Dimanche matin, huit militaires apparaissent à la télévision béninoise pour annoncer la destitution du président Patrice Talon. Sur le terrain, la situation est pourtant loin d’être sous contrôle pour les mutins. L’armée béninoise, et en particulier la garde républicaine, engage une riposte immédiate. Le chef de cette unité, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, dirige personnellement les opérations. Selon lui, environ une centaine de putschistes, équipés de moyens importants dont des véhicules blindés, ont tenté de prendre le pouvoir en misant sur l’effet de surprise.
Cette stratégie échoue rapidement. Les mutins ne parviennent pas à rallier d’autres unités de l’armée, tandis que la garde républicaine reçoit au contraire le soutien spontané de forces venues d’autres corps. Tout au long de la journée de dimanche, l’armée reprend le contrôle de zones et de points stratégiques de la capitale économique. Les affrontements font plusieurs victimes, sans qu’un bilan précis ne soit communiqué. Repoussés après de violents combats, les mutins se replient en fin de journée dans le camp militaire de Togbin, situé dans une zone résidentielle, faisant craindre de possibles dégâts collatéraux. Dimanche soir, le président Patrice Talon annonce que la situation est « totalement sous contrôle ».
Surveillance, observation et soutien logistique
C’est à ce stade que l’aide extérieure est devenue déterminante. Le Nigeria est intervenu militairement en menant des frappes aériennes sur le camp de Togbin, avant de déployer des troupes au sol qui ont participé à la reprise de la base dans la nuit de dimanche à lundi.
La France a également apporté un soutien, confirmé mardi par l’Elysée. Paris a indiqué avoir appuyé les forces béninoises « en termes de surveillance, d’observation et de soutien logistique », à la demande de Cotonou et en coordination avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Selon le colonel Tévoédjrè interviewé par l’AFP, des forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan pour des opérations de ratissage, une fois que l’armée béninoise avait repris l’essentiel du contrôle. L’état-major français n’a pas souhaité commenter ces déploiements.
Une douzaine de militaires arrêtés
Sur le plan diplomatique, Emmanuel Macron a mené un « travail de coordination » et « d’échange d’informations avec les pays de la région », d’après l’Elysée. Il s’est entretenu avec son homologue béninois, ainsi qu’avec les présidents du Nigeria et de la Sierra Leone, ce dernier assurant la présidence de la Cedeao. L’organisation régionale a annoncé dès dimanche soir l’envoi de renforts militaires de plusieurs pays pour préserver l’ordre constitutionnel, dans une Afrique de l’Ouest fragilisée par la multiplication des coups d’Etat et par la menace djihadiste.
Au moins une douzaine de militaires ont été arrêtés à la suite de la tentative de putsch, tandis que certains responsables, dont le chef présumé des mutins, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, sont toujours en fuite. Deux hauts gradés, brièvement pris en otage, ont été libérés. Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, doit céder la présidence en avril prochain, après deux mandats, à l’issue d’un scrutin déjà marqué par de fortes tensions et des accusations de manque d’inclusivité.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-12-10 18:25:00
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