La Russie a-t-elle épuisé ses stocks autrefois vastes d’armes de l’ère soviétique depuis son invasion de l’Ukraine. C’est ce que suggère une analyse des données logistiques réalisée par l’Institut de l’École d’économie de Kiev (KSE) et relayée par le quotidien britannique Financial Times.
Le document indique ainsi que le flux de marchandises des installations de stockage militaires russes vers la ligne de front est désormais revenu aux niveaux d’avant 2022. Dès 2023, L’Express a documenté l’utilisation par la Russie de ses stocks soviétiques, dont des chars, pour compenser ses pertes.
« Épuisement irréversible de l’équipement »
Dans son analyse, le KSE indique que les stocks de chars, de véhicules blindés, de plates-formes d’artillerie et d’autres matériels diminuent. « Les livraisons à partir de bases de stockage ont chuté de plus de 25 % en 2024, avec un épuisement irréversible de l’équipement », assurent les auteurs du rapport. Pavlo Shkurenko, analyste à l’Institut KSE, a déclaré que cette baisse suggérait un épuisement des stocks. « La Russie envoie désormais moins de matériel pour leur remise en état et réparation que ce que les stations de réparation peuvent gérer, selon nos estimations », a-t-il expliqué auprès du Financial Times.
Néanmoins, la prudence reste de mise selon Franz-Stefan Gady, un analyste militaire basé à Vienne, quant à l’interprétation du déclin des livraisons de véhicules blindés en première ligne comme un signe que les Russes « perdaient leur efficacité au combat ». Les tactiques de la Russie ont évolué pour utiliser moins de véhicules de ce type et, en outre, « les forces armées russes dépensent également beaucoup pour constituer de nouveaux stocks », a-t-il souligné dans les colonnes du journal britannique.
Dépendance à la Corée du Nord
L’analyse des données logistiques réalisée par le KSE montre par ailleurs que la Russie est devenue de plus en plus dépendante de ses alliés asiatiques, en particulier la Corée du Nord. Environ 52 % des cargaisons marquées comme « matières explosives » destinées aux arsenaux russes en 2024 provenaient de Nakhodka, une région portuaire de la mer du Japon utilisée par la Corée du Nord. Les expéditions en provenance de cette zone ont doublé entre 2023 et 2024, passant à 250 000 tonnes, selon l’étude de KSE. Pavlo Shkurenko, chercheur au KSE, a déclaré que la dépendance à l’égard de la Corée du Nord constituait un « contraste saisissant » avec l’image d’autosuffisance que la Russie tente de projeter.
L’analyse du KSE confirme celle de Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien, qui a déclaré ce mois-ci que 40 % des munitions russes provenaient de Corée du Nord, selon le Financial Times. Une évaluation des services de renseignement sud-coréens a également suggéré que la Corée du Nord avait envoyé 28 000 conteneurs à la Russie. Depuis plusieurs mois, de nombreux médias ont par ailleurs relayé le fait que Pyongyang a envoyé des missiles balistiques et des obusiers à la Russie, ainsi que des hommes.
En outre, l’analyse indique que si Pékin n’a pas fourni d’assistance militaire à Moscou, le pays est désormais le principal fournisseur de l’industrie de défense russe. Les expéditions en provenance des régions du sud est de la Russie, frontalières avec la Chine, vers les principaux sites de production militaire et de défense ont presque doublé pour atteindre plus de 3 millions de tonnes depuis 2021. Lucas Risinger, analyste chez KSE, a déclaré : « Même s’ils prétendent ne pas envoyer d’aide mortelle, la Chine fournit à la Russie les machines et les composants dont elle a besoin pour faire fonctionner la machine de guerre ». L’enquête de KSE observe enfin un petit afflux de matériel depuis la mer Caspienne, potentiellement en provenance d’Iran.
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Publish date : 2025-07-28 15:33:00
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