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Simon Sebag Montefiore : « Une dynastie Trump est très probable, contrairement à Poutine… »

Simon Sebag Montefiore : « Une dynastie Trump est très probable, contrairement à Poutine… »

C’est « Succession qui rencontre Game of Thrones », comme l’a bien résumé The Spectator. Dans sa monumentale fresque Le Monde (Passés composés), Simon Sebag Montefiore raconte une histoire de l’humanité avec pour fil rouge les grandes familles et les dynasties, de l’Empire d’Akkad aux Trump, en passant par les Césars, les Ming, les Médicis ou les Nehru. Une histoire globale, mais narrée à hauteur d’hommes et de femmes, et remplies d’intrigues familiales, de trahisons intimes, d’empoisonnements et de mariages sanglants. Le premier tome fait déjà plus de 700 pages, le second suivra l’année prochaine.

L’historien britannique est un habitué des défis. Dans son best-seller Jérusalem, une biographie, il avait raconté sur trois millénaires le destin d’une ville à laquelle son ancêtre Sir Moses Montefiore avait, au XIXe siècle, ajouté le premier quartier moderne. Biographe de Catherine II, Potemkine et Staline, il connaît aussi bien les névroses historiques de la Russie.

Dans un grand entretien pour L’Express, Simon Sebag Montefiore explique pourquoi les familles politiques sont de retour, évoque la succession périlleuse de Vladimir Poutine et prédit qu’il pourrait y avoir une dynastie Trump. L’historien se montre aussi très critique envers Benyamin Netanyahou, à la tête du « pire gouvernement d’Israël ».

L’Express : De Kubaba, légendaire reine de Mésopotamie, à Sonia Gandhi en passant par Wu Zetian, seule impératrice régnante de toute l’histoire de la Chine, ou Töregene, régente de l’Empire mongol au cours du XIIIe siècle, vous semblez avoir voulu mettre l’accent sur des femmes puissantes…

Simon Sebag Montefiore : L’ironie, c’est que plus un système politique était dynastique, plus les femmes pouvaient y jouer un rôle important. La Russie, pays le plus conservateur d’Europe au XVIIIe siècle, a eu deux impératrices régnantes avec Elisabeth Ire et Catherine II. Il y a bien sûr plus d’hommes dans mon livre. Mais je voulais remettre ces femmes puissantes à leur juste place. Et aussi montrer que si certaines d’entre elles ont été de grandes dirigeantes, d’autres ont été épouvantables, tout comme les hommes. Aujourd’hui, on a cette image de dirigeantes qui seraient par nature pacifiques, car on a en tête les Premières ministres finlandaises, estoniennes ou danoises. Mais il y a eu des femmes de pouvoir très brutales comme la sanglante Wu Zetian à la fin du VIIe siècle. 80 % de ses ministres ont été démis de leur fonction, beaucoup étant tués. Au VIe siècle, la danseuse Théodora est devenue impératrice byzantine après son mariage avec Justinien. Elle l’a empêché de fuir au moment d’une révolte majeure à Constantinople, avant de faire massacrer 30 000 personnes, soit 5 % de la population de la ville.

Comme l’Histoire a été écrite par les hommes, il y a aujourd’hui une forte tendance aux histoires féministes, en se concentrant sur des figures telles Théodora ou Livie, l’épouse d’Auguste. Mais il ne faut pas oublier que la réalité, c’est que les femmes sont aussi brutales que les hommes en matière de politique. Elles peuvent être tout aussi incompétentes ou faibles. Certaines ont été des dirigeantes admirables, d’autres non.

Pourquoi débutez-vous votre fresque avec Enheduana, fille du roi Sargon, fondateur de l’empire d’Akkad au XXIIIe siècle avant notre ère ?

Personnage aux origines obscures, Sargon a créé la première dynastie politique dont nous avons connaissance. Mais de surcroît, sa fille, Enheduana, grande prêtresse du dieu Nanna dans la cité d’Ur, était aussi une poétesse de langue sumérienne, le premier écrivain – femme comme homme – dont le nom nous est parvenu. Elle est aussi la première victime d’un abus sexuel à avoir écrit sur son expérience, ayant été, après la mort de son père, capturée à la suite d’un coup d’Etat. Mais son frère ou neveu a repris le contrôle de l’empire, la réinstallant comme grande prêtresse.

