Il est 21 heures à Moscou, le dimanche 21 juillet, lorsque Joe Biden annonce son retrait de la course à la présidentielle américaine. La nouvelle fait le tour du monde et n’épargne pas la Russie. Dans la foulée, les propagandistes du Kremlin changent leur programme pour se concentrer sur l’arrivée fracassante de la nouvelle candidate démocrate, Kamala Harris. D’abord assez superficielles, les critiques envers l’actuelle vice-présidente des Etats-Unis se focalisent sur son rire, comme dans l’émission Vesti à 20h, qui montre Kamala Harris hilare. Sur cette base, Valéry Soloviev, présentateur de l’émission qui porte son nom, sur la chaîne Russia 1, se permet de la traiter de « folle » et « d’heureuse gogole ».Très vite, des commentaires beaucoup plus violents concernant le genre et la couleur de peau de Kamala Harris sont diffusés à l’antenne. Toujours dans l’émission de Soloviev, le politologue Andreï Sidorov lâche que « Kamala, avec le bouton nucléaire, est plus dangereuse qu’un singe avec une grenade ».Inquiétudes et théories du complotMalgré ces moqueries racistes et sexistes, l’ambiance est tout de même tendue sur les plateaux télé russes, car Donald Trump ne sera plus face à Joe Biden – que les médias russes adoraient détester. De toute évidence, le candidat républicain est le candidat privilégié de Moscou, lui qui semble prêt à laisser la Russie s’emparer du Donbass et de la Crimée en Ukraine, selon un article du Washington Post paru en avril. Vladimir Poutine avait d’ailleurs déclaré qu’il croyait que « le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump souhaitait sincèrement mettre fin à la guerre en Ukraine ».Selon le député russe Oleg Matveïchev, Trump a perdu son adversaire idéal. Lors de l’émission 60 minutes, lundi 22 juillet, il s’inquiétait : « Trump n’a désormais plus aucun atout ! Auparavant, il pouvait facilement attaquer la santé de Biden, maintenant il n’a plus rien à attaquer. » Qualifiant Kamala Harris de « diable dans sa forme la plus pure », le député regrette que « les discussions autour de l’âge du président Biden ou de la tentative d’assassinat contre M. Trump soient reléguées à l’actualité d’hier ».La tentative d’assassinat du candidat républicain lors de son meeting en Pennsylvanie le 14 juillet avait été largement commentée par les médias russes. Sur les chaînes de télévision, la propagande russe a tout fait pour démontrer que l’événement était une conséquence de « l’atmosphère créée par l’administration Biden » et que les tentatives d’assassinat de présidents sont une « tradition » du système politique américain.La même théorie du complot a été avancée dans le choix de retrait de Biden. Sur la chaîne fédérale NTV, lundi matin, le présentateur a déclaré que « les Américains attendent maintenant que le dirigeant âgé de 81 ans se présente devant les caméras de télévision et leur explique lui-même la situation », insinuant que Biden a été écarté sans son consentement. Même Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a ironisé pendant le talk-show de Valery Soloviev : « Joe Biden sait-il même qu’il n’est plus candidat ? »Le Kremlin dans la retenueNombre de commentateurs politiques se disent cependant sceptiques quant aux changements que pourrait apporter Kamala Harris, minimisant volontairement tout impact qu’elle pourrait avoir. La plupart des blogueurs « Z », appelés ainsi en raison de leur soutien à la guerre en Ukraine, ont largement évité le sujet ou assuré que « rien ne changerait », à l’instar du politologue Sergeï Markov. Proche du pouvoir, Markov a souligné dans six posts différents que « ses opinions gauchistes, son manque de charisme » et « l’image d’une marionnette de l’Etat profond » de Kamala Harris ne seront certainement pas appréciés des Américains.Le Kremlin a, quant à lui, réagi avec plus de retenue. « Il reste quatre mois avant l’élection, c’est une longue période au cours de laquelle beaucoup de choses peuvent changer. Nous devons faire preuve de patience et observer attentivement la suite des événements », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, sur Telegram. D’ici à l’élection, en novembre, Kamala Harris restera quoi qu’il en soit au centre de l’actualité russe.
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Publish date : 2024-07-24 14:00:00
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