De mouvement politique, le trumpisme s’est transformé, en quelques heures ce week-end, en véritable culte. Organisées dans le stade Glendale, en Arizona, dix jours après son assassinat, les obsèques de Charlie Kirk furent en effet bien davantage qu’une simple messe d’hommage à l’activiste d’extrême droite. Dimanche 21 septembre, les 90 000 fidèles venus des quatre coins des Etats-Unis ont assisté à la célébration du premier grand martyr du trumpisme. Ce qui constitue en soi un « turning point » (point de bascule), pour reprendre le nom de l’organisation créée voilà plus d’une décennie par le défunt, Turning Point USA.
Dans l’histoire politique comme religieuse – en particulier chez les musulmans – la figure du martyr occupe une place centrale. Par son sacrifice suprême, le martyr devient un modèle moral, à la fois puissant facteur d’unification et accélérateur de la foi. La « religion » communiste, dont l’objectif sacré est la création d’un paradis terrestre sans attendre le paradis céleste, regorge de ces archétypes, de Rosa Luxemburg à Che Guevara en passant par Guy Môquet. Le cas de l’Union soviétique est particulier. A côté de la figure absolue du Père, ou plutôt du « petit père des peuples », Staline, aucun visage ne pouvait exister, hormis les figures grises et semi-désincarnées du politburo. Le martyr de l’URSS est donc collectif : ce sont les 20 millions de morts de la « grande guerre patriotique » (la Seconde Guerre mondiale, selon la terminologie russe), encore et toujours invoqués aujourd’hui par Vladimir Poutine.
Comment Fidel Castro a exploité l’imagerie du martyr
Fortement inspiré par la liturgie catholique, le castrisme, implanté en terre catholique, a imposé la figure christique du barbudo Fidel. Les survivants de la première tentative de coup d’Etat menée par « Fidel », « Raul » et le « Che », furent d’ailleurs au nombre de douze, comme les apôtres ! C’est d’eux dont parle Carlos Franqui dans le Livre des Douze (El Libro de los doce, 1968). Hormis Che Guevara, la liste des martyrs barbus en treillis vert-olive inclut le révolutionnaire Camilo Cienfuegos, peu connu en France, et des milliers de jeunes révolutionnaires internationalistes morts pour la cause à Cuba, en Amérique latine et ailleurs. A chaque décès, leur sacrifice venait renforcer le projet collectif en cimentant les groupes de ceux qui vénéraient leurs exploits. La figure du martyr fut donc exploitée à fond, jusqu’à imprimer des t-shirts à l’effigie d’Ernesto « Che » Guevara.
Dimanche 21 septembre en Arizona, dans une liturgie parfaite, douze orateurs, les douze apôtres du trumpisme, se sont succédé à la tribune (J.D. Vance, Tucker Carlson, Marco Rubio, Robert F. Kennedy, Pete Hegseth, etc.) pour porter le message de salut éternel. « Je te promets qu’à partir d’aujourd’hui, ton message se démultipliera », a prédit Erika Kirk, la veuve de Charlie Kirk. Quant à l’idéologue véhément de la Maison-Blanche, Stephen Miller, il a annoncé l’immortalité du trumpisme : « Vous pensiez pouvoir tuer Charlie Kirk ? Vous l’avez rendu immortel. Vous avez immortalisé Charlie Kirk et désormais, des millions de personnes perpétueront son héritage. » Et voilà comment Charlie Kirk est entré dans l’éternité.
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Author : Axel Gyldén
Publish date : 2025-09-22 13:24:00
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