« La primaire qui dynamite la droite », se félicite le Journal du Dimanche, média classé à l’extrême droite, ce dimanche 7 décembre. Une formule qui résume bien l’idée à l’œuvre depuis plusieurs semaines dans les rangs de la droite parlementaire. À l’approche de la présidentielle de 2027, Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, défend le principe d’une primaire largement ouverte, bien au-delà du périmètre traditionnel des Républicains, jusqu’à inclure l’eurodéputée du parti d’extrême droite Reconquête! Sarah Knafo. Présentée comme un antidote aux échecs électoraux répétés, cette stratégie fait surtout planer le risque d’une nouvelle fracture interne au parti.
Fin octobre, sur RTL, le patron des députés LR se livrait à un exercice d’équilibriste. D’un côté, il assume le principe d’un large départage « de Gerald Darmanin à Sarah Knafo », tout en évitant soigneusement de prononcer le nom d’Eric Zemmour. Une précaution qui ne trompe personne, d’autant que les deux hommes se connaissent bien. « Impossible d’imaginer cette primaire élargie à Reconquête! sans l’aval de son fondateur, compagnon de Sarah Knafo à la ville », soulignent nos confrères du Monde. Du côté de la principale intéressée, cette dernière avait défendu sur RTL cette idée également : « Cette primaire à droite pourrait être utile pour remettre les idées de la droite au centre du débat. »
Aux côtés de Laurent Wauquiez, d’autres membres des Républicains revendiquent la même réflexion. Depuis plusieurs mois, David Lisnard plaide pour une reconfiguration stratégique de la droite, tandis que Philippe Juvin partage la même analyse. « Si on veut être au second tour, la droite ne peut plus se payer le luxe des premiers tours qui partageaient un Balladur, un Chirac, un Giscard, un Barre, disait sur BFMTV le maire de Cannes et président de l’association des maires de France (AMF). Pour certains caciques de la droite, Sarah Knafo est vue comme une figure susceptible d’élargir la base électorale, sans passer par une alliance avec le Rassemblement national (RN).
« Des différences de nature et de fond avec Reconquête! »
C’est là que la ligne défendue par Laurent Wauquiez se précise : refuser tout rapprochement avec un RN jugé trop interventionniste sur le plan économique, tout en assumant un dialogue avec une droite identitaire. Mais qu’en est-il du côté de l’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau ? Ce dimanche 7 décembre, le président des Républicains a entretenu le flou en s’adressant aux électeurs du RN en plaidant pour une « union des droites » qui doit se faire « dans les urnes » lors des prochaines échéances électorales, sans préciser la frontière de cette union.
Autre cador de la droite, Nicolas Sarkozy n’emploie pas encore le terme « union des droites », mais il s’en approche. Dans son livre écrit pendant ses trois semaines de détention à la prison de la Santé, l’ancien chef d’État raconte un échange avec Marine Le Pen où il assure ne pas vouloir « s’associer » à un front républicain contre l’extrême droite. Il se dit prêt à « assumer » une position favorable au « rassemblement le plus large possible » de la droite, son extrême y compris.
Mais l’opposition la plus nette vient d’une frange du parti attachée à un cordon sanitaire clair avec l’extrême droite. Le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques invoque, dans un entretien à L’Express, « des différences de nature et de fond avec Reconquête! » De son côté, Michel Barnier refuse, lui aussi, toute perspective de débat commun. Quant à Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, il rejette l’idée même d’une primaire ouverte à Sarah Knafo. « Ces déclarations « ouvrent la porte à une discussion programmatique avec l’extrême droite à laquelle nous ne pouvons que nous opposer », avait-il dénoncé.
Au-delà de la méthode, la question centrale demeure celle d’un socle idéologique commun. En creux, la primaire proposée par Laurent Wauquiez suggère une proximité politique que beaucoup de cadres LR contestent encore, peu enclins à bâtir un projet partagé un parti qui revendique la théorie du « grand remplacement ».
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Author : Audrey Parmentier
Publish date : 2025-12-07 16:33:00
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