Là aussi, Donald Trump veut signer un « deal » rapidement. En parallèle des négociations menées par Washington à Moscou pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine, le milliardaire s’est mis en tête ces dernières semaines de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien. Sa volonté s’est concrétisée par deux cycles de rencontres entre diplomates américains et iraniens, puis un troisième, qui s’est achevé samedi 26 avril, à Oman, le pays médiateur de ces échanges. Cette fois, des experts techniques étaient aussi présents pour apporter leur éclairage. Un haut responsable américain, cité entre autres par l’AFP, a déclaré que ces discussions avaient été « positives et constructives ». « Il reste encore beaucoup à faire, mais de nouveaux progrès ont été réalisés en vue de parvenir à un accord », a-t-il ajouté.
Du côté iranien, les réactions se sont faites un peu plus mesurées. « Il y a des divergences à la fois sur les grandes questions et sur les détails », a lancé Abbas Araghtchi, le chef de la diplomatie iranienne, à la télévision d’Etat de la République islamique. Le dirigeant estime que les négociations de samedi avaient été « beaucoup plus sérieuses que par le passé » et que les deux délégations allaient « étudier les moyens de réduire les différences » dans les jours à venir. Des positions à affiner rapidement, puisque Américains et Iraniens devraient se revoir dès la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre. La date du 3 mai a été évoquée par le ministre omanais des Affaires étrangères, Sayyid Badr al-Boussaidi.
Une ligne rouge sur l’enrichissement d’uranium
Malgré tout, d’importants désaccords persistent entre les deux pays. À l’origine, l’objectif de ces négociations consiste à contraindre Téhéran à ne pas parvenir à l’obtention de l’arme atomique. Les Etats-Unis, sortis en 2017 de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPoA) sous l’impulsion de Donald Trump lors de son premier mandat, pourraient probablement lever certaines des sanctions économiques à l’égard de l’Iran en cas d’accord trouvé. Mais pour ce faire, Washington met en avant plusieurs exigences. Premièrement, il demande l’arrêt total de l’enrichissement de l’uranium par le pays asiatique, aujourd’hui estimé à 60 % selon l’Agence internationale de l’agence atomique (AIEA). « Si l’Iran veut un programme nucléaire civil, il peut en avoir un comme beaucoup d’autres pays dans le monde en ont un, c’est-à-dire importer du matériel enrichi », a appuyé mardi dernier le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, interrogé dans le podcast « Honestly with Bari Weiss ».
Le taux d’enrichissement pour atteindre une qualité suffisante afin de fabriquer une bombe nucléaire est de 90 %. Téhéran n’y est pas encore, mais l’accélération de son activité en la matière inquiète les Occidentaux. Quand on sait que le plafond autorisé fixé à l’époque par le JCPoA était de seulement… 3,67 % d’enrichissement. Le pouvoir iranien, qui dément catégoriquement vouloir mettre la main sur l’arme atomique, a posé comme une ligne rouge le maintien de sa possibilité d’enrichir de l’uranium. « Nous sommes prêts à établir la confiance concernant les préoccupations potentielles, mais la question de l’enrichissement n’est pas négociable », a ainsi soutenu Abbas Araghtchi. Téhéran affirme que l’uranium enrichi lui sert simplement à alimenter son programme nucléaire civil. Mais le pays ne dispose pour le moment que d’une seule centrale en fonctionnement, le site de Bouchehr, sur les côtes du golfe Persique.
La question des missiles iraniens
Autre point de friction : les enjeux autour du programme balistique iranien. « Le seul point de désaccord restant dans les discussions générales et la compréhension mutuelle est la question des missiles », avait indiqué vendredi, avant la conclusion des discussions à Mascate, un haut responsable de la République islamique au fait des discussions et cité par l’agence Reuters. De nouveau, Téhéran a fixé comme non négociable toute demande sur cet aspect. Pour le pouvoir du pays, ces discussions n’ont pas à être évoquées dans le cadre d’un accord nucléaire. D’ailleurs, d’après les déclarations d’un membre de l’équipe de négociation iranienne à l’agence locale Tsinam et relayées par l’AFP, seules les problématiques directement liées au nucléaire et aux sanctions économiques ont été abordées lors du dernier round d’échanges en date, conclu samedi. Enfin, comme appris plus tôt dans le mois, Téhéran a aussi formulé des exigences à Washington pour obtenir sa garantie que les Etats-Unis ne quitteraient cette fois pas un potentiel accord.
La volonté de Donald Trump de trouver un accord avec l’Iran se confronte aussi à la position d’Israël. L’Etat hébreu est engagé dans une guerre contre le Hamas à Gaza et a tué en septembre dernier le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Or les deux mouvements islamistes sont soutenus par le pouvoir iranien, encore davantage affaibli depuis l’hiver par la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie. Fin octobre, Israël a aussi répondu par des frappes sur l’Iran au lancement par Téhéran de missiles balistiques au sein de ses frontières plus tôt dans le mois. Citant des sources proches du dossier, la chaîne américaine CNN a révélé que les négociations tout juste entamées par les Etats-Unis avec son ennemi juré n’étaient donc « certainement pas » du goût du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Ce dernier avait appris l’annonce de la première rencontre entre les deux pays à Oman de la bouche même du président américain, dans le Bureau ovale, début avril.
Malgré ces difficultés, Donald Trump se veut confiant quant à l’issue des pourparlers avec l’Iran. « Nous avons eu de nombreuses discussions avec eux et je pense que nous allons parvenir à un accord. Je préfère de loin un accord à toute autre possibilité. Ce serait bénéfique pour l’humanité », a ainsi lancé le président américain, à bord d’Air Force One, samedi. Le milliardaire a promis qu’il n’hésiterait à « bombarder » l’Iran si aucun accord n’était signé entre les deux parties au terme des négociations.
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Publish date : 2025-04-27 15:30:00
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