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Divorces et fractures : le budget chamboule toute l’Assemblée

Divorces et fractures : le budget chamboule toute l’Assemblée

Sébastien Lecornu peut enfin souffler. Le Premier ministre a été victorieux là où deux autres locataires de Matignon ont échoué avant lui : il a fait adopter son budget par l’Assemblée nationale. Car obtenir une majorité, dans un hémicycle aussi divisé que celui que nous connaissons, n’est pas une mince affaire. Pour, contre ou abstention, chaque option de vote a su provoquer son lot de polémique au sein des blocs politiques, voire des partis. Entre ruptures actées, dualités émergées de nouveau, et trahisons dénoncées… Les derniers jours ont été difficiles à suivre. On vous récapitule tout, de gauche à droite.

Social-Macronisme et Verts de rage

Manuel Bompard a du mal à avaler la pilule. Si le divorce était pourtant déjà acté, le coordinateur de La France insoumise ne se remet pas du marchandage du Parti socialiste avec le gouvernement. Les socialistes « ont confirmé ce changement d’alliance et ils ont rejoint les rangs de la macronie agonisante et finissante », a-t-il cinglé le 10 décembre, au micro de France Inter.

Pas de quoi saper les Roses, qui fanfaronnent. « Ce soir, grâce aux socialistes, la réforme [des retraites] est suspendue », s’est congratulé Olivier Faure sur le plateau de LCI. Pourtant, les jeux ne sont pas encore faits. Le texte qui a depuis été renvoyé devant le Sénat devra être voté une dernière fois par la chambre basse pour être définitivement adopté.

La réforme des retraites va disparaître. Cette victoire, c’est celle de toutes celles et ceux, les millions de Français•es, qui ont manifesté et aux côtés desquels j’étais.

Ce soir, grâce aux socialistes, la réforme est suspendue.

Désormais, tout le monde évoque d’autres… pic.twitter.com/7TePUNeIcx

— Olivier Faure (@faureolivier) December 9, 2025

La chute est d’autant plus violente pour La France insoumise, lâchée par les écologistes. En s’abstenant majoritairement, les Verts ont également joué leur rôle dans l’adoption de la copie du gouvernement et n’ont donc pas échappé aux réprimandes de Manuel Bompard. « Je les invite, d’ici au vote de la semaine prochaine, à se ressaisir parce que ce n’est pas le mandat que leur ont donné les électrices et électeurs », a exhorté le député des Bouches-du-Rhône.

Des accusations dont s’est défendue Marine Tondelier. Sur le plateau de Public Sénat, la patronne des écologistes a plaidé que l’abstention de son parti était un « choix de la raison » pour « alléger les souffrances des Français ». Et de couper court : je « ne perds plus de temps à répondre », « j’ai compris que j’étais leur ennemie ».

Horizons 2027

Edouard Philippe ne s’en cache plus, pour atteindre l’Elysée, il veut tuer le père. Celui qui avait été locataire de Matignon entre 2017 et 2020 n’en est plus à sa première attaque contre Emmanuel Macron.

Officialiser sa candidature à la présidentielle en pleine crise politique, appeler le président à démissionner, et la dernière en date : encourager ses 34 députés à ne pas voter le texte gouvernemental, consigne suivie par 25 d’entre eux. Mais pour certains observateurs, la stratégie du maire du Havre est vouée à l’échec : « Philippe a un énorme tatouage Macron sur son bras, il peut dire ce qu’il veut, il est lié », tacle un macroniste anonyme auprès de France Info.

Bras de fer pour les LR

Du côté des Républicains, c’est un duel vieux de plusieurs mois qui ressurgit : qui de Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau sera le plus respecté des Républicains ? Une question qui semblait avoir été résolue lorsque 75 % des militants LR avaient voté pour mettre le Vendéen à la tête du parti en mai 2025. Pourtant, alors que Bruno Retailleau avait ordonné à ses députés de voter contre le budget, 18 d’entre eux ont pris la direction inverse.

Une indiscipline que le président du parti attribue à Laurent Wauquiez, patron des LR à l’Assemblée. Dans un entretien accordé au Figaro, il éructe : « le budget de la France ne peut pas être le deuxième tour de l’élection au parti ». Et une telle défiance qui met le Vendéen en difficulté. « C’est un très gros revers pour Bruno Retailleau », analyse un conseiller ministériel issu des LR, incertain des « capacités de leadership » de son président.

De son côté, l’ex-président du parti et actuel patron de l’UDR, Eric Ciotti, s’est empressé d’ajouter de l’huile sur le feu, accusant dans Le Figaro Laurent Wauquiez de vouloir « détruire Bruno Retailleau ». Un seul groupe a échappé aux tensions post-budget : le Rassemblement national, dont l’ensemble des députés ont suivi la consigne de vote : contre.





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Author : Asia Dayan

Publish date : 2025-12-11 13:50:00

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