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Déploiement de la Garde nationale : le bras de fer entre Donald Trump et les démocrates continue

Déploiement de la Garde nationale : le bras de fer entre Donald Trump et les démocrates continue

Les démocrates américains ne cessent d’afficher leur colère. Ils ont accusé, dimanche 24 août, Donald Trump de « fabriquer des crises » afin de justifier l’envoi de militaires de la Garde nationale dans plusieurs grandes villes dirigées par l’opposition, que le président républicain décrit comme « rongées » par la criminalité. À 79 ans, le chef d’État conservateur applique à marche forcée son programme sécuritaire et anti-immigration. Dernière menace en date : dépêcher des « troupes » à Baltimore, capitale du Maryland gouverné par un démocrate. L’ancien magnat de l’immobilier a également brandi la possibilité d’envoyer des forces fédérales à Chicago, troisième ville la plus peuplée du pays, puis à New York, première mégapole américaine.

Des milliers de gardes nationaux et de Marines ont déjà été déployés en juin dernier à Los Angeles, puis depuis le 12 août à Washington. La capitale accueille déjà plus de 1 900 réservistes, envoyés par des Etats républicains, ainsi que des policiers d’agences fédérales comme le FBI, la police de l’immigration ICE ou celle antidrogue DEA. Dimanche soir, l’armée a annoncé que les réservistes de la Garde nationale porteraient désormais leurs armes de service, précisant qu’elles ne pourraient être utilisées qu’ »en dernier recours et seulement face à une menace imminente de mort ou de blessure grave ». Un photographe de l’Associated Press a vu des membres de la Garde nationale de Caroline du Sud à l’extérieur de la gare Union de Washington avec des armes de poing dans des étuis.

Les réservistes de la Garde nationale dépendent de chaque Etat américain et ne peuvent être déployés qu’en cas d’urgence nationale, comme une catastrophe naturelle, à la demande de l’Etat fédéral et après le feu vert du gouverneur local. Ils ne sont pas censés intervenir contre la criminalité, les émeutes, les manifestations. « Donald Trump n’a aucune base légale, aucune autorité, pour essayer d’envoyer des troupes fédérales à Chicago », a tonné sur CNN le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. « Nous devons continuer de soutenir les forces de l’ordre locales et ne pas laisser Donald Trump jouer avec la vie des Américains », a martelé cet élu du Congrès pour New York.

« Nous ne laisserons pas un dictateur nous imposer sa volonté »

Le gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker, où se trouve Chicago, a réagi vivement sur X. Tout en rappelant que son État « opère depuis longtemps avec les forces de l’ordre fédérales » contre une criminalité qui a marqué l’histoire de cette métropole au bord des Grands Lacs, il a dénoncé la méthode présidentielle : « Nous ne laisserons pas un dictateur nous imposer sa volonté. » Figure montante du Parti démocrate et adversaire déclaré de Donald Trump, Pritzker a reçu le soutien de la sénatrice Tammy Duckworth. Ancienne combattante de l’armée en Irak, elle a jugé les projets de l’administration « profondément inquiétants » et même « anti-américains ». Un argument de plus pour les élus locaux : la criminalité recule nettement. Les homicides ont diminué de plus de 30 % et les fusillades de près de 40 % en un an, selon un communiqué du maire démocrate Brandon Johnson, confirmé par le New York Times.

Donald Trump a également croisé le fer avec Wes Moore, gouverneur démocrate du Maryland. Dans l’émission Face The Nation sur CBS, Wes Moore a dénoncé comme « inconstitutionnelle » et « profondément irrespectueuse » la prise de contrôle fédérale de la police à Washington. La veille, il avait raillé le président sur X, l’invitant à une « promenade » à Baltimore pour constater les progrès réalisés en matière de sécurité : « Eh Donald, on peut même te fournir une voiture de golf si ça facilite les choses. » Le président a répliqué sur Truth Social en décrivant Baltimore comme une ville « hors de contrôle » et « rongée par la criminalité », se disant prêt à y envoyer des troupes. Wes Moore a aussitôt répondu sur CNN et CBS qu’il n’ »autoriserait pas la Garde nationale du Maryland à être utilisée », car une telle décision serait, selon lui, « inconstitutionnelle ».

En réaction au déploiement de la Garde nationale à Washington, une série de manifestations a éclaté dans toute la ville ce week-end, tandis que certains quartiers habituellement animés étaient remarquablement calmes… Au grand dam des restaurateurs. Les données du service de réservation OpenTable montrent que les réservations dans les établissements de Washington de la Restaurant week – événement qui célèbre la scène culinaire dans la région – sont inférieures de 24 % à celles de l’édition de l’année dernière, organisée à la même période. « Cette année, on a également constaté une baisse de 7 % par rapport à la semaine précédant l’arrivée de la Garde nationale », continue le New York Times.

Alors que la criminalité à Washington avait déjà reculé avant l’intervention fédérale, selon le New York Times, Donald Trump a affirmé lundi 18 août que la prise de contrôle des forces de police avait permis à la capitale de vivre « une semaine sans homicide », une première « de mémoire d’homme ». Or, les statistiques policières montrent que Washington avait déjà connu plusieurs périodes similaires cette année, dont plus de deux semaines consécutives sans meurtre fin février-début mars. Peu importe les objections des élus démocrates locaux : Donald Trump en est certain, « nous allons rendre nos villes très, très sûres ».



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Publish date : 2025-08-25 08:28:00

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