Pour les stations, l’enneigement n’est plus une garantie de succès. Si les plus élevées voient les réservations s’effectuer de plus en plus tôt, toutes anticipent les effets du réchauffement climatique à long terme. Avec un seul mot d’ordre : diversifier les activités. Raquettes, ski de fond, luge, marche, mais aussi architecture, cocooning ou bistronomie. Massif par massif, voici notre guide pour assouvir toutes les envies.
Le constat s’impose : la neige se fait rare en moyenne et en basse altitude. Si le phénomène est planétaire, « la France se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale, précise Carlo Carmagnola, chercheur à Météo France. En 2050, la prévision globale est à + 2°, l’Hexagone à + 2,7°. Et les Alpes se réchauffent davantage que la moyenne nationale. » Conséquence logique, les domaines skiables à plus de 1 800-2 000 mètres d’altitude garantissent un meilleur enneigement. Comme Val Thorens, plus haute station d’Europe à 2 300 mètres, où « les individuels réservent de plus en plus tôt leur séjour, du fait de la réputation de la station et de sa garantie neige », dit Vincent Lalanne, directeur général de l’office du tourisme.
Pourtant, la simplicité en matière « nivo-météorologique » n’existe pas et pour étudier la complexité des phénomènes, Météo France (pour les prévisions), Abest (pour la récolte des données terrain) et l’INRAE (pour le traitement statistique) ont développé un outil à l’usage des professionnels baptisé ClimSnow où chaque station décryptée s’avère unique.
Des technologies de pointe
Pour Anne Marty, présidente de Domaines Skiables de France, « l’altitude n’est plus la seule garantie ». Car les stations ont investi dans des technologies de pointe pour produire une neige de culture très performante et réaliser un damage millimétré grâce à des systèmes GPS embarqués, métiers qui relèvent désormais d’une grande expertise. Jacques Alvarez, directeur de Font-Romeu – où la neige de culture a 50 ans – précise : « Aujourd’hui, une couche naturelle de 10 à 20 centimètres se préserve pendant des semaines si elle est bien travaillée ; et avec 25 % d’eau en moins, on cultive le double de volume de poudre qu’aux débuts. » Même constat aux Carroz où le retour en station, à 1 140 mètres, peut être assuré avec 30 cm de neige fraîche.
Une indispensable adaptation
Contrairement aux idées reçues, les saisons à fort déficit d’enneigement, comme en 2022, n’ont pas forcément généré de baisse de fréquentation significative. Ce fut le cas dans les Hautes-Alpes avec une saison record cette année-là. En revanche, le fort manque à gagner dû à la baisse des ventes de forfaits oblige à repenser le modèle économique en diversifiant les loisirs par de nouveaux investissements, y compris là où la neige abonde. Car « attention aux certitudes des stations d’altitude qui ne prévoient pas l’avenir », prévient Bruno Avêque (hôtel V de Vaujany). L’Alpe d’Huez s’est ainsi appuyée sur son économie du ski florissante pour lancer le plan Altitude 3300, à 300 millions d’euros sur trente ans. De même, Peyragudes a investi pour surélever le domaine et faciliter l’accès en altitude aux non-skieurs : « Assurer le quotidien et préparer l’avenir », résume Laurent Garcia, son directeur de l’office du tourisme.
« À l’avenir, une station de montagne intégrera, entre autres loisirs, une zone pour le ski », estime Fabrice Pérez (Les 2 Alpes). Et les futures générations connaîtront une montagne hivernale non plus focalisée sur ce seul sport, mais multi-active. La hausse des taux de fréquentation malgré des hivers difficiles reflète déjà cette évolution.
« Aucune station n’est identique »
Interview avec Carlo Carmagnola, chercheur associé au Centre d’études de la neige de Météo France.
L’Express : Quels sont les grands enseignements de vos études sur l’enneigement ?
C.C. Le principal, c’est qu’il ne faut pas généraliser un résultat. Nos travaux se basent sur les critères de géographie, d’altitude, d’orientation et de degré de pente. Ils portent sur plus de 200 stations et aucune n’est identique. Les effets du réchauffement ne progressent pas à la même vitesse se montrant plus rapides et visibles en bas, mais bien réels en haute altitude.
Il existe donc autant de modélisations que de stations ?
Oui, d’autant que nous tenons aussi compte, pour le manteau neigeux, de l’action humaine sur le damage et sur la neige de culture, et de diverses incertitudes comme le vent. Nous pouvons analyser l’épaisseur de neige sur les pistes de ski à différentes échéances temporelles. Mais cela reste une tendance à long terme, différente des prévisions météo du lendemain.
Comment partagez-vous ces résultats avec les stations ?
Nous leur présentons différents scénarios en mettant l’accent sur le cas le plus défavorable. Car le pire scénario est hélas le modèle le plus probable !
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Author : Renaud Richebé
Publish date : 2025-11-13 09:30:00
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