A quel point le duel entre la dynastie des Argéades en Macédoine (Philippe II, Alexandre le Grand…) et celle des Achéménides en Perse (Cyrus le Grand, Darius le Grand…) a-t-il marqué la géopolitique de l’Eurasie durant plusieurs siècles dans l’Antiquité ?

Cela a été une lutte civilisationnelle mettant aux prises deux familles extraordinaires. Les Macédoniens n’étaient pas considérés par les Athéniens ou Spartiates comme étant vraiment grecs. Alexandre le Grand a eu une relation très compliquée avec son père Philippe II, mais il a hérité de lui un incroyable talent militaire. L’une des caractéristiques intéressantes lorsque l’on observe ces systèmes dynastiques, c’est que les seules personnes que ces dictateurs ne peuvent pas dominer, ce sont leurs propres enfants. En face, l’Empire perse a inventé un nouveau type d’empire, dans lequel on pouvait pratiquer la liberté religieuse, mais où il fallait reconnaître les maîtres politiques. Les Romains adopteront un modèle similaire, jusqu’à ce que le christianisme ne change tout cela à partir de Constantin.

Vous ironisez sur sa mère, Hélène, devenue une sainte dans l’Eglise catholique, mais qui a convaincu Constantin de tuer sa femme Fausta…

Hélène était la plus grande archéologue de l’Histoire [rires]. Elle a « identifié » le tombeau du Christ, devenu le Saint Sépulcre, puis des pièces de la croix, transformant Jérusalem en ville sainte du christianisme et en lieu de pèlerinage. Mais son fils Constantin n’était pas très chrétien. C’était un homme brutal, qui a tué son fils aîné Crispus comme sa femme. Il a militarisé le christianisme et en a fait une religion d’Etat. En réalité, les deux figures principales du christianisme sont Jésus et Constantin le Grand. La religion telle que nous la connaissons commence vraiment avec lui. Trois siècles après la mort obscure de Jésus, il a fait du Christ une figure morale centrale de la civilisation occidentale.

La famille de Mahomet reste la famille la plus importante du monde.

Vous rappelez également à quel point l’islam des origines a été marqué par des luttes dynastiques qui continuent à expliquer le monde d’aujourd’hui…

La bataille entre chiites et sunnites commence comme une dispute familiale entre les membres de la famille de Mahomet. Et la famille du Prophète est vraiment la plus grande dynastie de l’histoire mondiale, parce qu’elle a duré. Les rois du Maroc et de Jordanie en sont encore des descendants directs. En Iran, le Guide suprême Khamenei est un Sayyid qui se revendique de la descendance de Mahomet. Même al-Baghdadi, le calife de l’Etat islamique, a prétendu être un descendant direct de l’imam Ali ibn Abi Talib, cousin germain de Mahomet. La famille de Mahomet reste ainsi la famille la plus importante du monde.

Votre livre est rythmé par l’augmentation de la population mondiale, de 150 000 individus il y a 70 000 ans à plus de 8 milliards aujourd’hui. Mais nous savons désormais que cette population va rapidement baisser d’ici la fin du siècle…

La population mondiale a connu une croissance considérable depuis 1900, lorsqu’une série d’avancées médicales et scientifiques ont réduit beaucoup de maladies tout comme les famines. Mais les humains font aujourd’hui bien moins d’enfants, parce qu’ils sont prospères et qu’ils ne veulent plus sacrifier leur mode de vie. Ce qui nous amène au grand défi de notre époque, à savoir la migration. Il est aujourd’hui clair que les augmentations démographiques les plus importantes ont lieu en Inde et encore plus en Afrique. Un pays comme le Nigeria a tout pour connaître le succès. Mais cela sera-t-il le cas ? Tout dépendra de sa gouvernance. Aujourd’hui, l’Inde semble en passe de devenir la prochaine superpuissance. Mais les persécutions et les conflits ethniques tout comme de mauvais choix politiques pourraient stopper cette ascension. Même chose avec l’Indonésie ou l’Egypte. Si ces pays échouent et sont mal gouvernés, alors il y aura des migrations importantes.

