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Pourquoi l’immobilier de luxe ne connaît pas la crise

Pourquoi l’immobilier de luxe ne connaît pas la crise

Après quelques années de folie, la crise a frappé l’immobilier en 2022, entraînant un effondrement du nombre de transactions. Dans ce marasme, un seul créneau a échappé à la désaffection des acheteurs : celui du luxe. « Depuis 2024, les prix se stabilisent à des niveaux élevés et certaines pépites continuent de se vendre cher », précise Richard Tzipine, directeur général de Barnes.

En France, le marché du haut de gamme, que se disputent des acteurs Barnes, Daniel Féau ou Sotheby’s international Realty est scindé en deux. Il compte, d’un côté, les biens d’exception, cible des acheteurs internationaux. Ces clients sont prêts à débourser des sommes colossales, comprises entre 5 et 15 millions d’euros, pour s’offrir une propriété unique dans un endroit mondialement connu. En clair : un grand pied-à-terre dans la capitale ou une villa dans un secteur privilégié de la Côte d’Azur – Saint-Tropez, Cannes, le Cap d’Antibes ou l’est de Nice. Plus qu’un investissement plaisir, ces acquisitions ont surtout un objectif patrimonial, car elles permettent de sécuriser une partie de leurs fortunes hors des marchés financiers.

Une vaste demeure pour réunir la famille

L’autre volet du luxe concerne les logements haut de gamme dans des budgets qui oscillent autour du million d’euros. Il concerne, cette fois, des acquéreurs fortunés français à la recherche d’un bel appartement dans le quartier bourgeois d’une grande métropole ou d’une vaste demeure pour réunir leur famille pendant les vacances. « S’ils souhaitent l’occuper les week-ends, ces acheteurs, essentiellement parisiens, prospectent à moins d’une heure de la capitale, note Olivier Brunet, directeur de Barnes Propriétés & Châteaux. Ce critère de distance est moins important pour les clients internationaux, qui occupent souvent leurs propriétés plusieurs semaines d’affilée. »

Du fait de cette dualité, il est compliqué de donner une tendance globale des prix de l’immobilier de luxe. Seule certitude : l’appétit des acquéreurs internationaux pour la pierre et leur budget dépendent en grande partie de la conjoncture économique. Or cette dernière ralentit depuis le printemps 2025, ce qui freine leurs projets et limite les coups de folie. « Aujourd’hui, nous vendons encore rapidement les biens de grande qualité, c’est-à-dire situés dans des localisations exceptionnelles et parfaitement rénovés avec un goût qui convient à une clientèle internationale », note Alexander Kraft, président de Sotheby’s International Realty France.

Pour les acheteurs français, la situation n’est pas la même car l’offre est supérieure à la demande, surtout dans les zones mal desservies où châteaux, castels et petits manoirs à céder sont en nombre important. « Il est compliqué de vendre une jolie propriété au-delà du million d’euros en raison de l’incertitude politique et fiscale, constate Olivier Brunet. Beaucoup de nos clients préfèrent conserver des liquidités. »

Conséquence immédiate : ce segment commence à connaître un certain ralentissement et les durées de vente s’allongent. Un blocage dû pour l’essentiel aux vendeurs, car beaucoup continuent d’espérer trouver preneur aux tarifs stratosphériques de 2021. « Il existe un décalage important entre leurs espérances et le budget des acquéreurs, et nous passons beaucoup de temps à tenter d’accorder les deux », soupire Alexander Kraft. Autant dire que, sur ces biens comme dans l’ultra-luxe, les logements à rafraîchir ou à rénover, même s’ils disposent d’un joli potentiel, peinent à séduire les acquéreurs. Raison pour laquelle leurs délais de vente dépassent plusieurs années. Le temps que leurs propriétaires comprennent que même le luxe a un prix.



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Author : Marie Pellefigue

Publish date : 2025-10-25 08:00:00

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