Alors que les tensions entre l’Algérie et la France n’ont pas diminué depuis le début de l’année, une nouvelle affaire vient d’être révélée par plusieurs médias, dont Le Parisien et l’AFP. Un fonctionnaire du ministère de l’Economie et des Finances a été récemment mis en examen à Paris, soupçonné d’avoir livré des informations sur des opposants au régime algérien vivant en France, grâce au concours présumé d’une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), mise en examen le 7 février. Cet employé de Bercy a lui été mis en examen le 19 décembre et placé sous contrôle judiciaire, a appris mercredi 12 mars l’AFP de sources concordantes.
Des soupçons depuis juin 2024
L’affaire remonte à juin 2024, quand la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été alertée d’une relation entre un employé de Bercy et un fonctionnaire algérien. En novembre, les investigations ont été confiées à deux juges d’instruction pour « intelligence avec une puissance étrangère, livraison à une puissance étrangère d’information sur intérêt fondamental à la nation, soustraction et divulgation de secret-défense nationale par son dépositaire, provocation à un crime de trahison ou espionnage non suivie d’effet, et violation du secret professionnel ».
Le fonctionnaire est désormais poursuivi « pour intelligence avec une puissance étrangère », « livraison à une puissance étrangère d’information sur intérêt fondamental à la nation », « exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère », a confirmé à l’AFP le parquet de Paris.
L’homme de 56 ans est soupçonné d’avoir été « en contact régulier avec une personne de nationalité algérienne travaillant au consulat d’Algérie de Créteil », qui aurait usé de méthodes d’intimidation à son égard, et « de lui avoir transmis des informations personnelles et sur les demandes d’asile » concernant des Algériens, et notamment « des opposants notoires au régime politique en place », a précisé le ministère public.
Des informations sur les opposants au régime
Sollicité par plusieurs médias, dont l’AFP, l’avocat de l’employé de Bercy, Me Sipan Ohanians, a affirmé que son client était « victime d’une campagne de menaces et de manipulation d’une puissance étrangère ayant resserré l’étau autour de lui ».
D’après une source proche de l’enquête, l’Algérien qui exerçait au consulat d’Algérie de Créteil depuis fin 2022 était le commanditaire des renseignements : il bénéficiait selon cette source d’une « couverture ». Selon les informations du Parisien qui a révélé l’affaire, il était membre de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE), le service de renseignement extérieur de l’Algérie. Lui n’a pas été mis en examen à ce stade et est repartie en Algérie. Toujours selon Le Parisien, il n’a pas pu être interpellé car il était « protégé par l’immunité diplomatique » en raison de ses fonctions de « chargé de mission au consulat d’Algérie en France ».
Selon la source proche de l’enquête contactée par l’AFP, cet agent demandait des informations à l’employé de Bercy sur des ressortissants algériens, dont des opposants connus tels que Amir Boukhors et Mohamed Larbi Zitout, tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour terrorisme, ou encore des personnalités influentes comme l’influenceur Chawki Benzehra, mais aussi un journaliste réfugié, ou encore un Algérien ayant porté plainte en France contre un général.
Ces personnes ont, pour « certaines », été « victimes de violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement », a souligné la source proche de l’enquête, sans donner davantage d’éléments sur le lien éventuel de causalité.
Une « relation intime » avec une employée de l’Office français de l’immigration
Comment le fonctionnaire de Bercy obtenait-il ces informations ? D’après une source proche du dossier, il avait noué une « relation intime » avec une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), qu’il sollicitait pour qu’elle consulte un logiciel confidentiel et obtenir des renseignements. La quadragénaire a été mise en examen le 7 février pour violation du secret professionnel, selon le parquet. Au cours des investigations, elle a assuré n’avoir touché aucune contrepartie, d’après la source proche du dossier. Contacté, son avocat Fabien Arakelian n’a pas souhaité s’exprimer. D’après Le Figaro, la suspecte a été mise à pied il y a plusieurs mois et une procédure de licenciement enclenchée.
Les investigations se poursuivent et, selon Le Parisien, n’ont pas démontré pour l’heure que les informations sensibles que le fonctionnaire de Bercy a transmises à l’Algérie étaient classifiées.
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Publish date : 2025-03-13 10:21:00
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