Sa mort va-t-elle faire entrer les Etats-Unis dans une nouvelle spirale de violences à l’encontre des élus ? Mercredi 10 septembre, l’influenceur américain Charlie Kirk, proche de Donald Trump, a été visé par un tir en pleine réunion publique sur le campus d’une université de l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis. Le président américain, qui l’a qualifié de « martyr de la vérité et de la liberté », a rapidement accusé le camp adverse d’être responsable de son décès, suscitant une vive polémique dans le pays.
« Depuis des années, la gauche radicale compare des Américains formidables comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement », a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social, avant de préciser que son administration « retrouvera tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à toute autre violence politique, y compris les organisations qui les financent et les soutiennent ».
Au Capitole, la tension est également montée d’un cran lorsque la représentante républicaine, Anna Paulina Luna, a crié aux démocrates présents à la Chambre qu’ils étaient « à l’origine de tout ça », rapporte CNN. La représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, elle, a déclaré au même média que les républicains devaient soutenir les mesures de sécurité relatives aux armes à feu pour mettre fin à ces violences. « Ça suffit. C’est horrible. C’est épouvantable, et l’assassinat de Charlie Kirk risque de déclencher un chaos politique et une violence que nous ne pouvons pas risquer en Amérique », a-t-elle prévenu.
« Une véritable poudrière »
D’autres élus, anciens et actuels, ont cherché à calmer la situation. « Aujourd’hui, un jeune homme a été assassiné de sang-froid alors qu’il exprimait ses opinions politiques. Cela s’est produit sur un campus universitaire, où l’échange ouvert d’idées opposées devrait être sacré. La violence doit être bannie de la place publique », a déclaré l’ancien président George W. Bush, peu habitué à s’exprimer publiquement. « Lorsqu’on tue quelqu’un en raison de ses idées ou de ses idéaux, on menace un fondement constitutionnel », a de son côté assuré Spencer Cox, gouverneur républicain de l’Utah, en référence au premier Amendement américain, qui protège la liberté de réunion pacifique et d’expression, y compris lorsqu’elle est offensante pour autrui.
L’inquiétude est palpable dans les deux rangs, car le climat de violence en politique a atteint un niveau important aux Etats-Unis. Dans un sondage réalisé en mai, près de 39 % des Démocrates étaient d’accord avec l’idée que la destitution de Donald Trump par la force se justifiait, note le New York Times. A l’inverse, près d’un quart des Républicains estimait qu’il était acceptable que le président mobilise l’armée pour réprimer les manifestations contre son programme.
Sur les réseaux sociaux, aussi, le journal américain évoque une polarisation. Depuis l’annonce de la mort de Charlie Kirk, des affiches de militants de gauche s’en réjouissent, estimant qu’il méritait son sort. À droite, les premières expressions de chagrin et de choc ont rapidement été suivies par des appels ouverts à la justice et à la vengeance, évoquant pour certains une « guerre civile ». « Notre pays est une véritable poudrière. Nous constatons une radicalisation politique et un soutien à la violence plus importants qu’à n’importe quelle autre période depuis que nous menons des études sur le sujet, ces quatre dernières années », s’est inquiété Robert Pape, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago, interrogé par le New York Times.
Un cas non isolé
Dans ce contexte extrêmement tendu, la mort de Charlie Kirk n’est malheureusement pas un cas isolé. En juin, l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants du Minnesota, Melissa Hortman, a été assassinée avec son mari à leur domicile, probablement en raison de son engagement en faveur de l’avortement, le FBI parlant de « violence ciblée ». Le sénateur du Minnesota, John Hoffman, et son épouse ont également été blessés par balle, bien qu’ils aient survécu. Un autre démocrate, le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, a échappé, avec sa famille, à un incendie criminel présumé de sa résidence, en avril.
« La violence politique s’est déchaînée. On peut évoquer telle ou telle tentative, tel assassinat. Cela se produit à gauche comme à droite, et les personnes rationnelles le savent », a déclaré auprès de CNN Juliette Kayyem, analyste spécialiste de la sécurité nationale. « Le point commun dont nous avons besoin en tant que nation est de comprendre qu’une société libre n’existe que lorsque les gens ont le sentiment de pouvoir entrer dans l’arène politique, comme Charlie Kirk, et dire des choses que les gens apprécient, qu’ils n’apprécient pas, sans être tués pour cela. Il s’agit d’une attaque contre les États-Unis autant que contre Charlie Kirk », a-t-elle conclu, alors que les drapeaux du pays seront en berne, jusqu’à dimanche au soir.
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Author : Alexis Da Silva
Publish date : 2025-09-11 11:23:00
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