L’Express

Chute de la natalité en France : les pistes de l’Académie de médecine pour inverser la tendance

Chute de la natalité en France : les pistes de l’Académie de médecine pour inverser la tendance

Constatée en France depuis plusieurs années, la baisse de la natalité est loin d’être une « fatalité », a estimé ce vendredi 4 juillet l’Académie de médecine, qui émet une série de propositions afin de redonner « confiance » aux jeunes générations et d’inverser la tendance.

Depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France, à l’exception de 2021, qui a connu un léger rebond après les confinements liés au Covid-19, selon l’Insee. En 2024, 663 000 bébés ont vu le jour dans le pays, soit le plus faible nombre de naissances sur un an, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Malgré un solde naturel encore positif (ndlr : différence entre le nombre de naissances et de décès), la baisse continue de la natalité suscite tout de même « une inquiétude croissante », note le nouveau rapport de l’Académie de médecine. Cela, « tant pour l’avenir du système social que pour l’équilibre démographique du pays ».

Un environnement peu propice

La natalité, insiste l’Académie de médecine, n’est pas qu’une affaire de chiffres, mais « reflète l’état de santé global d’une société, son optimisme, sa capacité à se projeter dans l’avenir ». Or, la baisse inquiétante des naissances « traduit des arbitrages individuels dans un environnement devenu trop peu accueillant pour les projets d’enfants ». Les jeunes « questionnent davantage la parentalité, non pas par rejet, mais par prudence », estime le rapport.

Parmi les facteurs « sociétaux » qui freinent la natalité, l’institut identifie notamment le manque de modes de garde, la crise du logement ou encore les incertitudes géopolitiques et environnementales.

Elle pourrait néanmoins « rebondir » grâce à la génération nombreuse, née entre 2000 et 2010, qui sera en âge de procréer d’ici 2030-2040, indique l’Académie. Cela, si les conditions devenaient « favorables », en insistant particulièrement sur le logement, l’emploi, l’accès à la parentalité et l’égalité femmes-hommes.

Des solutions structurelles

Dans son rapport, « Natalité : comprendre le déclin, lever les freins, redonner confiance aux jeunes générations », l’institut émet une série de préconisations pour supprimer les obstacles « structurels », qui restreignent les projets d’enfants.

En premier lieu, elle recommande de réformer la politique familiale, en revalorisant les aides familiales et en créant une « prestation à l’enfant », universelle, versée dès le premier enfant.

Elle préconise aussi de réformer le congé parental pour qu’il soit plus court, mieux indemnisé, « partagé entre les deux parents et coordonné avec une solution de garde ». Une réforme directement en ligne avec celle envisagée par le gouvernement.

L’Académie de médecine insiste notamment sur le besoin d’un droit effectif à la garde d’enfant, proposant la création de 100 000 places en crèches, dans un contexte de pénurie de personnel en France. En parallèle, elle souligne donc la nécessité de « renforcer les filières de formation » et « revaloriser les salaires » dans la petite enfance, pour pallier à ces difficultés de recrutement.

L’infertilité et la mortalité infantile

La lutte contre l’infertilité et la réduction de la mortalité infantile ressortent comme deux autres priorités. Ces deux phénomènes, dont l’infertilité qui « touche environ 15 % des couples », sont parmi les raisons « médicales » qui expliquent cette tendance négative de la natalité.

Pour contrer l’infertilité, l’Académie de médecine appelle alors à améliorer la prévention, les délais de prise en charge, l’accès à la PMA et à l’autoconservation ovocytaire, sur tout le territoire. Quant à la mortalité néonatale, le rapport suggère de renforcer les maternités de niveau 2 et 3, mutualiser les moyens et créer un registre national de la périnatalité.

Redonner « confiance » aux jeunes

Au-delà de ces préconisations pratiques, l’Académie invite à prendre en compte « les préoccupations écologiques et sociales » pour accompagner « les jeunes dans leur projet de parentalité, même en période d’incertitude ».

Face à une situation qui « n’est pas irréversible », aux yeux de l’institut, il s’agit de redonner « confiance à toute une génération » avec une « vision cohérente, intergénérationnelle et transversale ». Ainsi, la « baisse de la natalité n’est pas une fatalité », conclut le rapport. A noter que les démographes soulignent que les incitations monétaires et fiscales sont habituellement peu efficaces pour faire évoluer la natalité. En revanche, les mesures permettant de mieux concilier vie professionnelle et familiale peuvent avoir un impact, toutefois difficile à évaluer.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/chute-de-la-natalite-en-france-les-pistes-de-lacademie-de-medecine-pour-inverser-la-tendance-FZ7D56UWSFFJPE4TE75MJUZLHA/

Author :

Publish date : 2025-07-04 14:51:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express