L’Express

L’Inde et le Pakistan proches d’un conflit armé ? Pourquoi la situation au Cachemire inquiète

L’Inde et le Pakistan proches d’un conflit armé ? Pourquoi la situation au Cachemire inquiète

Assiste-t-on à la nouvelle résurgence du conflit entre l’Inde et le Pakistan ? Depuis l’attentat du 22 avril dernier à Pahalgam, au Cachemire indien, les combats ne font que se poursuivre autour de la ligne de contrôle au Cachemire, frontière de facto entre les deux pays. Ainsi, le Pakistan a annoncé ce mercredi 30 avril avoir « abattu » un drone de surveillance indien dans le territoire contesté, au lendemain d’un incident similaire, alors que des soldats des deux pays ont échangé des tirs pour la sixième nuit consécutive, selon l’armée indienne.

Surtout, Islamabad a dit mercredi anticiper une frappe militaire indienne sous moins de deux jours. « Le Pakistan dispose de renseignements crédibles selon lesquels l’Inde a l’intention de lancer une frappe militaire dans les prochaines 24 à 36 heures, en utilisant l’incident de Pahalgam comme prétexte », a déclaré le ministre pakistanais de l’Information, Attaullah Tarar, dans un communiqué. « Toute agression entraînera une riposte décisive. L’Inde sera pleinement responsable de toute conséquence grave dans la région ».

Cette flambée de tensions a été déclenchée il y a une semaine, après qu’un attentat meurtrier a fait 26 morts parmi des civils en villégiature au Cachemire, territoire à majorité musulmane que les deux puissances nucléaires se disputent depuis leur indépendance en 1947.

Une « vaste opération de répression » au Cachemire

Les tensions entre l’Inde et le Pakistan, jamais dissipées, ne font donc que se renforcer depuis une semaine. Sans attendre de revendication, New Delhi a imputé à Islamabad la responsabilité de l’attaque à Pahalham, la plus meurtrière visant des civils commise dans la région depuis plusieurs décennies. Le Pakistan a démenti toute implication et réclamé une « enquête neutre » sur ses circonstances.

Les deux pays ont depuis lancé des représailles l’un contre l’autre et ordonné la fermeture de leurs frontières. L’Inde a notamment fixé à ce mardi la date limite pour le départ des citoyens pakistanais de son territoire, et de nombreux experts craignent que les déclarations belliqueuses ne débouchent sur une éventuelle action militaire. La Chine, autre puissance d’ampleur dans la région, a ainsi de nouveau appelé ce mardi ses deux voisins à « la retenue » et à « gérer les différends par le dialogue » afin de « maintenir la paix et la stabilité régionales ».

L’attitude du Premier ministre indien ne laisse guère penser différemment. Ainsi, le New York Times (NYT), qui a pu s’entretenir avec quatre responsables diplomatiques au courant des discussions, affirme que Narendra Modi semble monter un dossier en vue d’une action militaire contre son voisin et ennemi juré. Une riposte qu’il a déjà largement sous-entendue dans un discours jeudi dernier où, sans nommer le Pakistan, il a promis une réponse sévère ainsi que la destruction des bases arrière des terroristes. « Au Cachemire, les forces indiennes ont également entamé une vaste opération de répression, arrêtant des centaines de personnes, alors qu’elles poursuivent leur traque des auteurs de ces crimes », affirme également le quotidien américain.

Et toujours ce mardi, le Premier ministre indien a assuré à son armée qu’elle disposait de la « liberté opérationnelle » de répondre comme elle le souhaite à l’attentat de Pahalgam, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale. Lors d’une réunion avec ses chefs d’état-major, Narendra Modi a répété que son pays « était « déterminé à porter un coup déterminant au terrorisme », visant donc assez directement le Pakistan, a précisé sous couvert d’anonymat cette même source.

Une riposte contrôlée ?

Mais cette volonté de riposter contre le Pakistan se confronte à ce qui devrait en principe être un problème majeur : une semaine après l’attaque terroriste, l’Inde n’a toujours pas identifié officiellement le groupe ayant commis l’attaque meurtrière, et n’a toujours pas prouvé de façon tangible l’implication directe du Pakistan dans celle-ci. Selon les analystes et les diplomates interrogés par le New York Times, le manque de preuves solides indique deux possibilités suivantes : ou bien l’Inde cherche à gagner du temps pour rassembler davantage d’informations avant de frapper le Pakistan ; ou bien, en cette période de chaos sur la scène internationale, elle est prête à passer à l’action sans se justifier auprès de quiconque.

Shiv Shankar Menon, ancien conseiller à la sécurité nationale en Inde, a déclaré auprès du NYT que Narendra Modi n’avait pas d’autre choix que de riposter par la voie militaire après avoir déjà répondu par des frappes aériennes contre le Pakistan en 2019 et en 2016, après deux autres attaques au Cachemire indien. Une réponse d’autant plus importante pour le gouvernement indien que ce dernier est sous pression après avoir présenté le Cachemire comme une région transformée ces dernières années, où il y avait encouragé le tourisme. Toutefois, aux yeux de Shiv Shankar Menon, il reste aujourd’hui peu probable que le bras de fer entre les deux ennemis jurés devienne hors de contrôle. « Je ne suis pas très inquiet parce qu’ils sont tous les deux très heureux dans un état d’hostilité gérée », a-t-il expliqué au quotidien américain. Reste à savoir si l’engrenage des représailles pourrait passer le cap de trop, une crainte qui ne peut être écartée de facto lorsque deux puissances nucléaires se confrontent aussi frontalement.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/linde-et-le-pakistan-proches-dun-conflit-arme-pourquoi-la-situation-au-cachemire-inquiete-IJUU4PIZK5A27CTIMFDQ2XFL4A/

Author :

Publish date : 2025-04-30 07:08:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express