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Depuis l’élection de Donald Trump, tous les indicateurs économiques sont au rouge

Depuis l’élection de Donald Trump, tous les indicateurs économiques sont au rouge

D’après les analyses du Pew Research Center, un centre de recherche américain qui produit de nombreuses statistiques électorales, plus de 80 % des électeurs avaient une problématique en tête au moment de voter en novembre dernier à la présidentielle : l’économie. Si Donald Trump est parvenu à regagner la Maison-Blanche, c’est avant tout parce qu’il a réussi à convaincre une grande partie de l’électorat qu’il était capable de faire mieux que Joe Biden, dont le mandat a été marqué par une forte inflation et un creusement des inégalités. A en croire les messages qu’il poste régulièrement sur sa plateforme Truth Social, « L’Amérique est de nouveau riche » et son économie est « plus forte que jamais. »

Jusqu’ici, Donald Trump pouvait capitaliser sur la bonne santé économique dans laquelle les démocrates ont laissé le pays. Après l’annonce d’une avalanche de tarifs douaniers en avril dernier, on aurait pu s’attendre à ce que l’économie américaine soit fragilisée immédiatement. Finalement, la situation s’est stabilisée après quelques soubresauts boursiers. La volonté de nombreux Etats – à commencer par l’Europe – de négocier ces taxes douanières à la baisse a par ailleurs renforcé la position du président américain sur la scène internationale. Mais le vent semble tourner : les derniers indicateurs économiques racontent une autre histoire, dont se font l’écho de nombreux médias anglo-saxons.

Crispation sur la création d’emplois

Les chiffres du chômage restent stables, à un niveau historiquement bas d’environ 4,2 %. Néanmoins, la stratégie présidentielle a connu un sérieux revers lors de la publication des derniers chiffres du Bureau des statistiques du Travail américain à la fin juillet. Initialement, l’organisme tablait sur la création d’environ 400 000 emplois entre mai et juillet 2025. Le chiffre réel est finalement trois fois inférieur et au plus bas niveau depuis la pandémie de Covid-19. Deux tiers de ces nouveaux emplois sont dans le secteur de la santé tandis que le secteur manufacturier a perdu environ 11 000 emplois en juillet. C’est le troisième mois de baisse consécutive en ce qui concerne les emplois industriels.

Or – et c’est là tout le problème – la mise en place des taxes douanières avait pour objectif de réduire le déficit commercial en relançant l’industrie américaine. Pour le moment, c’est un pari perdu pour le président américain. L’instabilité autour du montant réel des tarifs et les importantes tensions commerciales entre les Etats-Unis et certains de ses principaux partenaires y sont certainement pour quelque chose.

Fidèle à sa volonté de ne jamais être contredit, Donald Trump a immédiatement limogé Erika McEntarfer, l’économiste à la tête du bureau en charge de ces chiffres, qu’il accuse de connivence avec le camp démocrate. « Ce sont les statistiques les plus erronées des cinquante dernières années », a-t-il ainsi dénoncé sur les réseaux sociaux, encourageant une dangereuse défiance à l’égard des chiffres du gouvernement fédéral.

La croissance s’affaiblit

Au deuxième trimestre 2025, la croissance américaine a connu une hausse de 3 % en rythme annualisé après un recul de 0,5 % sur la période précédente. Bonne nouvelle ? Pas vraiment. Les grands cabinets de conseil anglo-saxons anticipent une croissance du PIB à seulement 1,5 % en 2025 et 1,4 % en 2026. Soit deux fois moins que la croissance en 2024. EY évalue en outre le risque de récession du PIB à 35 % – une chance sur trois – et mise quoi qu’il arrive sur « des perspectives économiques orientées à la baisse. »

Le bureau d’analyse économique américain signale quant à lui que la hausse du PIB au deuxième semestre est le reflet d’une « baisse des imports et d’une hausse de la consommation » (notamment de biens et de services liés à la santé). Il note également que cette hausse a été atténuée par une « diminution des exports et de l’investissement », notamment en ce qui concerne les matières premières dans le secteur manufacturier. Là encore, c’est un signal alarmant pour l’administration Trump qui ne jure que par la relance de son industrie.

Certains analystes imputent d’ailleurs directement cette baisse à la politique du nouveau président américain. Les tarifs et les mesures de réciprocité adoptées par les partenaires des Etats-Unis devraient provoquer une perte de croissance d’au moins 0,5 % d’après le laboratoire du budget de Yale tandis que les mesures visant à contrer l’immigration pourraient coûter aux Etats-Unis jusqu’à 0,8 % supplémentaire.

L’inflation repart

Un dernier indicateur vient teinter les résultats de la stratégie trumpienne – et pas des moindres – il s’agit de la reprise de l’inflation. Lors de la campagne de l’automne 2024, les républicains ont largement fait campagne sur l’explosion des prix depuis la pandémie, qui frappe directement les classes moyennes. Sous le mandat précédent, l’inflation cumulée était d’environ 20 % et beaucoup d’Américains n’ont pas vu leurs revenus augmenter de manière aussi significative. Autrement dit, les électeurs américains se méfient énormément de l’inflation aujourd’hui.

Après une baisse sensible en mars, quelques semaines après la prise de pouvoir de Donald Trump, les prix sont repartis à la hausse en mai et en juin (+ 0,2 % à chaque fois) et on atteint + 0,3 % en juillet. En annualisant cette donnée, le Bureau d’analyse économique table désormais sur une inflation annuelle de 2,6 %, soit à peu près le même niveau que pour l’année 2024 (+ 2,9 %). Depuis son investiture, le président a initié un bras de fer avec Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, en poste jusqu’en 2026, qu’il accuse de maintenir des taux directeurs trop élevés. Or, en les baissant, l’inflation pourrait s’enflammer de nouveau. Là encore, le président semble prêt à jouer contre son camp.



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Author : Mathias Penguilly

Publish date : 2025-08-05 13:26:00

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