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En Suisse, débats agités sur l’évolution du service militaire

En Suisse, débats agités sur l’évolution du service militaire

Alors qu’en France Emmanuel Macron a annoncé vouloir remettre en place un service national militaire pour les volontaires, la Suisse, elle, songe à le modifier. Ce dimanche 30 novembre, la population helvète doit se prononcer sur son remplacement par un service civique obligatoire pour tous, une proposition qui a suscité de vifs débats dans le pays. Pour ses défenseurs, l’objectif est de faire évoluer le service militaire obligatoire actuel vers un service pour tous, hommes et femmes, que ce soit dans l’armée, la protection civile ou dans des domaines tels que la protection de l’environnement et l’intervention en cas de catastrophes, la cyberdéfense ou l’agriculture.

« Le monde a changé ces dernières années. Assurer la sécurité dans le pays devient de plus en plus difficile. On ne peut plus compter uniquement sur l’armée. Le service citoyen permet une évolution vers un système de milice moderne et intégral, dans lequel l’armée conserve sa priorité et qui permet aussi aux femmes de s’y intégrer pleinement », soutient le conseiller national Beat Flach auprès du Temps, qui rappelle que les femmes n’ont actuellement pas l’obligation de servir en Suisse.

L’initiative viserait ainsi une « véritable égalité », où « chaque jeune contribuerait au bien-être de la collectivité d’une manière ou d’une autre », appuie à l’AFP Noémie Roten, à l’origine de la mesure. Selon elle, le système actuel est discriminatoire car il exclut les femmes des réseaux et expériences acquis lors du service, et dans un contexte de tensions géopolitiques et de conflits en Europe, Noémie Roten estime qu’il est temps d’accorder aux femmes une place égale dans un projet collectif de protection.

Une mesure déséquilibrée

A l’inverse, Cyrielle Huguenot, responsable égalité, famille et migration à l’Union syndicale suisse (USS), juge que l’initiative « occulte complètement la réalité des femmes dans ce pays ». Selon elle, les Suissesses consacrent déjà 60 % de leur temps à des tâches non rémunérées, alors que pour les hommes, « c’est le contraire ». « Et là en leur demandant un service non payé, on augmente encore plus ce déséquilibre », assure-t-elle. « Comment ose-t-on demander aux femmes d’en faire encore plus pour la société, avec tout le poids qu’elles portent déjà sur leurs épaules ? Le comité d’initiative parle d’égalité, alors que les femmes touchent encore 20 % de moins que les hommes en Suisse, qu’elles sont victimes de violences, et qu’elles n’ont pas les mêmes chances », s’emporte également Tamara Funiciello, conseillère nationale suisse, interrogée par Blick.

Opposé à la réforme, le gouvernement a repris l’argument mais a aussi insisté sur le fait que ce système doublerait son coût actuel. Le dispositif en vigueur prévoit au moins quatre mois de service militaire avant des sessions de recyclage de plusieurs semaines pendant une décennie. Mais pour Noémie Roten, avec un nombre accru de personnes, la durée du service pourrait facilement être raccourcie, permettant ainsi de réduire les coûts. En outre, le devoir civique national peut selon elle être considéré comme un investissement, renforçant la résilience de la Suisse en cas de catastrophe. Dans tous les cas, les sondages locaux semblent éloigner la possibilité de l’adoption de la mesure, bien qu’elle fût à l’origine plébiscitée. Selon l’institutgfs.bern, 64 % des personnes interrogées y sont opposées.



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Publish date : 2025-11-27 17:18:00

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