C’est donc lui le "caïd", le "chef de meute" que décrivent éminents et chenus professeurs d’histoire, chuchotant depuis les couloirs de la Sorbonne jusqu’aux escaliers de l’Institut ? Lui qui perpétuerait à coups de menton et d’anathèmes la démolition du grand récit national ? Chemise verte brouillonne sur un jean fatigué, cheveux pagailleux, Patrick Boucheron ne ressemble pas à son personnage urticant. Regard vif-argent, voix hésitante malgré le verbe dru, le sexagénaire soupire à l’évocation des méfaits dont l’accusent les cénacles de médiévistes : "Je n’ai pas de goût particulier pour la castagne, je ne vois rien en moi fasciné