Une fois n’est pas coutume, nous n’allons pas reparler pour la énième fois de Philippe de Villiers ni de Jordan Bardella. Ce n’est pas qu’on ne se passionne pas pour Populicide ou Ce que veulent les Français (parus chez Fayard), deux livres assurément majeurs, mais cette semaine une anomalie retient notre attention un peu plus bas dans le classement des essais. Entre Eric Zemmour, 7e avec La Messe n’est pas dite (Fayard encore) et Tony Estanguet, 9e avec Pour l’amour du sport (Calmann-Lévy), c’est Olivier Marleix qui est 8e avec Dissolution française (Robert Laffont).
On ne fera pas injure à feu Olivier Marleix, retrouvé pendu chez lui en juillet dernier, en affirmant qu’il était moins médiatique que Zemmour et Estanguet. Est-ce le mystère de sa disparition, comme en écho à celles, tout aussi tragiques et romanesques, de François de Grossouvre et de Pierre Bérégovoy, qui explique son succès posthume ? Sa mort avait suscité des conjectures complotistes. Il y a sans doute de cela, mais pas que. Avec son look façon Giscard 1974, Olivier Marleix ne manquait pas d’allure, se distinguant du débraillage actuel. Député depuis 2012, anciennement maire d’Anet, vice-président du conseil général d’Eure-et-Loir et président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, il était estimé par ses pairs. Sous-titré « la fin du macronisme », Dissolution française est enfin un livre politique d’une grande lucidité qui confirme que Marleix, déjà auteur des Liquidateurs, ne manquait pas de talent comme essayiste. Avec 4 000 exemplaires vendus rien que la semaine dernière, Dissolution française a déjà trouvé 15 000 acheteurs – sauf surprise, le tirage de 30 000 exemplaires sera écoulé d’ici la fin de l’année.
Ventes de livres : comment expliquer le mystère Olivier Marleix ?
A titre de comparaison, regardons les chiffres de trois anciens Premiers ministres de droite ayant publié cette année… Edouard Philippe a vendu 15 000 exemplaires du Prix de nos mensonges (JC Lattès), Dominique de Villepin un peu plus de 10 000 exemplaires du Pouvoir de dire non (Flammarion) et Michel Barnier un peu plus de 5 000 exemplaires de Ce que j’ai appris de vous (Calmann-Lévy). Bruno Retailleau est à moins de 5 000 exemplaires avec son manifeste contre l’islamisme Ne rien céder (L’Observatoire). Quant à l’ambitieux Xavier Bertrand, il atteint péniblement les 2 000 exemplaires avec Rien n’est jamais écrit (Robert Laffont), pourtant paru juste avant Dissolution française. Le camp post-gaulliste, qui cherche toujours son homme providentiel, a perdu avec Marleix quelqu’un qui aurait pu compter en vue de 2027…
Du côté des romans, on ne trouve aucun intrus aussi remarquable. Le prix Goncourt Laurent Mauvignier trône toujours en tête avec La Maison vide (Minuit). Notons quand même, et pour notre plus grande joie, que le prix Renaudot Adélaïde de Clermont-Tonnerre (5e avec Je voulais vivre, Grasset) est désormais bien devant le prix Femina Nathacha Appanah (6e avec La Nuit au cœur, Gallimard) et le prix Médicis Emmanuel Carrère (9e avec Kolkhoze). Maintenant que le tri a été fait dans la rentrée littéraire, le mois de décembre devrait être fructueux pour ces quelques rares élus.
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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld
Publish date : 2025-12-05 16:28:00
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