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Les fast-foods bientôt taxés en France ? Pourquoi ce projet des écologistes fait débat

Les fast-foods bientôt taxés en France ? Pourquoi ce projet des écologistes fait débat

Elles fleurissent régulièrement au coin des rues des grandes et moyennes villes, offrant burgers, poulet frit, donuts ou encore sandwichs à emporter : au pays de la gastronomie, les chaînes de fast-food prospèrent. Une croissance exponentielle qu’il convient à présent de refréner, pour les députés écologistes.

Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2026, les députés du groupe écologiste et social ont déposé un amendement instaurant une double taxe aux chaînes de restauration rapide franchisées, à partir du 1er juillet 2026. La première est une taxe unique, due à l’ouverture de l’établissement, d’un montant de 50 000 euros. Elle s’accompagne d’un deuxième impôt annuel, une « taxe à l’exploitation » fixée à 10 000 euros. Celle-ci débuterait l’année suivant l’enrôlement de la taxe d’ouverture. Le montant de ces deux impôts serait même doublé si le fast-food est situé à moins de 300 mètres d’un établissement scolaire, comme le précise la proposition des députés qui devra être examinée dans le cadre des discussions portant sur le budget 2026.

Seuls les franchisés sont concernés

Le groupe écologiste, inquiet de la croissance du nombre de chaînes franchisées, souhaite ainsi « freiner la prolifération de fast-foods », à commencer par le géant McDonald’s. L’enseigne américaine domine largement le marché français de la restauration rapide avec 1 560 restaurants en 2024, faisant de la France la première filiale de McDonald’s dans le monde après les Etats-Unis, indiquent Les Echos. Elle avait annoncé en début d’année vouloir ouvrir 50 restaurants supplémentaires en France en 2025. Burger King, qui se revendique deuxième chaîne de burgers dans le pays, dit quant à elle ouvrir 50 à 75 restaurants tous les ans.

« A l’inverse, les défaillances dans le secteur de la restauration traditionnelle ont atteint un niveau historiquement élevé », opposent les députés dans leur amendement. Ces derniers dénoncent aussi la « standardisation de l’alimentation » et les enjeux de santé publique que pose la restauration rapide. Dans les faits, cette taxe ne concernerait pas seulement les enseignes franchisées de burgers, tacos ou sushi, mais aussi des chaînes de boulangerie. Les restaurants indépendants – qui ne sont pas liés à une enseigne par un contrat de franchise – ainsi que les filiales intégrées aux chaînes de fast-food ne seraient pas concernés par cette taxation.

Le secteur dénonce une distorsion de concurrence

Naturellement, la proposition écologiste a déclenché la colère du secteur. Dans une lettre adressée aux parlementaires et publiée par le journal spécialisé LSA, trois organisations professionnelles demandent le rejet de l’amendement. La Fédération des Entrepreneurs de la Boulangerie (FEB), la Fédération Française de la Franchise (FFF) et le Syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide (Snarr) indiquent que le texte « ne vise pas une activité mais un modèle d’exploitation : la franchise », et non la nature du produit. Ce projet fait selon eux peser la charge fiscale « sur des entrepreneurs juridiquement indépendants », alors que les non-franchisés « ne paieraient rien ».

Ils dénoncent ainsi une distorsion de concurrence entre des petites entreprises locales qui « dynamisent les territoires » et des acteurs « plus capitalisés ». Les fédérations alertent également sur le fait que les chaînes de fast-food pourraient tenter de contourner la taxe en privilégiant un modèle intégré, où l’enseigne détient l’établissement, contrairement au modèle de franchise.

La Fédération des Entrepreneurs de la Boulangerie fustige dans un communiqué une mesure « dévastatrice » pour les boulangeries franchisées. Elle pénaliserait « des boulangers qui défendent au contraire une alimentation de qualité et un savoir-faire reconnu ».

Un secteur en plein essor

Les discussions ont lieu alors que le secteur de la fast-food connaît une croissance exponentielle. Selon une étude du cabinet spécialisé Food Service Vision relayée par LSA, les chaînes de restauration rapide ont ouvert au total 3 702 nouveaux points de vente entre 2019 et 2024, et le chiffre d’affaires du secteur a progressé de 33 % pour atteindre 15,6 milliards d’euros. La fast-food porte largement la croissance du secteur plus large des chaînes de restauration, qui compte par exemple des enseignes comme Hippopotamus, Flunch ou Léon et pesait 21 milliards d’euros en 2024. En valeur, les fast-foods burger sont les plus plébiscités par les Français, suivis par la viennoiserie-sandwicherie et les grills. Preuve de l’appétit français pour la restauration rapide, plusieurs enseignes américaines ont récemment tenté le pari tricolore, comme Dunkin’Donuts ou Krispy Kreme.

Reste que le secteur tire en très grande partie sa croissance de l’ouverture de nouveaux points de vente et non de la fréquentation de ses restaurants, plutôt en légère baisse, note l’étude. C’est justement l’un des arguments avancés par les députés écologistes dans leur amendement pour freiner les ouvertures de fast-foods.



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Publish date : 2025-11-15 11:43:00

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