Ce 19 décembre, le « Bilan de l’année » de Vladimir Poutine, cette traditionnelle séance d’autosatisfecit que le président russe exécute devant un parterre de journalistes, risque d’être bien morose. Car les nouvelles qui s’accumulent sur son bureau ne sont guère réjouissantes. Il y a d’abord la Géorgie, au bord de l’insurrection après la décision récente du gouvernement de suspendre le processus d’adhésion à l’Union européenne. Dans la rue depuis deux semaines, les Géorgiens dénoncent également des fraudes massives lors des récentes élections législatives. « Elles portent la signature des services russes », accusait la semaine dernière la présidente Salomé Zourabichvili dans L’Express. Le risque d’un nouveau Maïdan n’a jamais été aussi grand dans cette ancienne république soviétique, que Poutine veut absolument garder dans son giron. Va-t-il organiser une répression pour mettre ce pays au pas, comme il l’a fait en Biélorussie ? Possible, mais pour l’heure, ses manœuvres ont échoué.Il y a, ensuite, la Roumanie, cible, durant la récente campagne présidentielle, d’une opération massive de désinformation sur les réseaux sociaux. Dans le viseur des services secrets roumains, le Kremlin, qui voulait porter un candidat prorusse au pouvoir. Là encore, l’attaque a failli, le scrutin est reporté à l’an prochain.Enfin, la chute de Bachar el-Assad constitue un revers d’ampleur pour l’autocrate russe. Concentrée sur l’Ukraine, la Russie n’a pas pu « arrêter cette marche littérale à travers la Syrie, un pays qu’elle protège depuis des années », comme l’écrit Donald Trump sur son réseau social, Truth. Et se retrouve très affaiblie dans une région stratégique pour lui.Mauvaise nouvelle pour Poutine, que la fuite piteuse de son protégé Bachar el-Assad fait sûrement réfléchir. Car personne, pas même lui, n’avait mesuré la décomposition avancée du régime syrien, qui s’est effondré en dix jours comme un château de cartes. La Russie n’en est certainement pas à ce stade. Mais qui sait ce que pensent réellement les élites russes, alors que la guerre patine en Ukraine et que l’économie, derrière sa façade Potemkine, montre d’inquiétants signes de surchauffe ? Tout peut bouger très vite, Poutine le sait. Il n’a pas oublié la folle ruée sur Moscou de l’un de ses plus fidèles séides, Evgueni Prigojine, qui, à l’été 2023, a fait vaciller son trône durant une nuit. Et où il s’est soudain retrouvé bien seul. Comme un certain Bachar el-Assad.
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Author : Charles Haquet
Publish date : 2024-12-11 07:52:15
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