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« Bruno Retailleau, le maître chanteur » : les tensions Paris-Alger vues de l’Algérie

« Bruno Retailleau, le maître chanteur » : les tensions Paris-Alger vues de l’Algérie

En Algérie, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. « Retailleau joue avec le feu », s’offusque le quotidien L’Expression. Invité de Sud Radio ce mercredi 19 mars, le ministre de l’Intérieur s’est risqué à de nouvelles déclarations polémiques. « Nous ne sommes pas belliqueux, nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie. C’est l’Algérie qui nous agresse. […] Il faut (qu’elle) ne baragouine pas quand on est convaincu, avec une pièce d’identité, un passeport, que le ressortissant est algérien. Elle doit le réadmettre », a-t-il pointé après le refus par Alger de reprendre des ressortissants expulsables.

Des propos qui ne manquent pas « de choquer par leur caractère menaçant et dénué de toute considération pour les principes d’équité et de respect mutuel », souligne Le Jour d’Algérie, ajoutant que ceux-ci « relèvent d’une tentative d’envenimer les relations déjà tendues entre les deux nations ».

Un ministre « sans foi, ni loi »

Lundi, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, avait reçu le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie, concernant la liste reçue de noms d’une soixantaine de ressortissants Algériens « faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français », afin de lui remettre une réponse officielle. Sans grande surprise, « les autorités algériennes » ont annoncé « rejeter la démarche de la partie française » aussi bien sur « la forme que sur le fond », peut-on lire dans un communiqué officiel du ministère. Notamment en cause : « la volonté de la France de modifier unilatéralement le processus de traitement des dossiers d’éloignement, en court-circuitant le canal habituel de communication », signale le site Le Matin d’Algérie.

Mais au-delà « d’asséner une leçon de droit international » rapporte El Moudjahid, « l’Algérie répond aux provocations, aux ultimatums et au langage comminatoire » d’un seul homme : Bruno Retailleau. Selon le quotidien, le locataire de la place Beauvau « s’enfonce dans son délire anti-algérien » et cherche à « engager un bras de fer avec l’Algérie en bombant le torse et en multipliant les déclarations hostiles ». Et ce n’est pas L’Expression qui dira le contraire. « Le maître chanteur », « ce ministre sans foi ni loi […] laisse entendre que tous les maux de la France auraient une seule origine : l’Algérie ».

Qui tire réellement profit des relations bilatérales ?

Contrairement au ministre de l’Intérieur, Emmanuel Macron avait paru, lui, vouloir jouer la carte de l’apaisement début mars en se disant « favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier » l’accord de 1968 qui octroie un statut particulier aux ressortissants algériens en France. Une position cartésienne pour l’agence Algérie Presse Service qui affirme que la France est le « pays qui tire un véritable profit » de ces relations bilatérales. Selon cette même source, « 61 biens immobiliers sont occupés par la France sur le sol algérien, moyennant des loyers ridiculement bas ». Citant l’agence de presse, le quotidien El Watan soutient que la résidence de l’ambassadeur de France s’étale sur 4 hectares et est louée « au franc symbolique, sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023 ». Une « largesse » pour la France.

Et ce, sans parler de la main-d’œuvre algérienne dont bénéficie l’Hexagone qui a « largement contribué à la reconstruction et à l’essor économique » du pays, rappelle El Watan. Pour l’agence Algérie Presse Service, si la France veut « aujourd’hui réclamer des comptes, elle devra d’abord rendre des comptes elle-même ».



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-03-19 12:42:00

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