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Airbus : ce que l’on sait des milliers d’avions A320 cloués au sol

Airbus : ce que l’on sait des milliers d’avions A320 cloués au sol

On a l’habitude des turbulences de Boeing, un peu moins de celles d’Airbus. Vendredi 28 novembre, le constructeur européen a pourtant annoncé le rappel de quelque 6 000 avions A320 pour remplacer en toute urgence un logiciel de commande vulnérable aux radiations solaires, après un incident fin octobre aux États-Unis. Une situation qui a provoqué retards et annulations aux quatre coins du monde, des Philippines à la Colombie. L’Express fait le point.

Un incident à l’origine de cette campagne

Cette campagne de rappel d’A320 fait suite à un incident le 30 octobre sur un vol de JetBlue entre Cancun, au Mexique, et Newark, près de New York. Au moment de la phase de croisière, au-dessus du golfe du Mexique, l’appareil a soudainement piqué vers le sol sans aucune intervention des pilotes, les contraignant à se poser en urgence à Tampa, en Floride.

Le décryptage de l’incident a « révélé que des radiations solaires intenses pourraient corrompre des données essentielles au fonctionnement des commandes de vol », rapportait le groupe européen. « Si ce problème n’est pas corrigé, il pourrait, dans le pire des cas, entraîner une manœuvre de profondeur non commandée susceptible de dépasser les limites de résistance structurelle de l’appareil », alertait de son côté l’agence européenne de l’aviation.

Que sait-on du logiciel ?

Il s’agit d’un calculateur profondeur-ailerons (ELAC) fabriqué par Thales, un fournisseur d’Airbus, bien que ce dernier ait précisé à l’AFP ne pas être à l’origine du problème. « La fonctionnalité dont il est question est portée par un logiciel qui n’est pas de la responsabilité de Thales », a-t-il indiqué. Airbus, lui, n’a pas précisé quelle entreprise avait conçu et mettait à jour ce logiciel. Mais les effets des particules éjectées à grande vitesse par le soleil, qui peuvent parfois altérer les signaux électriques, sont relativement bien documentés. « Nous avons affaire en ce moment à des éruptions solaires particulièrement violentes, à des rayonnements qui sont plus élevés que ce qui était prévu et pensé. Il n’y a pas eu d’erreur ou de faute. Simplement, il y a des évolutions et on va s’adapter à ces évolutions », a expliqué sur LCI Michel Polacco, expert en aéronautique et spécialiste des questions de défense.

Pour la plupart des avions, le changement de logiciel avec sa version précédente prendra « quelques heures ». Mais pour environ 1 000 avions, la manœuvre devrait impliquer le changement du matériel informatique, « ce qui prendra des semaines », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. Un délai tempéré par le ministre des transports français, Philippe Tabarot. « D’après les dernières informations que je possède, mais Airbus pourra bien sûr et devra communiquer là-dessus, il semblerait qu’il y aurait beaucoup moins d’A320 qui seraient impactés plus durablement par le changement du logiciel », a-t-il déclaré depuis l’aéroport de Nice. « On avait évoqué la possibilité sur un millier d’appareils. Il semble qu’on ne parle maintenant que d’une centaine d’appareils », a-t-il poursuivi.

Quelles répercussions ?

Cette vulnérabilité révélée vendredi faisait craindre de fortes perturbations sur le trafic aérien mondial, l’A320 étant l’appareil le plus vendu au monde. Entré en exploitation en 1988, il avait été livré fin septembre en 12 257 exemplaires.

Face à ce problème, Air France a indiqué avoir annulé 35 vols vendredi au départ des aéroports français. Ce samedi matin, la compagnie annonçait un « retour progressif à la normale », « sauf dans la zone » desservant les Caraïbes, où « les avions demandent une maintenance plus longue ». Le ministre des Transports Philippe Tabarot a précisé ce même jour sur BFMTV qu’il y a « assez peu d’impact sur le territoire national ». « Globalement la situation est stabilisée, chaque passager a une solution », a-t-il ajouté.

Les compagnies aériennes sont plus ou moins touchées. Après avoir initialement assuré ne pas être « affecté », l’Américain United Airlines a finalement dénombré six appareils concernés et dit s’attendre à « des perturbations mineures sur quelques vols ». Indigo et Air India, deux des principales compagnies aériennes indiennes, ont à leur tour prévenu de retards dus à l’immobilisation de certains appareils.

D’autres compagnies semblent plus touchées, comme la Colombienne Avianca, qui estimait vendredi que 70 % de sa flotte était concernée, ce qui devrait engendrer des « perturbations importantes dans les dix jours à venir ». Ce transporteur a suspendu la vente de billets jusqu’au 8 décembre. Aux Philippines, les compagnies locales Philippine Airlines et Cebu Pacific ont aussi dû annuler plus de 40 vols et proposé remboursement et changements de dates aux passagers lésés.



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Publish date : 2025-11-29 14:39:00

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