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Taxe Zucman : une victoire culturelle au parfum de vengeance sociale, par Nicolas Bouzou

Taxe Zucman : une victoire culturelle au parfum de vengeance sociale, par Nicolas Bouzou

Peu importent leurs fake news, la vérité est que les défenseurs de la taxe Zucman ont remporté une bataille culturelle, même s’ils semblent, dans l’immédiat, avoir perdu la bataille politique. Faire admettre à 80 % de la population, d’après les sondages, qu’il est possible de résoudre nos problèmes de finances publiques en taxant moins de 2 000 individus au motif qu’ils seraient prétendument de « mauvais Français », et en assurant que cela n’aura aucune conséquence économique négative, relève d’un joli tour de force.

Certes, l’appareil médiatique, en particulier public, a mis tout son poids pour soutenir Gabriel Zucman et Thomas Piketty. Mais il faut regarder la réalité en face : l’attrape-gogo de cette taxe s’est révélé d’une efficacité redoutable en réussissant à faire croire que les dérapages budgétaires de la France pouvaient venir… d’un manque d’impôts. Chapeau bas. Reste à se demander comment nous en sommes arrivés là.

La riposte s’est fait attendre

Un élément de réponse tient dans le réveil tardif des chefs d’entreprise. Heureusement, il y a eu des Pierre Gattaz et des Éric Larchevêque pour prendre leur courage à deux mains, aller sur les plateaux des chaînes d’informations en continu et expliquer que taper sur les actionnaires des entreprises qui réussissent le mieux n’était peut-être pas la meilleure façon de faire prospérer notre pays. Merci à eux. Mais, globalement, les organisations patronales se sont réveillées tard. Quant aux politiques, visiblement mal à l’aise avec cette matière microéconomique et financière, ils n’ont pas fait preuve d’une grande clarté. La palme de la confusion revient sans doute à Marine Le Pen, expliquant sur LCI il y a quelques jours devant un Darius Rochebin à juste titre médusé que sur le plan économique, elle ne se sentait pas plus proche de Bruno Retailleau que d’Olivier Faure.

Les partisans de la taxe Zucman ont remporté une telle victoire que le Premier ministre Sébastien Lecornu pense n’avoir plus d’autre choix que d’en proposer un succédané, en envisageant de taxer les revenus détenus par des holdings et non versés à leurs actionnaires. Là encore, la raison a perdu le combat. Ce terme de holding est devenu l’objet de tous les fantasmes, comme s’il s’agissait d’une pratique coupable permettant d’échapper à l’impôt. En réalité, une holding est simplement l’outil juridique qui permet de regrouper des activités économiques dans une structure simple. Dans le cas le plus courant, une famille détient une holding, elle-même actionnaire des parts d’un groupe. Les dividendes de ce même groupe sont réinvestis dans des participations diverses et variées. C’est économiquement sain, juridiquement transparent, et fiscalisé en France comme n’importe quelle société, c’est-à-dire beaucoup au regard des standards de l’OCDE.

Les chefs d’entreprise caricaturés en « exploiteurs »

En écoutant Zucman, Piketty et consorts, on est aussi saisi par un certain nombre de propos qui ne relèvent pas seulement de l’analyse économique, mais d’une forme de ressentiment. Les milliardaires sont désignés comme des parias qui, comme le remarquait l’autre jour le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq, ne sont plus, pour ainsi dire, considérés comme nos concitoyens. Au-delà des milliardaires, ceux qui ont créé des entreprises ayant pris beaucoup de valeur ne bénéficient d’aucun encouragement à rester et à se développer en France. Plutôt que de les remercier et de déplorer qu’ils ne soient pas plus nombreux, on les présente comme des exploiteurs. Qu’on me permette, au-delà de l’inculture microéconomique, d’y voir un peu de jalousie, cette mauvaise passion si française.

Ce ressentiment, on le retrouve aussi dans les commentaires de celles et ceux qui se sont réjouis de l’envoi incompréhensible de Nicolas Sarkozy en prison, les réseaux sociaux constituant, comme d’habitude, une poubelle particulièrement nauséabonde. Peu importe l’image de notre pays, peu importe que la règle de l’appel ne soit pas respectée, à partir du moment où l’on envoie en taule un ancien président, qui plus est de droite. Des entrepreneurs à succès à Nicolas Sarkozy, un parfum de vengeance sociale flotte sur notre pays.



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Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2025-10-02 06:00:00

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