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Bourse : « Un rattrapage des valeurs européennes est probable en 2026 »

Bourse : « Un rattrapage des valeurs européennes est probable en 2026 »

Alors que la valorisation élevée des actions technologiques américaines commence à inquiéter les marchés, le directeur des investissements de Natixis Wealth Management, Benoît Peloille, recommande une diversification géographique accrue des portefeuilles pour 2026.

L’Express : Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?

Benoît Peloille : C’est la troisième année consécutive de fortes hausses des actions, notamment aux États-Unis, une série assez rare historiquement. Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit dans un contexte défavorable : ralentissement de l’économie mondiale, tensions géopolitiques, endettement massif des Etats et hausse des barrières commerciales.

L’année, toutefois, a été plus complexe que 2024. Nous avons enregistré une volatilité accrue des marchés, qui a dégradé la qualité des performances, surtout aux États-Unis. En outre, il a fallu composer avec le retour du risque de change et en particulier une forte baisse du dollar. Pour un investisseur européen, la performance des marchés américains, une fois convertie en euros, est moins attractive et même inférieure à celle du reste du monde.

Les marchés actions sont-ils trop chers ?

Aux États-Unis, clairement. Ailleurs, les valorisations restent plus raisonnables, ce qui explique notre décision d’accentuer la diversification géographique de nos portefeuilles. Nous observons outre-Atlantique de premiers signes d’euphorie, souvent précurseurs d’une dynamique de bulle.

Faut-il se détourner des valeurs technologiques américaines ?

Les prémices d’une bulle sont là, alors même que l’économie patine et que les taux d’intérêt demeurent élevés. Des mouvements brusques sur certaines valeurs comme Palantir ou Nvidia sont le signe d’une nervosité croissante des investisseurs.

Par ailleurs, le rebond de la tech intervenu depuis fin avril a bénéficié à tout le secteur sans distinction : ce sont les valeurs les plus risquées, parfois non profitables, qui ont surperformé. Ce regain d’appétit pour le risque nous incite à la prudence pour le début de l’année 2026. Difficile de dire si la hausse va se poursuivre, mais le risque associé devient important. D’autant que certains fondamentaux – profitabilité, lisibilité, agilité – qui faisaient la qualité du secteur commencent à être remis en question.

Notre message est clair : il y a d’autres opportunités. En revanche, nous ne sommes pas catastrophistes. Si la prime de valorisation de la tech se dégonfle, cela pourrait créer un point d’entrée pour revenir sur ce marché.

Quid des actions européennes ?

Pour le début de l’année 2026, un rattrapage est probable. La dynamique macroéconomique est favorable à la zone alors que l’économie américaine ralentit. En Europe, les signes de reprise se confirment. La croissance prévue pour 2025-2026 devrait rester supérieure à son potentiel. L’environnement est plus sain : les pressions inflationnistes sont maîtrisées et les valorisations sont nettement plus raisonnables. Le thème de la souveraineté européenne, en matière de défense et d’équipements, conserve de l’intérêt car il comporte une dimension structurelle forte.

Les petites et moyennes capitalisations semblent malgré tout à la traîne…

Le contexte leur est favorable d’autant que la baisse des taux d’intérêt permet d’améliorer la distribution de crédit, dont elles ont besoin pour financer leur croissance.

Quels seraient les freins possibles à l’embellie des marchés européens ?

La principale limite viendra du ralentissement américain. Quand ça secoue, ce sont toujours les Etats-Unis qui en profitent par rapport au reste du monde ! Les entreprises américaines protègent bien leurs profits et le dollar reste une valeur refuge, ce qui favorisera un rapatriement des capitaux outre-Atlantique au détriment de l’Europe.

L’or flambe, le bitcoin dégringole : comment analyser ce phénomène ?

L’or confirme son statut de véritable valeur refuge, renforcé par les inquiétudes autour des dettes des Etats, alors que les principales devises voient leur attractivité s’éroder. La géopolitique et le risque d’une inflation plus persistante aux Etats-Unis – avec les droits de douane – continuent également de soutenir le métal précieux. Il est intéressant de noter que le bitcoin, en revanche, ne bénéficie pas de ces moteurs. S’il s’agit également d’un actif disponible en quantité limitée, le parallèle avec l’or s’arrête là.



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Publish date : 2025-12-13 07:00:00

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