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Du barbecue texan au « Tesla diner », Elon Musk va-t-il aussi chambouler l’assiette des Américains ?

Du barbecue texan au « Tesla diner », Elon Musk va-t-il aussi chambouler l’assiette des Américains ?


Sur les réseaux sociaux, cette trumpiste convertie et auteure de best-sellers le défend toujours bec et ongles. Mais qu’a pu penser Maye Musk, diététicienne et mère de l’homme le plus riche de la planète, en ouvrant X, le réseau social de son fils, en novembre dernier ? Elon Musk, hilare, futur patron d’une commission pour l’efficacité gouvernementale, accompagné du prochain ministre de la Santé vaccinosceptique Robert Kennedy Jr, le patron des républicains de la Chambre des représentants Mike Johnson et Donald Trump, se goinfrant de burgers et de frites à bord de l’avion du président, coutumier des dérapages gastronomiques… La légende de la photo tourne en dérision un engagement de la nouvelle administration : « Rendre l’Amérique saine à nouveau commence DEMAIN ».

Make America Healthy Again starts TOMORROW. 🇺🇸🇺🇸🇺🇸 pic.twitter.com/LLzr5S9ugf

— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) November 17, 2024

Cette image d’Elon Musk en 2024 tranche avec celle de son enfance en Afrique du Sud. Sa mère, devenue célèbre mannequin sur le tard, a toujours eu une attention particulière pour l’assiette de ses enfants : « Vous ne verrez jamais de chips et de biscuits chez moi. Quand j’ai divorcé [NDLR : en 1979, du père d’Elon Musk], je n’avais pas les moyens d’acheter de la viande, du poisson ou du poulet. J’ai donc dû nourrir mes enfants avec du ragoût de haricots », allusion à peine voilée à l’un des plats les plus savoureux du pays, le chakalaka, où se côtoient poivrons, tomates, pois chiches, ail, et haricots blancs.

Cette éducation alimentaire infuse dans la fratrie. Après diverses aventures contrariées dans le milieu de la tech avec Elon – Zip2 et PayPal –, Kimbal, qui n’a jamais rechigné à se mettre aux fourneaux pour la famille, se lance dans le secteur de l’alimentation. Il se forme au French Culinary Institute de New York et crée « Big Green », une association pour promouvoir une alimentation saine et l’implantation de potagers dans de nombreuses écoles du pays. Rapidement, il ouvre en parallèle plusieurs chaînes de restaurants, toutes avec des produits frais, locaux et naturels. L’entrepreneur boulimique monte aussi « Square roots » en 2016, un projet d’incubateur de fermes urbaines hydroponiques, avec pour ambition de révolutionner le secteur. Kimbal Musk veut tout simplement nourrir l’Amérique à la manière de la Silicon Valley, titre le New York Times. Toute la famille a décidément le sens du business et la folie des grandeurs.

Le frère d’Elon Musk, apprend aux élèves de l’école primaire Eucalyptus à planter un potager en préparation de la journée Plant a Seed à Hawthorne, en Californie, le 13 mars 2019.

Le « père Noël d’Ozempic »

Son frère Elon Musk n’a lui jamais eu spontanément l’irrésistible appel de l’assiette. « S’il y avait un moyen de ne pas manger pour pouvoir travailler plus, je ne mangerais pas », déclare-t-il dans le livre d’Ashlee Vance Elon Musk : Tesla, Paypal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde, paru en 2015 aux Etats-Unis (traduit en français). Il travaille beaucoup – jusqu’à 120 heures par semaine -, dort peu, parfois même « dans l’usine de Tesla ». Ses habitudes alimentaires restent aussi imprévisibles que le personnage.

