L’armée israélienne a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi avoir frappé des infrastructures militaires du nouveau pouvoir en Syrie voisine. Dans un communiqué, l’armée a annoncé avoir « frappé un site militaire, des canons anti-aériens et des infrastructures de missiles sol-air en Syrie », sans plus de détail. « L’armée continuera d’agir si nécessaire pour défendre les civils israéliens », a-t-elle ajouté.
« Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa, près de Damas et dans les région de Hama et de Lattaquié », avait annoncé plus tôt l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de source dans le pays en guerre. L’ONG a estimé qu’elles étaient « les plus violentes depuis le début de l’année ».
L’agence officielle syrienne Sana a annoncé qu’un « civil » avait été tué, l’armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie, pays avec lequel Israël est toujours en état de guerre. Des journalistes de l’AFP à Damas ont entendu le vrombissement des avions et plusieurs détonations.
Les violences illustrent l’instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement le 8 décembre du président Bachar al-Assad par une coalition de rebelles islamistes radicaux dirigée par Ahmed al-Charaa, devenu président intérimaire. Depuis lors, Israël, qui considère les nouvelles autorités avec méfiance, a mené des centaines d’attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu’il qualifie de « jihadistes ». L’Etat hébreux a également envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.
Le soutien d’Israël à la minorité druze
Vendredi à l’aube, Israël avait annoncé avoir bombardé les abords du palais présidentiel d’Ahmed al-Charaa, en guise d’avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie, en réaction aux violences survenues en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes, qui ont fait plus de 100 morts près de Damas et dans le sud du pays. Ce que la présidence syrienne a qualifié de « dangereuse escalade » a aussi été condamné par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Dans un communiqué l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a demandé « que ces attaques cessent immédiatement et qu’Israël cesse de mettre en danger les civils syriens et respecte le droit international ».
Selon l’analyste indépendant Michael Horowitz, Israël « espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain ». « C’est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze », ont affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israël Katz.
« Terrain de jeu des tensions régionales »
Le Qatar a fustigé une « agression flagrante contre la souveraineté » de la Syrie et l’Arabie saoudite a « réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité » de la Syrie. « La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales », a mis en garde l’Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer « la protection de la population civile » et « tous les acteurs » à « la plus grande retenue ».
Dans ce contexte, Ahmed al-Charaa a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à « refuser l’ingérence d’Israël ». L’OSDH a également fait état vendredi de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Soueïda, bastion de la minorité druze dans le sud, sans en préciser l’origine.
Des attaques meurtrières cette semaine
Lundi et mardi, des violences à Jaramana, en banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Soueïda, ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l’OSDH. Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d’un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mahomet. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité du message.
Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, avait dénoncé une « campagne génocidaire » visant des « civils » de sa communauté. Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze », ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.
Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1 700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issue le président déchu, dans l’ouest. Des accords entre Druzes et Damas avaient rétabli le calme. « Mais nous sommes terrifiés », a témoigné Arij, une habitante de Sahnaya âgée de 35 ans. « Beaucoup de chrétiens et de druzes ont fui pour Damas. »
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Publish date : 2025-05-03 07:25:00
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