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Demander ses collègues en amis sur les réseaux ? « Votre crédibilité peut en prendre un coup… »

Demander ses collègues en amis sur les réseaux ? « Votre crédibilité peut en prendre un coup… »

Entre les clichés remplis de belles couleurs sur Instagram, des photos de ses enfants sur Facebook, des coups de gueule personnels sur LinkedIn, les réseaux sociaux sont devenus un espace où l’on suit, où l’on est suivi, où l’on se crée une communauté. Par conséquent, il peut être tentant d’ajouter des collaborateurs, son supérieur hiérarchique ou ses subordonnés à sa liste de contacts, ou bien d’accepter leurs sollicitations. Mais qui inviter sans se tromper ? Peut-on refuser une demande ? Et quels pourraient être les risques, personnels comme professionnels, si la relation de travail venait à se dégrader ? Autant de questions à considérer avant de cliquer sur le bouton « inviter » ou « accepter ».

« Le manager peut avoir des affinités avec certains collègues et nombreux sont ceux qui ont vu de réelles amitiés naître au bureau », observe Marie-Clémence Paget, directrice marketing chez Hays France, cabinet de recrutement. Les réseaux sociaux, explique-t-elle, peuvent servir à briser la glace au travail, « à créer des liens autour de centres d’intérêt communs et à discuter d’autres sujets que les échéances des projets ». Et si la relation avec un collaborateur devient plus amicale, « il n’est pas forcément nécessaire de la réfréner au nom d’une conception peut-être dépassée du professionnalisme », précise-t-elle. « Mais le fait d’accepter l’invitation de collaborateurs sur les réseaux sociaux n’est pas neutre », ajoute-t-elle. Avec un risque majeur : « brouiller la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle… ». « Je suis très vigilante sur ce que je partage », décrit Marie-Clémence Paget qui reste en mode contrôle et estime que la crédibilité du manager se poursuit dans le virtuel. Elle a d’ailleurs tranché : « sur Instagram, je ne parle jamais de travail ». « Il faut avoir une posture, savoir gérer ses propres réseaux et avoir des règles », préconise-t-elle.

S’il peut sembler difficile pour un manager de recadrer un collaborateur qui le suit sur les réseaux sociaux, le problème n’est en réalité pas différent de celui qui se pose au bureau. « Le risque ne vient pas de la connexion elle-même, mais d’un management insuffisant. Ce sont l’absence de règles et de transparence qui peuvent entacher une relation, pas le réseau social », souligne-t-elle.

Un risque de malentendus

Tout en partageant l’avis de Marie-Clémence Paget sur l’intérêt des réseaux sociaux pour « maintenir une bonne communication en dehors du cadre strict du bureau, renforcer l’esprit d’équipe et tenter de mieux comprendre la personnalité de chacun », Sébastien Ollivier, lui, met toutefois en garde sur un point essentiel : la « maîtrise de l’information ». Ce communicant et enseignant en IA à l’ESA (École supérieure des agricultures d’Angers) soulève notamment une autre question : celle de l’anonymat numérique, qui vaut aussi en entreprise, où certains collègues n’apprécient pas de figurer ou d’être tagués sur des photos. « Leur a-t-on demandé leur avis ? Cela peut potentiellement créer des malentendus entre ceux qui trouvent une situation drôle et les autres », pointe-t-il.

Le malaise, poursuit Sébastien Ollivier, peut encore s’accentuer lorsque l’auteur du post attend un « like » qui… n’arrive jamais ou lorsque circule une photo d’une soirée très arrosée et que le responsable hiérarchique peut tomber dessus. « Certes, c’est de l’ordre de la vie privée, mais cela peut nuire à la crédibilité », prévient-il.

Apprendre à dire « non » à une sollicitation

D’autres risques apparaissent également dans les usages quotidiens des réseaux entre collègues. Sur WhatsApp, actif en soirée comme le week-end, le principal écueil reste l’hyperconnexion. Sur Facebook, « attention : tout le monde ne maîtrise pas les paramètres de confidentialité », rappelle Sébastien Ollivier, qui voit moins de danger sur Instagram, « plus visuel et créatif ». Quant à X, il le juge à double tranchant : « on peut y lire des choses venant de l’autre qui mettent vraiment mal à l’aise ». Dans la vie réelle, l’image est différente : on peut très bien ignorer, par exemple, les convictions politiques d’un collègue.

Concernant LinkedIn, il sert à suivre les carrières et, probablement aussi, à mettre en avant son expertise. Pour Sébastien Ollivier, le plus grand risque est ailleurs : ne jamais réussir à déconnecter, passer d’un réseau à l’autre, 24h/24h, jusqu’à l’épuisement. Il appelle à une forme de responsabilité numérique : couper les notifications, supprimer les comptes zombies. Et apprendre aussi à dire « non » à une sollicitation, afin d’éviter l’intrusion numérique et la sensation d’être « surveillé » par un collègue… ou par son supérieur.



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Author : Claire Padych

Publish date : 2025-12-03 19:37:00

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