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Robert Sarah, le cardinal ultra-conservateur favori des traditionalistes pour succéder au pape François

Robert Sarah, le cardinal ultra-conservateur favori des traditionalistes pour succéder au pape François

L’exact opposé de la ligne portée par le pape François. Le cardinal Robert Sarah assistera, comme l’ensemble de ses pairs, aux obsèques du souverain pontife, organisées ce samedi 26 avril au Vatican, en présence de nombreux chefs d’État et de têtes couronnées du monde entier. À 79 ans, le religieux participera ensuite au conclave, moment qui déterminera qui prendra le relais de l’Argentin, élu en 2013. Mais l’évêque guinéen a une toute petite chance de prolonger son séjour dans la cité-État : certains des partisans d’un catholicisme traditionnel font de lui leur favori pour devenir le prochain pape.

En réalité, selon les spécialistes, la probabilité de voir Robert Sarah accéder au Saint-Siège demeure malgré tout très réduite. Il n’en reste pas moins que cet homme a acquis durant la dernière décennie une influence considérable au sein de l’Église, dont il représente un courant ultra-conservateur. Fait cardinal en 2010 par le pape Benoît XVI, dont il est un admirateur assumé, il a occupé de 2014 à 2021 un poste important au sein de la curie romain. Durant cette période, Robert Sarah officiait en effet en tant que préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements au Vatican. Autrement dit, il était l’un des « ministres » de François, chargé de la protection de la liturgie, notamment des sacrements.

Une polémique liée à Benoît XVI

Un poste stratégique au sein de l’Église, mais dont il devra démissionner après son implication dans une polémique. En 2020, il publie un long texte combattant de manière véhémente la possibilité d’ordonner prêtres des diacres mariés en Amazonie, une région du monde en manque de religieux. Une idée finalement écartée par François quelques mois plus tard. Mais, avant cette décision, ce plaidoyer, paru dans un livre, avait semblé marquer une forme de contestation envers le pape.

Surtout, l’ouvrage avait été présenté comme coécrit par le cardinal Sarah et l’ancien pape Benoît XVI, alors toujours en vie. Le scandale commençant à naître, le souverain émérite s’était empressé de demander que son nom soit retiré de la couverture de cette publication. Mais aussi d’ôter sa signature de certains passages, dont il était mentionné en tant que coauteur. « Je suis entre les mains de Dieu », avait commenté le cardinal après sa démission. « Le seul roc, c’est le Christ. Nous nous retrouverons très vite à Rome et ailleurs. »

Outre cette affaire, Robert Sarah est connu de manière plus générale pour ses positions très traditionnelles sur de nombreux sujets de société. La décision du pape François d’autoriser la bénédiction des personnes homosexuelles constitue par exemple pour lui « une hérésie ». Des propos qu’il réitère sur d’autres thèmes, comme l’avortement ou le rapport à l’islam, parfois de manière très violente. « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale, les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », avait-il comparé en 2015, lors d’un synode. Le religieux n’a par ailleurs pas hésité à dénoncer à de multiples reprises l’arrivée de migrants en Europe, à rebours de la position du pape François.

Soutien d’une frange ultra-conservatrice

Un tweet de l’évêque, décrit par la presse anglo-saxonne comme un cardinal « anti-woke », avait aussi créé des remous après l’assassinat en France du père Hamel, égorgé en juillet 2016 par deux terroristes se revendiquant de l’État islamique. « Combien de morts pour que les gouvernements européens comprennent la situation où l’Occident se trouve ? Combien de têtes décapitées ? » Cité comme un « papabile » par les médias italiens, c’est-à-dire comme l’un des candidats qui pourraient accéder à la fonction papale, Robert Sarah bénéficie du soutien de toute une frange du milieu conservateur, voire d’extrême-droite.

En France, l’ex-député RN Gilbert Collard s’est par exemple prononcé en faveur de son élection. Outre-Atlantique, plusieurs influenceurs de la sphère trumpiste lui ont apporté leur soutien. Au sein de l’Église, il détient aussi quelques fidèles. Quatre autres cardinaux avaient signé avec lui une tribune en 2023 demandant au pape de clarifier la position du Saint-Siège sur différents sujets. Plusieurs de ses pairs ont également dit l’apprécier dans le cadre du conclave à venir.

Son hypothétique élection contrasterait en tout cas fortement avec la vision davantage progressiste adoptée par François ces dernières années. Lors d’une messe donnée en partie en latin à Dakar (Sénégal) en décembre 2023, Robert Sarah avait en effet affiché sa volonté de conserver le cadre traditionnel catholique. « Nous assistons aujourd’hui, surtout en Occident, à un démantèlement des valeurs de la foi et de la piété… et à une destruction des formes de la messe », avait-il alors déploré, fustigeant l’adaptation des rituels catholiques à certaines coutumes locales en Afrique et en Asie.



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Publish date : 2025-04-25 11:27:00

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