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Droits de douane : face à Donald Trump, ces pays qui osent dire non

Droits de douane : face à Donald Trump, ces pays qui osent dire non

« Ce n’est pas un gringo qui va donner des ordres au président de la République. » La formule lâchée mi-juillet par le Brésilien Lula lui a coûté cher. Quelques jours plus tôt, Donald Trump avait appelé à l’abandon des poursuites judiciaires contre l’ex-président Jair Bolsonaro. En tenant tête au milliardaire américain, le président a exposé son pays à une facture douanière de 50 %.

Pas de quoi intimider Lula, qui a même gagné au passage des points dans les sondages. Un regain de popularité bienvenu en vue des élections de 2026. Du reste, l’impact de ces droits de douane s’annonce modeste : la part des Etats-Unis dans les exportations brésiliennes est de l’ordre de 10 % et Brasilia affiche un déficit commercial vis-à-vis de Washington. Son principal partenaire ? Pékin.

Le président chinois Xi Jinping, lui non plus, n’a pas cédé à la provocation. Si l’escalade douanière du mois d’avril a atteint des niveaux stupéfiants, la stratégie chinoise a payé ; Trump a fini par lâcher du lest. La deuxième économie mondiale a joué sur ses atouts – dont ses terres rares.

L’Inde aussi résiste. Elle n’a pas fléchi sur le sujet agricole, alors que Washington réclamait un accès élargi à son marché, ni face aux pressions américaines pour qu’elle cesse d’acheter du pétrole russe. Verdict : au moins 25 % de droits de douane. « L’Inde a pris une décision rationnelle : laisser Trump imposer ses taxes tout en sachant que le coût sera finalement en partie absorbé par le consommateur américain », analyse Mabrouk Chetouane, directeur de la stratégie marchés internationaux de Natixis IM.

Chine, Inde, Brésil… Ces pays des Brics se sont réunis début juillet à Rio. Leur consolidation agace Trump, qui a menacé d’imposer des taxes supplémentaires à ceux qui rejoindraient l’alliance. Alors pourquoi une telle audace ? « Leurs économies sont moins exposées aux Etats-Unis en comparaison avec l’Europe ou le Japon, poursuit Mabrouk Chetouane. Le Brésil s’est rapproché de la Chine depuis l’élection de Lula, la Chine a diversifié ses partenaires et l’Inde – dont la dépendance aux Etats-Unis demeure contenue – entend d’abord s’affirmer comme puissance régionale. Cette résistance provoque un élan patriotique dans chacun de ces pays. »

Et l’Europe, dans tout ça ? Sa dépendance sécuritaire à son allié historique l’a contrainte à signer un accord loin d’être avantageux. Elle disposait pourtant de leviers. Désormais, la puissance ne se mesure plus à la taille de l’économie, mais à la capacité à dire non.



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Author : Tatiana Serova

Publish date : 2025-08-06 10:30:00

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