Dans les pays occidentaux, l’immigration est devenue un sujet central car les partis traditionnels, par peur de passer pour racistes, ont pendant des années nié le problème et refusé d’avoir un débat honnête. Or si les partis du centre sont incapables de faire de l’immigration non pas un sujet moral, mais une question pratique avec des enjeux de finances publiques ou de normes culturelles compatibles avec la démocratie libérale, alors les extrémistes prendront le pouvoir dans toute l’Europe. C’est ce qui est en train de se produire, et pourrait réellement détruire nos démocraties libérales.

Vous êtes aussi le biographe de Catherine II et Potemkine, un couple qui au XVIIIe siècle a conquis la Crimée et le sud de l’Ukraine, fondant Sébastopol, Kherson ou Odessa. A quel point Vladimir Poutine reste-t-il aujourd’hui encore obsédé par ce duo ?

J’avais écrit un premier livre sur Potemkine en 2000. Avant qu’il ne soit traduit en russe, j’ai été approché par le Kremlin, car Poutine voulait savoir comment lui et Catherine II ont réussi à conquérir la Crimée et l’Ukraine du Sud. Par la suite, je sais que Poutine a apprécié le livre en russe, car longtemps, Potemkine et Catherine II ont été présentés en Occident comme un proxénète et une débauchée. J’ai montré qu’ils avaient été des grands dirigeants pour la Russie. En récompense, le Kremlin m’a alors permis d’être le premier à travailler sur les archives de Staline, d’où ma série de livres sur le sujet.

Vingt-cinq ans plus tard, quand Poutine a écrit son essai historique sur l’unité historique de la Russie et l’Ukraine en 2021, j’ai compris qu’il voulait vraiment une guerre. Beaucoup de personnes autour de moi pensaient que c’était impossible, parce que l’élite russe envoyait leurs enfants dans les meilleures écoles anglaises. Mais Poutine a tout décrit dans ce texte, justifiant sur le plan historique son invasion à venir et niant l’existence même de l’Ukraine. Et bien sûr, avant la retraite russe de Kherson en 2022, Poutine a fait voler les restes de Potemkine dans la cathédrale Sainte-Catherine, un geste extraordinaire.

Poutine est selon vous pris au piège de sa propre succession. Pourrait-il être tenté par un régime dynastique ?

Sous les Romanov, le tsar avait le droit de choisir ses successeurs. Pierre le Grand avait insisté pour obtenir ce droit. Il couronna son épouse, une femme non russe et non noble, qui lui succéda sous le nom de Catherine Ire. Mais après être devenu empereur en 1796, Paul Ier manifesta son dégoût pour le règne jugé décadent de sa mère Catherine II, qui avait commencé par assassiner son mari (le père de Paul). Il décréta que la succession devait être régie par une loi afin d’empêcher d’autres usurpations et l’arrivée au pouvoir d’autres femmes. Après 1917, sous les bolcheviks, la succession était décidée par une petite clique de potentats et, bien sûr, les deux plus grands dirigeants soviétiques, Lénine et Staline, ne croyaient que personne n’était digne de leur succéder et tentèrent de mettre en place des « directions collectives ».

Poutine n’a pas de fils adultes, ce qui rend une dynastie improbable. En revanche, il choisira son successeur s’il doit prendre sa retraite ou s’il tombe gravement malade, afin de garantir la pérennité du système. Tout comme Eltsine, affaibli, l’avait fait en 1999 avec Poutine, afin de protéger sa famille.

Mais il est très difficile d’imaginer que Poutine puisse aujourd’hui prendre sa retraite, à moins d’y être contraint, car il y a en Russie un pouvoir absolu. Il ne faut pas oublier que le dirigeant non plus ne dispose d’aucune protection légale. S’il dispose d’un pouvoir sans limite, sa position est, elle, précaire. Et pour un dictateur, la succession est un piège. Si Poutine choisit un successeur trop tôt, cet héritier le menacera. S’il ne prépare pas d’héritier, son œuvre s’effondrera. Pour des raisons constitutionnelles, Poutine avait nommé Medvedev à sa place en 2008. C’était une manœuvre dangereuse, car ce dernier aurait pu tenter de conserver le pouvoir. Mais Medvedev était faible, alors que Poutine dispose de l’autorité personnelle et du charisme.

