Un playback improvisé en extérieur sur une vieille chanson de Taylor Swift. Un selfie capturé aux toilettes, urinoirs en arrière-plan. Une vidéo tournée face caméra, façon débriefing des actualités des derniers jours. Avec de telles publications, le compte Instagram de Jack Schlossberg ne ressemble pas franchement à celui d’un candidat comme un autre au Congrès américain. Cet homme de 32 ans, 787 000 abonnés au compteur sur le réseau social, vient pourtant d’annoncer sa candidature aux élections de mi-mandat l’an prochain pour devenir le nouveau représentant d’une des circonscriptions de New York.
Une figure anti-MAGA
Mais la tonalité atypique de son contenu sur les réseaux sociaux n’est pas la seule raison de la médiatisation outre-Atlantique de son entrée en campagne : Jack Schlossberg n’est autre que le petit-fils de l’ancien président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy, assassiné à Dallas en 1963. Forcément, avec un tel pedigree, les médias américains se sont penchés sur le profil de ce nouveau venu en politique. Son entrée en campagne a été officialisée début novembre à travers une vidéo, diffusée sur ses réseaux sociaux. Sa volonté en se présentant ? Répondre à la « crise » traversée « à tous niveaux » par son pays. Dans sa prise de parole, il regrette entre autres « les coupes historiques dans les programmes sociaux dont dépendent les familles travailleuses (santé, éducation, garde d’enfants) » et la « corruption » aux Etats-Unis.
Politiquement, Jack Schlossberg tente de s’afficher comme l’anti-MAGA (« Make America Great Again »), le mouvement des supporters du président républicain Donald Trump. Il considère d’ailleurs le milliardaire comme un « homme dangereux », n’hésitant pas à « réduire ses critiques au silence ». Récemment, le petit-fils de JFK tente aussi de surfer sur la victoire du socialiste Zohran Mamdani, tout juste élu à la mairie de New York. Tous deux sont membres de l’aile gauche du Parti démocrate, incarnée notamment par une autre représentante de la mégapole de la côte est, Alexandria Ocasio-Cortez. Durant la campagne présidentielle de 2024, Jack Schlossberg avait néanmoins soutenu l’ex-président Joe Biden, avant que ce dernier ne se retire de la course à la Maison-Blanche.
Originaire des quartiers huppés de New York, où il a vécu enfant, le jeune homme n’était pas nécessairement destiné à la politique. Après des études à Yale et Harvard, il conclut son cursus de droit par le passage de l’examen du barreau – réussi selon lui avec un score exceptionnel. Un temps, il espère devenir acteur, à l’instar de son cousin Patrick Schwarzenegger, vu par exemple dans la série à succès « The White Lotus » et fils de l’ex-star de Hollywood Arnold Schwarzenegger, qui fut lui-même gouverneur républicain de Californie. Sans succès pour Jack Schlossberg.
Dérapages semi-contrôlés sur les réseaux
Malgré cet échec, il se construit peu à peu sur les réseaux sociaux une communauté. Sur ses comptes Instagram, TikTok et X (ex-Twitter), il commente, acerbe, l’actualité politique. Quitte à créer la polémique en se montrant volontairement provocateur, en particulier vis-à-vis de l’administration Trump. Lors de l’investiture du président républicain, en janvier dernier, il compare sur X sa grand-mère, Jackie Kennedy, à Usha Vance, l’épouse du vice-président américain, J.D. Vance. « Vrai ou faux : Usha Vance est bien plus sexy que Jackie O », demande-t-il alors à ses abonnés. Un dérapage suivi d’un second tweet au printemps, lorsque Jack Schlossberg annonce, de façon sarcastique, qu’il compte avoir un enfant avec la femme du responsable républicain.
Simple ironie mal avenue ou plan de communication savamment orchestré ? Jack Schlossberg revendique son usage outrancier des réseaux sociaux comme une arme pour attirer un public plus large que l’électorat classique des démocrates. « Premièrement, si quelqu’un pense que je suis fou parce qu’il a vu une de mes vidéos, cela signifie qu’il a vu une de mes vidéos, et donc qu’il a obtenu des informations sur l’administration Trump et la politique qu’il n’aurait peut-être pas obtenues autrement », justifiait-il en février dernier, lors d’un entretien sur MSNBC. « Deuxièmement, je fais confiance aux gens. Je suis convaincu que les gens comprennent ce qui se passe. »
Son cousin RFK Jr. comme principale cible
Sa mère, l’ex-ambassadrice Caroline Kennedy, le soutient aussi dans sa démarche sur les réseaux sociaux. « Je suis impressionnée qu’il ait réfléchi aux différentes manières d’aborder la question et qu’il soit prêt à en assumer les conséquences lorsqu’il prend un risque qui pourrait offenser certaines personnes », a expliqué l’ancienne diplomate au New York Times, qui vient de consacrer un long portrait à Jack Schlossberg. Parmi ses principales cibles ? Son propre cousin, Robert Francis Kennedy Jr., dit « RFK Jr. », actuellement en poste dans l’administration Trump en tant que secrétaire à la Santé.
Connu pour ses théories fantasques, ses décisions farfelues et sa méfiance à l’égard du consensus scientifique, le neveu de JFK est sans cesse moqué par le candidat au Congrès sur ses différents canaux. Pour Halloween, Jack Schlossberg a ainsi partagé sur Instagram une photo de RFK Jr. en guise de déguisement de « MAHA Man », en référence à l’expression « Make America Healthy Again » promue par ce dernier et dérivée de la formule MAGA. Il y a quelques jours, le New-Yorkais a aussi qualifié le secrétaire à la Santé de « chien enragé ». « [Donald Trump] a mis un collier à mon cousin, RFK Jr., et le laisse aboyer, répandre des mensonges et de la désinformation », a-t-il attaqué. Des propos qui lui ont valu une réprimande de la part de la Maison-Blanche. « Je ne pense même pas que de tels commentaires ridicules méritent une réponse », a réagi sa porte-parole, Karoline Leavitt.
Un style volontiers transgressif, des formules chocs et une utilisation des outils numériques pour asseoir sa popularité : la méthode employée par Jack Schlossberg ne rappelle-t-elle par les pratiques… trumpistes ? « Internet est une machine à détruire les nuances – il n’y a jamais de place pour nuancer quoi que ce soit », se défendait l’intéressé en février, toujours sur MSNBC. « Il faut être très controversé pour percer. » Mais cette communication trash pourrait ne pas suffire pour être élu à la Chambre des représentants.
Dans une circonscription regroupant notamment Times Square, Central Park et le siège des Nations Unies, Jack Schlossberg devra faire face à plusieurs candidats, y compris au sein des démocrates. En septembre, tandis que des bruits de couloirs faisaient état de sa possible candidature, le parlementaire sortant, Jerry Nadler, avait balayé toute volonté de le soutenir. Celui-ci, réélu depuis plus de 30 ans à Washington, avait incité sur CNN les New-Yorkais à élire un responsable « ayant une expérience du service public, une expérience de réalisations publiques ». Or, selon lui, Jack Schlossberg « n’en a aucune ».
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/outrancier-fan-de-reseaux-sociaux-qui-est-le-petit-fils-de-kennedy-qui-se-presente-au-congres-NT2Y73Y2HFDNTILBYNUCY6JR7Y/
Author :
Publish date : 2025-11-18 18:05:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.



