Quels sont les périls qui attendent le monde dans un futur proche ? Comme tous les ans, les services de renseignement américains ont décortiqué les menaces représentées par les principaux pays et acteurs non étatiques hostiles aux Etats-Unis et à l’Occident. Bouclé en mars, quelques semaines après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, leur rapport, qui sortira en version française aux éditions des Equateurs (Le Monde à venir vu par la CIA, à paraître le 28 mai) et dont L’Express révèle des extraits en avant-première, ouvre le second mandat du milliardaire, et porte déjà sa marque. D’autant que le président américain a placé à la tête de la CIA et du FBI des personnes choisies pour leur loyauté et leur alignement idéologique.
Ce document n’en est pas moins précieux pour comprendre les priorités des Etats-Unis à l’international, dans un moment de grande volatilité et d’incertitude, alors que deux conflits majeurs sont en cours, en Ukraine et au Moyen-Orient, et que le rapprochement entre des puissances anti-occidentales s’accélère. Après la Chine et la Russie dans l’épisode précédent, focus sur l’Iran et la Corée du Nord.
PARTIE 1 – EXCLUSIF. Poutine et la menace nucléaire, les ambitions de Xi Jinping : le rapport alarmant de la CIA
L’Iran : encore un fort pouvoir de nuisance
Même si Téhéran continuera d’essayer de renforcer son influence régionale, « les tensions avec Israël mettent sérieusement à l’épreuve les ambitions et les capacités de l’Iran », résument les services américains. Cependant, et bien que la chute du régime d’Assad en Syrie, un allié clé de Téhéran, soit un « coup dur », ses mandataires de « l’Axe de la résistance » représentent toujours « un large éventail de menaces ».
Des capacités militaires qui restent dangereuses
« Les capacités conventionnelles et non conventionnelles de l’Iran constitueront une menace pour les forces américaines et leurs partenaires dans la région, malgré la dégradation de ses mandataires et de ses défenses aériennes au cours du conflit de Gaza. Les importantes forces conventionnelles de l’Iran sont capables d’infliger des dommages substantiels à un attaquant, en exécutant des frappes régionales, et en perturbant le transport maritime, en particulier l’approvisionnement en énergie, par le détroit d’Ormuz.
Des partenaires affaiblis mais actifs
Même sous une forme dégradée, le Hamas continue de représenter une menace pour la sécurité d’Israël. Le groupe conserve des milliers de combattants et une grande partie de son infrastructure souterraine, et a probablement utilisé le cessez-le-feu pour renforcer et réapprovisionner ses stocks militaires et de munitions afin de pouvoir reprendre le combat. Le Hamas est capable de reprendre une résistance de guérilla de faible niveau et de rester l’action politique dominante à Gaza dans un avenir prévisible. Les faibles attentes de toutes les parties quant à la durabilité du cessez-le-feu et l’absence d’un plan politique et de reconstruction crédible après les combats laissent présager des années d’instabilité.
Bien qu’affaibli, le Hezbollah conserve la capacité de prendre pour cible des personnes et des intérêts américains dans la région, dans le monde entier et, dans une moindre mesure, aux Etats-Unis.
La bombe nucléaire toujours sur pause
Nous continuons d’estimer que l’Iran ne fabrique pas d’armes nucléaires et que [le guide suprême Ali] Khamenei n’a pas réautorisé le programme nucléaire militaire qu’il avait suspendu en 2003, bien que des pressions se soient probablement exercées sur lui pour qu’il le fasse. Au cours de l’année écoulée, on a assisté à l’érosion d’un tabou vieux de plusieurs décennies sur la discussion des armes nucléaires en public, ce qui a enhardi les partisans de l’armement nucléaire au sein de l’appareil décisionnel iranien.
