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En 2027, un seul candidat pour LR et les macronistes ? A droite, un tabou se lève

En 2027, un seul candidat pour LR et les macronistes ? A droite, un tabou se lève

Et si Les Républicains (LR) soutenaient avec les macronistes le même candidat à l’élection présidentielle de 2027 ? A droite, cette réflexion a longtemps été émise d’un air résigné. Elle racontait l’effacement d’un parti, pris en étau entre le bloc central et le Rassemblement national. Ceux qui se risquaient à cette thèse ? D’indécrottables pessimistes, convaincu de l’arrêt de mort de leur formation après tant de débâcles électorales.

A bas bruit, ce tabou se lève. Un nombre croissant d’élus LR se joint à cette idée, lancée par Michel Barnier à Matignon. En novembre, l’ancien Premier ministre suggérait une candidature unique du « socle commun » pour faire barrage à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Cet impératif arithmétique est répété ad nauseam par les défenseurs de l’union. Le bloc central ne pourrait se payer le luxe de la division pour accéder au second tour de la présidentielle. « Nous n’avons pas d’autre choix que de prolonger le socle commun en 2027 », glissait une ministre LR cet automne, avec un brin de fatalisme.

Après tout, ce petit monde gouverne ensemble depuis cinq mois. Et les municipales de 2026 devraient donner lieu à des alliances LR-Macronie dans plusieurs villes. « Une reconfiguration par le bas », note un ministre.

La thèse de l’alliance prend toutefois une teinte nouvelle à droite. Au principe de réalité s’ajoute un sentiment longtemps oublié : l’espoir. L’émergence de Bruno Retailleau, conjugué au regain électoral de LR aux élections partielles, réveille une ambition. Et si la droite posait une empreinte idéologique majeure sur cette candidature commune ?

« Prendre les devants »

Les plus ambitieux – rêveurs ? – se prennent à imaginer que l’héritier de l’UMP soit la locomotive du rassemblement. Tel ce hiérarque LR, prompt à voir son parti « prendre les devants » sur la base du rebond de la droite aux législatives partielles. Pas évident, tant l’héritier de l’UMP n’est pas au barycentre du socle commun. Le conservatisme de Bruno Retailleau ne plaît guère aux macronistes historiques. L’offensive de Laurent Wauquiez contre le « coup d’Etat organisé par les cours suprêmes », non plus. L’ascension d’un des deux hommes pourrait faire tomber quelques pudeurs macronistes, mais la marche semble haute.

D’autres élus souhaitent a minima renforcer l’ancrage à droite du socle commun. A défaut de candidat LR, autant tenir le crayon du programme. Ainsi, Valérie Pécresse plaide en privé pour un rassemblement des « anciens de l’UMP », par souci de cohérence idéologique. Sans faire de l’étiquette un préalable. Si Edouard Philippe droitise son discours sur la sécurité et l’immigration, pourquoi s’interdire de le suivre ? Un cadre macroniste, tendance aile gauche, sourit : « L’offre commune, on l’aime quand elle est la vôtre. Là, elle devient objectivement la leur. Etre minoritaire et décideurs : c’est rare dans le capitalisme, mais cela peut arriver en politique. » La mue droitière du bloc central, conjugué à l’évolution de sa sociologie électorale, prépare le terrain à un rapprochement. Bruno Retailleau s’interroge en privé sur les conséquences politiques de la coalition actuelle, tout en prônant des « ruptures » en matière régalienne et économique.

« Les Français ont besoin d’alternance »

L’interrogation résume le dilemme posé aux Républicains. La droite peut-elle promouvoir une « rupture » et s’associer à l’ex-majorité présidentielle ? La charge symbolique d’un tel partenariat serait lourde. Ainsi, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy ne s’imagine pas se ranger derrière Edouard Philippe en 2027. « Les Français ont besoin d’alternance, juge-t-il. Si nous sommes le macronisme continué par d’autres moyens, ce n’est pas possible. » Autour de Laurent Wauquiez, on déconstruit le mythe du rassemblement obligatoire. « Le Pen risque d’être inéligible. Mélenchon ne semble pas en mesure de rassembler 23 % au premier tour. Il y a la place pour deux campagnes », juge un proche du député de Haute-Loire.

Et puis, le bloc central demeure composite. Il rassemble des élus aux sensibilités diverses, parfois très éloignés du corpus de LR. La preuve par Roland Lescure. L’hypothèse d’une nomination à Matignon du député EPR – guère en phase avec les positions régaliennes de la droite – avait provoqué une levée de boucliers en décembre. Une lutte d’influence existe depuis 2017 entre les franges du macronisme. De son issue dépend la capacité du socle commun à s’unir en 2027. Lui en doute peu. En 2024, le président du Sénat Gérard Larcher glisse au député Frédéric Valletoux, proche d’Edouard Philippe : « En 2027, on sera derrière le même candidat. »



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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2025-02-25 06:00:00

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