En Corée du Nord, les Kim ont fondé la première dynastie de l’Histoire dans un pays communiste. Comment expliquer qu’elle tienne depuis trois générations ?

Kim Jong-un a orchestré le meurtre de son propre frère et de son oncle. Les Kim reproduisent donc la même chose que les familles de pouvoir tout au long de l’Histoire. Le plus grand danger dans une dynastie familiale, ce sont vos proches. Car très peu de dictatures sont renversées par des protestations populaires, comme ce fut le cas lors de la révolution iranienne en 1979. On range souvent Nicolas II dans cette catégorie, mais en réalité, le dernier tsar a été renversé en 1917 par l’armée dans une sorte de coup d’Etat. Dans tous les cas, les soulèvements populaires sont rares, car ces régimes consacrent beaucoup d’argent et de ressources aux organes de sécurité. En Iran aujourd’hui, il est difficile d’imaginer comment le régime islamique puisse être renversé par la foule en dépit de son impopularité. Il est plus probable que cela évolue en interne.

Pour en revenir à la Corée du Nord, les Kim ont, comme tous les régimes communistes d’ailleurs, fusionné l’idéologie marxiste avec la mythologie nationaliste. Et dans un petit pays comme la Corée du Nord, il est plus facile de conserver le pouvoir, car l’élite, susceptible de vous menacer, y est moins nombreuse. Les Kim sont la famille la plus prospère de toute l’histoire mondiale, car c’est la seule à posséder son propre arsenal nucléaire.

Les dynasties sont à nouveau en vogue dans de nombreux pays, notamment en Asie, en Amérique latine et en Afrique. Comment l’expliquer ?

On voit cette résurgence familiale du Pakistan au Kenya. Si le Cambodge est à nouveau une monarchie depuis 1993, ce sont les Hun qui ont le pouvoir en tant que Premiers ministres. En 2023, Hun Sen a transmis son poste à son fils aîné Hun Manet. En Inde, le régime de Modi est une réaction contre la famille Gandhi, qui a régné pendant une cinquantaine d’années. En Chine, même Xi Jinping est le fils d’un haut dirigeant du Parti communiste. Dans le monde arabe, il y a aussi eu une forte tendance à promouvoir ses enfants, avec les Kadhafi ou les Assad. Et les monarchies absolues du Moyen-Orient n’ont jamais été aussi importantes : Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar… En réalité, on se rend compte que les familles politiques n’ont perdu de leur importance que pendant une très courte période dans l’Histoire, avec l’ascendance prise pendant plusieurs décennies par la démocratie libérale. Mais aujourd’hui, ces familles reviennent partout dans le monde.

Aux Etats-Unis, il y a eu les Kennedy et les Bush. Pourrait-il y avoir les Trump ?

Une dynastie Trump est très probable. Donald Trump est un personnage unique. Mais son prestige pourrait bien se projeter sur ses enfants, à condition que cette présidence ne se termine pas en catastrophe totale. Il y a beaucoup de risques. Mais si Trump continue à être le politicien le plus chanceux de l’histoire moderne, il ne fait pas de doute qu’un de ses enfants se lancera à son tour en politique.

Pourquoi chanceux ?

Il a un marché boursier favorable, a échappé à une tentative d’assassinat, et a réussi un retour en dépit de toutes les poursuites judiciaires à son encontre. Aujourd’hui, il gagne des milliards pour sa famille en étant au pouvoir. Sa vénalité est la plus flagrante que nous n’ayons jamais vue dans l’histoire américaine. Malgré tout ça, la puissance américaine est toujours prééminente. Cela durera-t-il ? On peut en douter. Trump a cassé tant de choses depuis son retour…

Dans le livre, vous le comparez à Néron ou Commode…

Si nous considérons aujourd’hui Néron comme un désastre, il ne faut pas oublier qu’il a régné pendant plus de dix ans. Il était très populaire auprès du peuple. Néron a fini par être victime d’un coup d’Etat quand la corruption est devenue incontrôlable. La Grande Révolte juive en 66 a aussi été une grande humiliation pour lui. Mais Néron comme Commode avaient compris la force de la fusion entre le sens du spectacle et le pouvoir politique. Les politiciens n’ont pas besoin d’être sérieux, ils peuvent aussi divertir. Et le divertissement leur permet de prendre le contrôle de l’agenda, en restant tout le temps au centre de l’attention. A Rome, cela passait par les jeux du cirque et la construction de bâtiments spectaculaires. Aujourd’hui, dans le monde des réseaux sociaux et des informations en continu, vous devez occuper le devant de la scène 24 heures sur 24. Ce que fait Trump, avec son réseau Truth Social, ses longs discours et ses conférences de presse. Il s’empare de la scène mondiale. Personne ne l’avait jamais fait de la sorte. Les anciens présidents essayaient de parler le moins possible et de soigneusement contrôler ce qu’ils disaient.

