Tout est parti d’un sondage, qui a donné des sueurs froides au parti d’extrême droite à la tête du pays. Alors que se profilent les élections législatives, en avril 2026, un institut indépendant publie des chiffres sur les intentions de votes… donnant la principale formation d’opposition, Tisza, parti conservateur pro-européen de Péter Magyar largement en tête devant le Fidesz de Viktor Orban. 18 points d’écart entre les deux partis. Un autre sondage, de l’institut Electoral Geography, place aussi Tisza en tête, de sept points cette fois devant le parti de gouvernement…
Des chiffres qui ont créé des remous dans les rangs du Fidesz à six mois des élections, et conduit le premier ministre à adopter une rhétorique beaucoup plus offensive contre l’opposition. Avec un angle d’attaque principal : la guerre en Ukraine. Pour rassurer des électeurs inquiets d’une importation du conflit voisin sur leur sol, Viktor Orban joue la carte de la « raison ». Dans les meetings de campagne, il galvanise les foules sur fond de slogans « anti-guerre » et se défend même d’être « le seul pays d’Europe à défendre la paix ».
« Anti-guerre » et « voix de la raison »
Il accuse d’ailleurs son principal opposant, Péter Magyar – un ancien fidèle de son parti, qui a subitement changé de camp en 2024 – de vouloir entraîner la Hongrie dans la guerre sans fin entre Moscou et Kiev et d’être le vassal de Bruxelles dans sa « course perdue » au réarmement. « Le Fidesz est le parti de la guerre et de la haine, tandis que Tisza œuvre pour la paix dans le pays et dans le monde », a rétorqué sur Facebook Péter Magyar, pour qui l’actuel premier ministre n’est autre que le « cheval de Troie » du Kremlin dans l’UE.
Pas de quoi décourager Viktor Orban, qui entend faire de ces élections législatives, une sorte de « référendum sur la guerre et la politique étrangère », analyse auprès du Guardian Dániel Róna, politologue et directeur du centre de recherche indépendant 21 Research Centre. Mais pour son homologue du think tank Electoral Geography, pas sûr que cette stratégie suffise pour convaincre des électeurs confrontés à l’inflation et à une crise des services publics. Des thématiques sur lesquelles Tisza est aujourd’hui plus populaire dans l’opinion hongroise.
L’intelligence artificielle au service du Fidesz
Toutefois, s’il est clair qu’il se concentre principalement sur la question ukrainienne, le parti de Viktor Orban redouble également d’efforts pour convaincre sur d’autres enjeux, avec des méthodes plus ou moins conventionnelles. A commencer par l’utilisation de l’intelligence artificielle pour décrédibiliser le principal parti d’opposition. Dans la presse locale, Péter Magyar apparaît ainsi sur une photo générée par IA, dans la posture d’un chien, détaille Libération. A quatre pattes, on l’aperçoit tenu en laisse par Manfred Weber, président du parti de droite (PPE) au Parlement européen et bête noire du gouvernement Orbán.
Mais ce n’est pas tout : sur les réseaux sociaux du directeur de campagne de Viktor Orban, Péter Magyarar apparaît également sur une vidéo générée par IA, dans laquelle il déclare réduire les pensions de retraite. Une première en Europe, où un parti de gouvernement n’avait jusqu’alors jamais utilisé un deepfake pour mettre dans la bouche de son adversaire des propos qu’il n’a jamais tenus. « Viktor Orban et son parti ont touché le fond avec des vidéos truquées par intelligence artificielle », a de son côté dénoncé Péter Magyar, annonçant qu’il comptait porter plainte. « Il y a un vrai risque pour la confiance dans la démocratie dans toute l’Europe », alerte dans Le Monde Zsuzsanna Végh, spécialiste de l’Europe centrale au German Marshall Fund, rappelant que la Hongrie sert régulièrement « de laboratoire des innovations illibérales » pour les partis d’extrême droite européens.
Soutien de Trump à la campagne d’Orban
Quant à la question ukrainienne, elle n’est jamais bien loin : des clips vidéo utilisant le narratif « Les pantins vont utiliser l’argent de nos impôts pour soutenir l’Ukraine » inondent également la toile. Et l’administration Trump est elle aussi entrée dans la danse pour soutenir Viktor Orban. Après avoir reçu ce dernier le 7 novembre à la Maison-Blanche, elle a annoncé dans la foulée couper les financements à Szabad Europa, un média indépendant hongrois, filiale du groupe Radio Free Europe.
Ces annonces interviennent alors que les dirigeants hongrois et américains sont en très bons termes. Les Etats-Unis viennent même d’octroyer à la Hongrie une exemption de l’interdiction d’importer du pétrole russe sous peine de sanctions, que Viktor Orban souhaite voir se prolonger. Il vient d’ailleurs d’annoncer ce dimanche saisir la Cour de justice de l’Union européenne contre la suppression des importations de gaz russe décidée par le bloc.
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Publish date : 2025-11-16 12:15:00
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