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Droits de douane : le premier butin de la guerre commerciale de Donald Trump

Droits de douane : le premier butin de la guerre commerciale de Donald Trump

Tout a commencé par un rapport du Trésor américain publié vendredi. Parmi les différentes données communiquées, une n’a pas manqué de faire réagir : celle sur les revenus issus des surtaxes douanières mises en place par Donald Trump. A en croire le document, ces nouveaux droits de douane ont rapporté des recettes record à l’Etat américain. Au deuxième trimestre 2025, les revenus issus des droits de douane s’élevaient ainsi à 64 milliards de dollars aux Etats-Unis, soit 47 milliards de plus que l’an dernier à la même période. Le tout, à moindre coût, puisque la plupart des pays visés n’ont pas osé riposter… alors que la plupart des économies sont beaucoup plus dépendantes des exportations vers les Etats-Unis que l’inverse.

Pas de riposte de la plupart des partenaires commerciaux

Pour le Mexique, auquel Donald Trump a imposé des surtaxes de 30 %, l’option de la confrontation a vite été écartée, au profit d’une négociation avec Donald Trump. Et pour cause : l’économie mexicaine est très dépendante des Etats-Unis pour ses exportations, alors que l’inverse n’est pas vrai. Si les trois-quarts des exportations mexicaines sont ainsi effectuées en direction des Etats-Unis, le Mexique ne compte à l’inverse que pour 15 % des exportations américaines, selon les données de la Base pour l’Analyse du Commerce International (BACI).

De leur côté, les Européens ont choisi de s’en remettre au calendrier fixé par Donald Trump et reporté à de multiples reprises. Ils doivent encore attendre jusqu’au 1er août pour connaître le sort qui leur sera réservé. Une chose est pourtant frappante : plusieurs paramètres freinent les velléités de riposte des pays visés par les droits de douane américains. Si certains économistes pensent que les dirigeants ont pu tirer les leçons de l’histoire et de la grande récession entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, d’autres soulignent des craintes inflationnistes, et surtout une peur de compromettre les garanties de sécurité américaines en Europe.

De hauts responsables américains, dont Scott Bessent, auraient même agi en coulisses auprès de diplomates européens, pour appeler à la prudence. Message qui semble avoir été entendu à Bruxelles. Mardi 15 juillet, alors qu’elle publiait une liste d’entreprises qui seraient ciblées en cas de surtaxes majeures annoncées le 1er août, la Commission Européenne a bien veillé à ne pas laisser apparents les montants associés, manière, dit-on à Bruxelles, de ne pas trop irriter Donald Trump.

Une réponse mesurée de la Chine et du Canada

A ce stade, seuls la Chine et le Canada ont appliqué des mesures de rétorsion, en imposant notamment des taxes de 50 % sur l’acier et l’aluminium et de 25 % sur les automobiles. Mais pour autant, la Chine a seulement vu ses recettes douanières augmenter de 1,9 % après la mise en place des surtaxes, bien loin de la hausse de 276 % enregistrée par les Etats-Unis, explique le Financial Times. Le Canada, de son côté, n’a pas encore publié ses données pour le second trimestre, mais son premier ministre Mark Carney a vite compris qu’il ne pourrait pas tenir toutes les promesses faites lors de sa campagne électorale. Etant plus dépendant du commerce américain que l’inverse, il n’a pas suivi la décision prise le mois dernier par Donald Trump de doubler les droits de douane sur l’acier pour les porter à 50 %, et a fini par abandonner la taxe sur les services numériques sous la pression des Etats-Unis.

Mais si l’économie américaine semble être gagnante avec ces surtaxes, lesquelles ont atteint un niveau jamais enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale, celles-ci ne permettront toutefois pas de résorber le déficit public américain, comme l’a laissé entendre à plusieurs reprises Donald Trump. Et même si le président américain assure que la « big money » commencera à couler à flot à partir de l’instauration généralisée de droits de douane le 1er août prochain, de nombreux économistes mettent en garde sur les ordres de grandeur. Cités dans le Wall Street Journal, plusieurs d’entre eux rappellent que les recettes générées par les droits de douane ne sont pas du tout de nature à ramener le budget fédéral à l’équilibre, et encore moins à effacer la dette américaine, alors que le déficit public ne cesse de se creuser.

Du côté des consommateurs américains en revanche, l’impact de ces surtaxes se fait déjà bel et bien sentir. Et selon les experts de la chaîne d’approvisionnement, il pourrait ne pas tarder à se faire sentir aussi outre-Atlantique, alors que les marques internationales cherchent déjà des solutions pour répartir l’impact de l’augmentation des coûts à l’échelle mondiale.



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Publish date : 2025-07-16 18:37:00

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