ans, sur la chaîne de télévision Sky News. Ces échanges avec les médias sont « totalement contre-productifs […] Je ne comprends pas comment quelqu’un peut penser que cela aide le Premier ministre », a-t-il également déclaré.

Pour sa part, le Premier ministre a assuré aux députés, lors des questions au gouvernement, être à la tête d’une « équipe unie », ce qui a déclenché les rires de l’opposition conservatrice. « Le gouvernement est en pleine guerre civile ! », a raillé la cheffe de l’opposition, la conservatrice Kemi Badenoch.

Le Premier ministre s’est aussi défendu d’avoir « autorisé des attaques » contre des membres de son gouvernement. Des sources à Downing Street ont affirmé mardi soir, lors d’échanges avec plusieurs médias britanniques, que Keir Starmer se défendrait en cas de tentative pour le renverser. Le chef du gouvernement « sait qu’il est engagé dans une bataille pour la direction du parti. Quand elle arrivera, il ne démissionnera pas. Il se battra », a ainsi déclaré un de ses proches au Times.

Crise du Labour

Des propos immédiatement démentis par le Premier ministre. « Toute attaque contre un membre de mon cabinet est totalement inacceptable », a dit Keir Starmer devant les députés, apportant son soutien à Wes Streeting. « Il fait un excellent travail », a-t-il ajouté.

Alors, pourquoi autant de contre-déclarations ? « Les observateurs notent qu’en voulant allumer des contre-feux, les proches de Starmer ont surtout gratté l’allumette. Ils donnent une fâcheuse impression de fragilité. Et des députés qui n’imaginaient pas un putsch possible à court terme pourraient être tentés de basculer… » analyse Le Figaro.

Finalement, c’est un Premier ministre « sous pression » que décrit le Guardian, et qui, pour ne pas exposer les failles de son parti, a dû prendre la défense inconditionnelle de celui accusé de le trahir. Tout en étant bien embêté quant à l’avenir de ce potentiel frondeur au sein de son groupe. Mais Keir Starmer – l’un des rares à avoir gagné des élections pour le Labour ces dernières années – le sait : « une course à la direction plongerait le parti dans le chaos qui a marqué les dernières années du précédent gouvernement conservateur », analyse la BBC.

Empêtré dans une crise politique, le travailliste de 63 ans n’en est pas au bout de ses peines. Il doit encore survivre au vote du budget le 26 novembre, qui comprendra certainement des nouvelles taxes, après des hausses d’impôts cet été, trahissant l’une de ses promesses de campagne. Puis, son parti affrontera les élections locales de mai 2026, contesté par la montée de l’extrême droite de « Reform UK », en tête des intentions de vote depuis plusieurs mois.



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Publish date : 2025-11-12 19:29:00

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