Il s’engage à une reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France après l’été. Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait part de cette décision historique en publiant une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, sur son compte du réseau social X, jeudi 24 juillet. « Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine », écrit dans ce courrier le chef de l’Etat.
Cette reconnaissance n’interviendra toutefois que dans quelques semaines. « J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations Unies, au mois de septembre prochain », précise ainsi Emmanuel Macron. Une conférence dédiée à la question palestinienne se tiendra à l’occasion de ce rendez-vous annuel de la communauté internationale, à New York (Etats-Unis). Elle sera coprésidée par la France et par l’Arabie saoudite, qui a « salué » l’initiative de Paris.
Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine.
J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain.… pic.twitter.com/7yQLkqoFWC
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 24, 2025
Un report d’un premier sommet en juin
Ce sommet spécifique intervient après avoir d’abord été reporté. Sur le même format que la nouvelle réunion attendue en septembre, il devait avoir lieu du 17 au 21 juin, toujours à New York. « Notre objectif, c’est quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite, de présider cette conférence où on pourrait finaliser ce mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs », avait indiqué en avril Emmanuel Macron, sur France 5. Le chef de l’Etat revenait alors d’un voyage en Egypte, durant lequel il s’était rendu dans une ville située proche de la frontière avec la bande de Gaza, soumise à une terrible situation humanitaire depuis des mois.
Mi-juin, la guerre lancée par Israël contre l’Iran avait finalement eu raison de l’organisation de la conférence aux Etats-Unis, remise à plus tard « pour des raisons logistiques et sécuritaires ». « Quel sens aurait une telle conférence […] si tous les dirigeants de la région, pour des raisons évidentes, sont tenus chez eux ? », avait ainsi lancé Emmanuel Macron, soulignant malgré tout « la dynamique inarrêtable » de l’initiative française vers une solution « à deux Etats » – l’un israélien, l’autre palestinien.
Un mois après le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, le locataire de l’Élysée a donc choisi de persévérer dans la même voie. Au moment où l’Etat hébreu poursuit ses opérations militaires dans une bande de Gaza de plus en plus menacée par la famine, les Etats-Unis continuent d’afficher leur soutien au gouvernement de Benyamin Netanyahou. Pas question pour Washington de reconnaître pour le moment un Etat palestinien. Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a d’ailleurs qualifié la décision d’Emmanuel Macron d' »irresponsable », estimant que celle-ci « ne fait que servir la propagande du Hamas et porter atteinte à la paix ».
Du temps pour convaincre d’autres Etats
À l’inverse, en France, certaines voix à gauche réclament que la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France soit immédiate. « Pourquoi en septembre et pas maintenant ? », a par exemple questionné le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sur X. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette stratégie. D’abord, Paris espère probablement se laisser un peu de temps d’ici à la fin de l’été pour convaincre d’autres Etats de s’aligner sur sa position. Le sommet de septembre sur le Proche-Orient « mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part », souligne Emmanuel Macron dans sa lettre adressée à Mahmoud Abbas.
Aujourd’hui, selon un décompte de l’AFP, plus de 140 pays reconnaissent l’Etat de Palestine. L’an dernier, l’Espagne, la Norvège, la Slovénie et l’Irlande avaient franchi le pas. En plus de la France, ces puissances pourraient-elles être suivies par plus de capitales ? « J’ai eu d’autres collègues au téléphone et je suis sûr que nous ne serons pas les seuls à reconnaître la Palestine en septembre », a affirmé à CNN un proche de la présidence française, dans la foulée de l’annonce d’Emmanuel Macron. « L’idée est de mettre un peu de pression sur les autres pays. »
La voie du multilatéralisme
Pour le président français, l’annonce de la reconnaissance depuis le siège des Nations unies, l’organisation centrale d’un multilatéralisme de plus en plus en danger, revêt aussi un caractère symbolique important. Une première réunion sur la Palestine, au niveau ministériel, est d’ailleurs prévue les 28 et 29 juillet à New York. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, se rendra sur place à cette occasion. Cette rencontre devrait préparer le terrain en vue de la conférence de la rentrée, pour laquelle Emmanuel Macron sera présent.
Ce dernier a répété ces derniers mois son attachement au dialogue conjoint entre les nations, dans un contexte où beaucoup de grandes puissances semblent opter par des discussions bilatérales plus directes. Pour Emmanuel Macron, la démarche constitue également une manière de se différencier de cette doctrine, prônée entre autres par le président américain Donald Trump. Dans cet esprit, le dirigeant doit d’ailleurs s’entretenir ce vendredi avec ses homologues allemand et britannique sur la crise humanitaire à Gaza, où les bombardements israéliens continuent de faire rage.
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Publish date : 2025-07-25 09:44:00
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