Vous avez mentionné l’Arabie saoudite. Mohammed ben Salmane est l’un des ultimes personnages de votre fresque. Vous le dépeignez en dirigeant aussi réformateur que brutal…

MBS est un visionnaire. L’avenir du Moyen-Orient dépend de personnes comme lui, MBZ [NDLR : Mohammed ben Zayed Al Nahyane] aux Emirats arabes unis ou Mohammed VI au Maroc. Les réformes en Arabie saoudite depuis l’arrivée au pouvoir de MBS sont extraordinaires. L’Arabie saoudite et les Emirats sont les seuls endroits de la région où l’on peut avoir une vision optimiste de l’avenir. Le pays reste bien sûr une monarchie absolue, et MBS s’inscrit dans la lignée autoritaire d’Atatürk, de Reza Chah ou de Pierre le Grand. Il est une version moderne de ces personnages. J’espère sincèrement qu’il restera au pouvoir longtemps.

Êtes-vous inquiet de la radicalisation d’Israël sous la houlette de Benyamin Netanyahou ?

Israël a aujourd’hui le pire gouvernement qu’il n’ait jamais eu, alors même que le pays fait face à une crise majeure. Ils sont en train de tout détruire. Les accords d’Abraham représentaient un grand espoir, avec une extension attendue à l’Arabie saoudite. Mais Netanyahou a démoli cette vision. Les dirigeants au pouvoir en Israël sont des imbéciles qui ne comprennent pas qu’Israël a vraiment besoin de liens avec les pays étrangers.

Mais l’évolution d’Israël est aussi le reflet de ce qui se passe dans beaucoup de pays occidentaux. On le présente comme un régime fasciste d’extrême droite, mais la même chose s’est produite ailleurs, de l’Italie de Giorgia Meloni aux Etats-Unis de Donald Trump. Simplement, Israël est une démocratie en guerre dans laquelle tout est exagéré, avec en plus un judaïsme fondamentalisme face à un islam fondamentaliste. Israël sait qu’il ne peut pas permettre à des régimes ouvertement hostiles de l’encercler. Mais pour cela, il lui faut trouver un équilibre qui passe par des alliés occidentaux et arabes. Il n’est pas trop tard. Si Israël poursuit dans la voie des nationalistes juifs et ultra-fondamentalistes, alors il risque de cesser d’être une démocratie. Mais une seule élection peut tout changer, avec un nouveau gouvernement qui rétablira des relations avec le monde arabe.

Une partie du peuple palestinien rejette totalement l’existence même d’Israël. Une minorité de plus en plus importante en Israël rejette l’existence même d’un peuple palestinien. Dans un passé relativement récent, il y avait une majorité au sein des deux peuples qui souhaitait négocier. Cela peut se reproduire. Le pire, c’est qu’avant le 7-Octobre, le Hamas était plus populaire en Occident qu’à Gaza même. Comme l’avait annoncé Edward Saïd, les islamistes sont des dirigeants épouvantables. Ils ne s’intéressent nullement à l’électricité ou à la gestion de quoi que ce soit. Saïd avait prédit que les islamistes seraient un désastre, ce qui a été le cas. Mais à un moment donné, Israéliens et Palestiniens n’ont pas besoin de s’aimer, ils doivent simplement accepter l’histoire de l’autre, l’existence de l’autre. Je crois toujours que ce soit possible. C’est en tout cas notre seul espoir.

Le monde, une histoire familiale de l’humanité, Tome 1, par Simon Sebag Montefiore, traduit de l’anglais par Simon Duran. Passés composés, 750 p., 31€.



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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2025-09-22 16:00:00

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