L’inquiétude grandit à Moscou, qui observe ses liens avec les anciennes nations soviétiques s’affaiblir sous la pression des sanctions occidentales liées à l’invasion de l’Ukraine. Un rapport gouvernemental qui a fuité, rapporté par le quotidien économique britannique le Financial Times, révèle que des hauts responsables russes se préoccupent des effets de la pression économique imposée par l’Europe et les Etats-Unis sur ses relations avec ses alliés, notamment son ancienne sphère soviétique. Les auteurs du rapport craignent aussi que les sanctions l’empêchent de renforcer ses liens avec le Sud Global.
Cette présentation interne, dévoilée lors d’une session stratégique dirigée par le Premier ministre Mikhaïl Michoustine en avril 2024 et consultée par le média, offre un aperçu rare de la manière dont la guerre en Ukraine a nui aux relations entre la Russie et certains de ses alliés les plus proches.
Les alliés de la Russie profitent des sanctions
Notamment parce que, selon le rapport, les Etats d’Asie centrale sont contraints de respecter les sanctions grâce à l’approche « du bâton et de la carotte », qui consiste à leur offrir un accès aux marchés mondiaux, aux corridors de transport et aux chaînes d’approvisionnement qui contournent Moscou. Ces derniers en ont profité pour exiger en parallèle auprès de Moscou des commissions supplémentaires pour compenser les risques liés à la violation des sanctions.
Les alliés soviétiques de la Russie ont eux aussi profité des sanctions, au grand dam de la Russie : elles leur ont permis non seulement de chasser les entreprises russes de leurs territoires, mais aussi de reprendre le contrôle des flux d’importations et d’exportations en délocalisant leurs productions anciennement installées en Russie, rapporte le Financial Times.
Les responsables russes l’admettent néanmoins dans le document : il faudra jouer sur le long terme pour maintenir les pays d’Asie centrale dans leur orbite. Car les pays d’Asie centrale, selon le rapport, cherchent déjà à « s’intégrer sans la Russie » dans des groupes comme l’organisation des Etats turciques, ou en promouvant l’anglais comme seconde langue au lieu du russe et en adoptant les normes éducatives occidentales, tout en envoyant leurs élites se former en Occident.
Une « macro-région » pour s’installer sur la scène mondiale
L’ambition de Moscou pour y remédier, selon le rapport : placer la Russie au centre d’un bloc commercial eurasiatique destiné à rivaliser avec les sphères d’influence économique des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Chine. Une « macro-région » comme projet stratégique, qui survivrait selon Moscou à toute négociation de l’Occident sur l’avenir de l’Ukraine, afin de sécuriser son rôle commercial et son influence sur la scène mondiale.
Plus encore : ce nouveau bloc permettrait de relier la Russie de Vladimir Poutine au Sud Global, en ouvrant l’accès aux matières premières aux deux parties, et en développant des liens financiers et de transports. Le tout en unissant les deux blocs sous une vision du monde commune, « où nous écrivons les règles du nouveau monde et ou nous avons notre propre politique de sanctions », affirme le rapport.
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Publish date : 2025-02-10 11:18:00
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