Khamenei reste le décideur final du programme nucléaire iranien, y compris de toute décision de développer des armes nucléaires. L’Iran a très probablement l’intention de poursuivre la recherche et le développement d’agents chimiques et biologiques à des fins offensives. »
La Corée du Nord : un dictateur de moins en moins isolé
Depuis la dernière rencontre, très médiatisée, en 2019, entre Donald Trump et Kim Jong-un, Washington et Pyongyang ne se parlent plus. Mais pendant ce temps-là, le dictateur nord-coréen s’est rapproché de Moscou et il est désormais plus dangereux que jamais. »Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un continuera à se doter de capacités militaires stratégiques et conventionnelles qui ciblent les Etats-Unis, menacent les forces armées et les citoyens américains et alliés, et permettent à Kim de saper la puissance américaine et de remodeler l’environnement de sécurité régional en sa faveur », souligne le rapport.
Une coopération avec Moscou inquiétante
Le partenariat stratégique récemment cimenté entre Kim et la Russie se traduit par des avantages financiers, un soutien diplomatique et une coopération en matière de défense. Le partenariat avec Moscou contribue également à réduire la dépendance de Pyongyang à l’égard de Pékin. Le développement des capacités de la Corée du Nord en matière d’armes stratégiques et l’accès accru aux revenus permettent à Kim d’atteindre ses objectifs de longue date, à savoir obtenir l’acceptation internationale en tant que puissance nucléaire, réduire la présence militaire américaine dans la péninsule coréenne, et bloquer l’influence étrangère.
Le renforcement de l’arsenal nucléaire
Kim reste déterminé à augmenter le nombre d’ogives nucléaires de la Corée du Nord et à améliorer ses capacités en matière de missiles afin de menacer les Etats-Unis et leurs alliés et d’affaiblir la puissance américaine dans la région Asie-Pacifique, comme en témoignent le rythme des essais en vol de missiles du Nord et les déclarations publiques du régime sur ses capacités d’enrichissement de l’uranium. La Corée du Nord est probablement prête à procéder à un essai nucléaire et continue de tester en vol des missiles balistiques intercontinentaux afin que Kim puisse menacer la patrie [les Etats-Unis].
L’armée nord-coréenne représente une menace mortelle pour les forces et les citoyens américains en Corée du Sud et dans la région. […]
Kim continuera à donner la priorité aux efforts visant à construire une force de missiles plus performante (des missiles de croisière aux missiles balistiques intercontinentaux et aux engins hypersoniques) conçue pour échapper aux défenses antimissiles américaines et régionales […]
L’expérience de la guerre en Ukraine
Pyongyang est en mesure d’obtenir une expertise technique pour ses développements d’armes en échange de ses ventes de munitions à Moscou, ce qui pourrait accélérer les efforts d’essai et de déploiement de la Corée du Nord. L’expérience de la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait également aider Pyongyang à renforcer son entraînement et à devenir plus compétent sur le plan tactique.
Une accélération du cyber espionnage
La Corée du Nord finance son développement militaire – ce qui lui permet de poser de plus grands risques aux Etats-Unis – et ses initiatives économiques en volant des centaines de millions de dollars par an en cryptomonnaie aux Etats-Unis et à d’autres victimes. A l’avenir, le Nord pourrait également étendre son cyberespionnage en cours pour combler les lacunes des programmes d’armement du régime, en ciblant potentiellement les entreprises de la base industrielle de défense impliquées dans l’aérospatiale, les sous-marins ou les technologies de glissement hypersonique. »
Le Monde à venir vu par la CIA. Analyses, faits et chiffres, par le National Intelligence Council. Ed. des Equateurs, 288 p., 20 €. En librairie le 28 mars.
Les intertitres sont de la rédaction
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/exclusif-les-menaces-de-demain-selon-la-cia-kim-jong-un-plus-dangereux-que-jamais-les-menaces-de-GSWRCMT3SZGGNIQ72BS7CF5ARQ/
Author : Cyrille Pluyette
Publish date : 2025-05-22 15:30:00
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