Trois des principaux sites du programme nucléaire iranien. Les États-Unis ont mené samedi 21 juin une série de frappes les usines d’enrichissement d’uranium de Fordo et Natanz, ainsi que sur le laboratoire de recherches sur le nucléaire d’Ispahan, en Iran. Une opération qui vise à mettre à mal les ambitions atomiques de la République islamique, suspectée par les puissances occidentales de vouloir acquérir la bombe nucléaire.
Depuis le 13 juin, Israël avait déjà procédé à une série de frappes sur de nombreuses infrastructures nucléaires et militaires en Iran, mais cette intervention américaine marque une nouvelle étape dans la région. « L’Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix », a exhorté le président américain Donald Trump, dans une allocution télévisée samedi soir. « S’ils ne le font pas, les prochaines attaques seront bien plus importantes, et bien plus faciles. » Quelles sont les installations déjà ciblées par Washington lors de son attaque ?
Fordo, la mystérieuse usine d’enrichissement
Le site de Fordo, situé à 200 kilomètres au sud de Téhéran, suscite depuis de nombreuses années l’inquiétude de la communauté internationale. Cette usine d’enrichissement d’uranium, à la superficie a priori modeste, contiendrait environ 3 000 centrifugeuses. Les autorités iraniennes ont confirmé en 2009 transformer dans ce lieu l’uranium à une haute valeur enrichie, autour de 20 %. « La nation iranienne produira elle-même le combustible [nucléaire] enrichi à vingt pour cent ainsi que tout ce dont elle a besoin », déclarait à cette date le président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad. « À nos yeux, la question nucléaire est close. »
Or, depuis, l’Iran a agrandi ce site, sans communiquer précisément ses activités à l’intérieur. Les installations iraniennes sont creusées sous la roche de la montagne, à un niveau d’au moins à 80 mètres de profondeur. Si l’Iran avait accepté de suspendre l’enrichissement de l’uranium à Fordo après la signature de l’accord de Vienne (JCPoA) en 2015, le pays est finalement revenu sur cet engagement après la dénonciation du traité par Donald Trump lors de son premier mandat. « Le fait que les Iraniens aient agrandi ce site et augmenté leurs stocks d’uranium enrichi devrait nous inquiéter, car, en réalité, nous manquons de transparence sur ce qui s’y passe », soulignait en février 2024 le spécialiste en non-prolifération nucléaire Manuel Herrera, dans un podcast de l’Institut international des études stratégiques, cité par CBS News.
La découverte de traces d’uranium enrichi à plus de 80 % en 2023 avait accentué les craintes sur cette usine. Depuis le début de son attaque le 13 juin dernier, Israël avait déjà ciblé les installations de Fordo. Mais seules des bombes anti-bunker GBU-57, seulement détenues par les États-Unis, pouvaient véritablement causer des dégâts importants à l’intérieur du site. Ces derniers mois, Benyamin Netanyahou avait d’ailleurs tenté de convaincre le président américain de lui octroyer de telles munitions, indique le New York Times. Sans succès. Le milliardaire républicain s’est donc décidé à employer lui-même ces armes destructrices pour tenter de détruire les capacités iraniennes, dont les dommages subis demeurent incertains.
Natanz, le complexe au cœur du programme nucléaire iranien
La principale installation d’enrichissement d’uranium en Iran est située à Natanz, au centre du pays. Là encore, les pays occidentaux alertent sur les activités organisées dans cet immense complexe. Au sein de celui-ci, l’espace dédié à l’enrichissement du combustible est situé en sous-sol pour être davantage protégé d’éventuelles attaques aériennes. Ici, Téhéran a annoncé avoir commencé à produire en 2021 de l’uranium enrichi à 60 %. Un niveau qui s’approchait alors dangereusement du taux de 90 % nécessaire à la confection d’une bombe atomique.
Au total, plus de 10 000 centrifugeuses nécessaires à l’enrichissement de cette matière seraient présentes à Natanz. « Aujourd’hui même, nous pouvons enrichir à 90 % si nous le voulons. Mais nous l’avons déclaré dès le premier jour et nous tenons parole : nos activités nucléaires sont pacifiques, nous ne cherchons pas à obtenir la bombe atomique », déclarait en 2021 l’ex-président iranien Hassan Rohani, tout en réfutant les accusations de développement de l’arme atomique.
Avant les frappes de Washington samedi, Israël avait déjà fortement endommagé le site lors de ses précédents raids aériens. Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, avait d’ailleurs regretté ces bombardements, qualifiés de « profondément préoccupants » à cause du danger représenté par la présence d’uranium dans cette usine.
Ispahan, un laboratoire essentiel à l’enrichissement
Dernière cible visée par les États-Unis, le centre de recherches technologiques d’Ispahan avait lui aussi été visé depuis le 13 juin par les forces aériennes israéliennes. Ce laboratoire, basé dans cette grande ville du centre de l’Iran, permet entre autres de fabriquer des gaz nécessaires à l’enrichissement d’uranium dans les sites de Fordo et de Natanz.
Selon l’AFP, ce site possède aussi une capacité de production de combustible faiblement enrichi. D’après la même source, l’Iran avait entrepris il y a plus d’un an des travaux dans ce centre pour ajouter un nouveau réacteur de recherche à Ispahan. Lors de l’attaque américaine, il a été visé des missiles de croisière lancés depuis des sous-marins. « Les missiles Tomahawk ont été les derniers à être frappés sur Ispahan afin de garantir l’effet de surprise tout au long de l’opération », a précisé le chef d’état-major interarmées Dan Caine, ce dimanche 22 juin, lors d’une conférence de presse.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/fordo-natanz-ispahan-quels-sont-les-sites-touches-par-les-frappes-americaines-en-iran-MSQFR2SQ6VBM7OYSWYWKRRL644/
Author :
Publish date : 2025-06-22 15:17:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.