Plus de 20 frappes israéliennes se sont abattues sur des entrepôts militaires à travers la Syrie avec qui l’Etat hébreux est toujours en guerre, dans la nuit de vendredi à samedi 3 mai. L’armée israélienne a annoncé samedi être déployée dans le sud de la Syrie, où elle se dit prête à intervenir pour protéger des villages druzes, après des violences confessionnelles en début de semaine.
La veille, des bombes avaient explosé tout près du palais présidentiel de Damas à l’aube. Les tirs avaient été immédiatement revendiqués par Israël, en guise d’avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie dans la guerre régionale qui oppose Israël aux pays arabes. Car en début de semaine, des violences sont survenues entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes, faisant plus de 100 morts en banlieue druze de Damas et dans le Sud, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Qui sont les Druzes ?
Cette communauté ésotérique, issue d’une branche de l’islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban. Si les Druzes ne représentent que 3 % environ de la population syrienne, le pouvoir sunnite s’en méfie : cette communauté de guerriers a réussi à préserver une certaine liberté d’action sous la dictature de l’ancien président déchu Bachar al-Assad, et la défend farouchement face aux nouveaux dirigeants sunnites extrémistes.
Leur volonté principale est de protéger leurs territoires, et d’éviter l’enrôlement de force dans la nouvelle armée syrienne. Ils disposent d’ailleurs de leurs propres milices organisées, dont les deux branches principales se nomment le « Mouvement de la dignité » et la « Brigade de la Montagne ».
L’espoir d’un allié local ?
Mais comment expliquer cette loyauté soudaine d’Israël au peuple druze face au nouveau pouvoir syrien ? Pour l’analyste indépendant Michael Horowitz, cité par l’AFP, Israël pourrait « espérer à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le Sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain » en défendant la minorité.
Israël avait donc menacé d’agir « avec force » si Damas ne protégeait pas sa communauté druze. « C’est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces syriennes soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze », ont affirmé le Premier ministre Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Israël Katz, après le bombardement près du Palais présidentiel.
Pourquoi les Druzes sont-ils menacés ?
Les combats dans le Sud ont été déclenchés en début de semaine par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir syrien à Jaramana, après la diffusion d’un message audio (qui n’a pas encore pu être authentifié) jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mahomet et attribué à un Druze. Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, a dénoncé une « campagne génocidaire » visant des « civils » de sa communauté.
En mars derniers, une autre minorité régionale avait été victime de persécution de la part du régime syrien : les Alaouites, une communauté dérivée de l’islam chiite dont était issu le président déchu, dans l’Ouest. Des massacres, qui résonnent aujourd’hui, avaient alors fait plus de 1 700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, et avaient pris fin grâce à des accords entre Druzes et Damas. Cette fois, les autorités syriennes ont réaffirmé ces derniers leur « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté Druze », mettant en cause des milices qui auraient échappé à leur contrôle.
Le soutien d’Israël ne fait pas l’unanimité
Mais l’aide non sollicitée d’Israël ne fait pas l’unanimité dans la communauté druze. Dans ce contexte, Ahmed al-Charaa a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à « refuser l’ingérence d’Israël ». Depuis la chute de Bachar el-Assad, les relations druzes s’étaient améliorées avec le pouvoir en place. Des négociations avaient même débuté pour intégrer des combattants de la minorité aux forces de sécurité du pays. Près de 900 combattants druzes auraient ainsi rejoint les forces du ministère de la Défense et de la Sécurité générale.
L’intervention d’Israël, que la présidence syrienne a qualifié de « dangereuse escalade », a aussi été condamnée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. « La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales », a de son côté mis en garde l’Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer « la protection de la population civile » et « tous les acteurs » à « la plus grande retenue ».
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Publish date : 2025-05-03 09:20:00
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