Les relations entre l’Australie et Israël sont au plus bas : la cheffe de la diplomatie australienne a qualifié ce mardi 19 août de « réaction injustifiée » la révocation par l’Etat hébreu des visas de représentants de Canberra auprès de l’Autorité palestinienne. La décision de Tel-Aviv est une mesure de rétorsion contre le pays d’Océanie, qui a annoncé récemment sa volonté de reconnaître l’Etat de Palestine en septembre.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a précisé que la mesure faisait également suite au « refus injustifié » de l’Australie « d’accorder des visas à des personnalités israéliennes ». Il a mentionné le cas du député d’extrême droite, Simcha Rothman, qui devait donner des conférences à Sydney et Melbourne. Son visa a été annulé lundi, le gouvernement australien l’accusant de vouloir « diffuser un message de haine et de division ». Gideon Saar a notamment accusé le gouvernement d’Anthony Albanese « d’alimenter » l’antisémitisme après avoir annulé le visa de l’élu israélien, précise The Guardian. Il a aussi « donné pour instruction à l’ambassade d’Israël à Canberra d’examiner attentivement toute demande de visa officielle émanant de l’Australie pour entrer en Israël », a-t-il écrit sur X. Le nombre de diplomates australiens effectivement concernés reste pour l’instant inconnu.
« Anthony Albenese a abandonné les juifs d’Australie »
La ministre des Affaires étrangères australienne, Penny Wong, a critiqué ce mardi la « réaction injustifiée » d’Israël, « à un moment où le dialogue et la diplomatie sont plus nécessaires que jamais ». Dans un communiqué, elle a notamment affirmé que le gouvernement de Benyamin Netanyahou « isole Israël et nuit aux efforts internationaux en faveur de la paix et d’une solution à deux Etats », alors que le conflit à Gaza dure maintenant depuis presque deux ans.
En réponse, le bureau du Premier ministre israélien a accusé son homologue australien, Anthony Albenese, d’avoir « trahi » Israël. « L’histoire se souviendra d’Albanese pour ce qu’il est : un politicien faible qui a trahi Israël et abandonné les juifs d’Australie », a écrit ce mardi Benyamin Netanyahou sur son compte X.
Cet échange musclé s’est produit peu de temps après que la principale organisation juive d’Australie a appelé au calme, bien que le ministre israélien des Affaires étrangères a menacé de prendre des « mesures supplémentaires » contre l’Australie, souligne le quotidien britannique The Guardian. « Il y a des conséquences concrètes et nous voulons que les pays règlent leurs problèmes avant que la situation ne devienne incontrôlable », a notamment déclaré Alex Ryvchin, le co-directeur général de l’Executive Council of Australia Jewry. Il a demandé à ce que les deux pays mettent fin à cette « guerre des mots, qui érode la bonne volonté et la coopération construites au fil des décennies ». D’autres organisations juives en Australie ont aussi appelé à la raison, compte tenu des « liens économiques, scientifiques et culturels étendus » entre les deux pays.
Un impact sur les relations entre l’Australie et les Etats-Unis
La querelle diplomatique entre les deux pays arrive après l’annonce d’Anthony Albenese de reconnaître un Etat palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, dans le sillage de pays comme la France et le Canada. Une mesure critiquée par Benyamin Netanyahou, qui l’a qualifiée de « décevante » et de « honteuse ». Cette prise de position risque aussi de crisper les relations entre l’Australie et les Etats-Unis, souligne The Australian.
L’ancienne ambassadrice de Donald Trump auprès de l’ONU, Kelly Craft, a notamment affirmé que cette décision plaçait le président américain dans la position délicate de devoir choisir entre l’Australie et Israël, rapporte le quotidien australien. Selon elle, la reconnaissance d’un Etat palestinien n’est « pas seulement un scandale moral, mais aussi une erreur politique » qui récompense le Hamas et créée « de nouvelles sources de friction inutiles entre nos pays ».
« Nous sommes à un moment critique dans la relation entre l’Australie et les Etats-Unis, alors que l’administration Trump entreprend une révision de l’accord AUKUS – pacte de sécurité tripartite avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis – négocié par (l’ancien) président Joe Biden », affirme-t-elle. L’ancienne ambassadrice a aussi invoqué l’éventualité de « répercussions malheureuses », citant l’exemple de Donald Trump qui a lié la reconnaissance par le Canada d’un Etat palestinien à sa décision d’augmenter les tarifs douaniers sur les produits.
En expliquant que « la relation australo-américaine est d’une importance capitale pour la paix de cette région et la sécurité du monde », Kelly Craft a donc appelé le gouvernement de Canberra à reconsidérer sa décision avant l’Assemblée générale de l’ONU. L’ex-ambassadrice insiste : « Ce n’est pas le moment de s’attaquer au plus grand allié d’Israël en se joignant à ce lynchage mondial scandaleux. »
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Publish date : 2025-08-19 15:34:00
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