Tout juste a-t-il remplacé les litres de café, les hot-dogs, le jus d’orange avalés à la va-vite devant l’ordinateur dans sa chambre étudiante, par le Coca light sans caféine, les donuts qu’il mange « tous les matins », les sushis, la cuisine française qu’il affectionne particulièrement et évidemment le barbecue, très populaire aux Etats-Unis. « J’ai bien essayé d’être végétarien, mais je ne pense pas que nous soyons faits pour être végétariens. Certains de mes meilleurs amis sont végétariens, voire végétaliens, ce qui est compliqué quand on essaie de sortir dîner », affirme Elon Musk en 2012, s’inscrivant naturellement dans une très longue tradition américaine. Si de nombreux historiens racontent que ce sont les indiens Taïnos dans les Antilles qui auraient été les premiers à disposer les viandes et les aliments sur une grille en bois au XVe siècle, cette tradition devient partie intégrante des sociétés esclavagistes du Nouveau Monde au XVIIIe, expliquent Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre dans leur ouvrage L’Épicerie du monde. La mondialisation par les produits alimentaires du XVIIIe siècle à nos jours (Fayard).

Le barbecue trouve ainsi rapidement sa patrie d’adoption en Amérique du Nord grâce aux colons britanniques (présents dès le XVIe siècle), avant de devenir une véritable institution. Fête de l’Indépendance du 4 juillet, grands rassemblements, campagnes électorales aux Etats-Unis se terminent souvent par cette douce odeur de fumée… Lors de l’inauguration de la nouvelle usine et le siège de Tesla à Austin en 2022, le milliardaire, chapeau de cow-boy et lunettes noires, est arrivé sur scène en décapotable devant une forêt de smartphones, au son d’un morceau de rap, sous les acclamations de la foule avant de partager un barbecue. Pas étonnant donc qu’Elon Musk aime autant le Texas – où il envisage aussi de déplacer le siège de l’entreprise aérospatiale SpaceX et du réseau social X -, l’Etat où le barbecue est le meilleur d’Amérique, s’enthousiasme le New York Times !

Mais la place prise par l’homme d’affaires dans la sphère publique l’oblige à faire de plus en plus attention à son image et donc à son poids. La publication de photos peu avantageuses du milliardaire sur un yacht en Grèce en 2022 fait dire à son père – avec qui les relations sont exécrables – qu’il est devenu « gros » et qu’il a de très « mauvaises habitudes alimentaires ». Elon Musk se met rapidement au jeûne intermittent et poste en 2024 une photo de lui amaigri en « père Noël d’Ozempic ». L’homme le plus riche du monde n’a pas échappé à la mode de ce médicament indiqué à l’origine dans le traitement du diabète de type 2 et de l’obésité, détourné comme coupe-faim par nombreuses stars à Hollywood.

Ozempic Santa pic.twitter.com/7YECSNpWoz

— Elon Musk (@elonmusk) December 26, 2024

Un « diner » à la sauce Musk

Si l’ogre Musk peut donc se passer de manger pendant quelques heures, il n’est en revanche jamais rassasié de nouveaux projets. Il vient de lancer la construction d’un « Tesla diner » à Santa Monica en Californie, ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le concept est simple et revisite un autre monument de la gastronomie américaine : le traditionnel « diner » américain, né en 1872, quand un ouvrier du Rhode Island, Walter Scott, décide de vendre de la nourriture aux travailleurs de la nuit dans une roulotte tirée par un cheval.

Cette fois, ce « diner » à la sauce Musk offre la possibilité d’utiliser les bornes « Tesla Supercharger » afin de recharger sa voiture électrique et de voir des films sur des écrans géants tout en dégustant quelques plats. Elon Musk cherche ainsi à proposer une nouvelle expérience de la restauration où coïncide cuisine, détente et… technologie évidemment. Et si l’homme le plus riche du monde était à l’aune d’une nouvelle révolution de la restauration rapide aux Etats-Unis ? Lorsque l’on voit que McDonald’s – notamment en France – est aussi en train d’équiper ses restaurants de bornes de recharge, on est en droit de penser que le magnat de la tech a toujours autant de flair…





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Author : Charles Carrasco

Publish date : 2025-02-16 07:45:00

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